Le dynamisme de Chengdu s’incarne dans la popularité du skateboard dans les espaces publics. (PHOTO : HAN JIE)
Chengdu est une ville friande de nouveautés. Les sports de plein air et urbains prennent un essor considérable. Camping, cyclisme, course à pied, surf sur terre, parapente, escalade... la pratique sportive à tout âge illustre une vitalité impressionnante qui imprègne la ville.
Une nouvelle expérience
En 2022, à l’âge de 68 ans, Liang Yuxiang a succombé à une passion inattendue. Sous un soleil de plomb, il s’est aventuré sur une planche de surfskate, empruntée à sa petite-fille. Dès lors, ses entraînements se sont souvent prolongés pendant des heures. Qu’il s’agisse de simples poussées, de virages serrés, de grands virages, chaque exercice mettait à rude épreuve son agilité et son équilibre. Entre défis et excitations, il se surpassait, son sang bouillonnait d’une ardeur juvénile retrouvée.
Aujourd’hui, il publie sur Internet ses vidéos de surf sur terre. Ses mouvements fluides et gracieux, qui rivalisent avec l’élégance d’un danseur, font sensation sur les réseaux sociaux. Ses vidéos suscitent beaucoup de commentaires de jeunes gens. Certains lui demandent conseil, d’autres partagent leurs propres expériences : « En voyant vos vidéos, je n’hésite plus, je vais prendre mon courage à deux mains. »
Dans les rues de Chengdu, le skateboard n’est plus un symbole de coolitude bling-bling réservé aux jeunes. Au sein d’un large éventail de tranches d’âge, le surfskate, une variante du skateboard classique aux extrémités relevées, se popularise. Parmi les riders côtoyés par M. Liang, on peut trouver des adolescents, mais aussi des septuagénaires, prouvant que le sport n’a plus d’âge.
« Ce qui m’intéresse le plus dans ce sport, c’est que je puise de la force dans mes progrès quotidiens, l’adversaire, c’est moi-même », confie M. Liang. Son mentor, Chu Ran, dans la vingtaine, abonde dans le même sens. Il est entré en contact avec le skateboard il y a six ans. Ce sport, procurant liberté et vibration, lui a permis d’atténuer drastiquement son stress préalable au concours d’admission aux études de master. Par pure passion, le jeune homme a eu l’idée de transmettre la joie du skateboard à travers l’enseignement. Parmi ses élèves qui se sont ressourcés grâce à cette pratique sportive, on peut citer une fille porteuse de prothèse de jambe qui a retrouvé courage et confiance en elle, ou une jeune maman qui a surmonté sa dépression postnatale.
Selon Chu Ran, Chengdu se classe désormais sans conteste parmi les villes de skateboard de premier plan. Cette ville-parc avec un cadre naturel unique est aujourd’hui équipée de nombreux skateparks multifonctionnels, permettant aux amateurs de profiter de leur passion à proximité de leur domicile. L’année dernière, Chu Ran a lancé plusieurs marathons de skateboard. Les silhouettes des hommes, femmes, vieillards et enfants glissant sur la sinueuse voie verte, profitant de la liberté qu’offre le vent, se sont inscrites dans la mémoire sportive de la ville.
Course à pied nocturne organisée par Liu Saisai et ses collègues à Chengdu (PHOTO : HAN JIE)
Se surpasser
Liu Saisai, une quinquagénaire, a adopté le jogging comme mode de vie depuis neuf ans. Le lac Qinglong, proche de chez elle, est un endroit idéal pour elle et ses amis coureurs. À sept heures du matin le week-end, des centaines de coureurs s’échauffent avec entrain sur les rives du lac. Mme Liu aime la forme irrégulière du contour du lac et ses sentiers sinueux. « Quand une masse de fleurs de cerisier au milieu de la verdure apaisante vous surprend, vous réalisez à quel point cette beauté printanière est bouleversante. »
Son entraîneuse, Xiao Mengping, est une icône dans le cercle des amateurs de course à pied à Chengdu, connue pour avoir parcouru plusieurs dizaines de marathons, notamment à Berlin, Londres et Beijing. Impressionnée par cette coureuse aguerrie, la disciple l’a suivie pour la première fois sur 5 km en 2015. Depuis lors, sa performance s’est inscrite dans un processus d’amélioration continue. À ce jour, elle a terminé 15 marathons, à Prague, Tokyo, Chengdu, Xiamen, entre autres, et son record personnel est passé sous la barre des quatre heures. En arpentant le monde à pied et en se surpassant, elle se sent rajeunie : « Le sport permet de ralentir le vieillissement et de briser les contraintes d’âge. »
Plutôt que de faire cavalier seul, Mme Liu préfère l’atmosphère de la course d’équipe, caractérisée par des encouragements mutuels. En 2020, elle a créé avec trois collègues de travail un groupe de course, qui s’est élargi à environ 200 membres aujourd’hui. « Tous les employés de l’entreprise peuvent courir un 3 km, c’est plutôt cool, non ? » Dans une ville en pleine mutation comme Chengdu, la course à pied, constate-t-elle, est passée discrètement d’un « dénominateur commun des personnes d’âge moyen » à un sport populaire à tout âge ces dernières années. « Auparavant, je prenais souvent la fuite en avant, ce n’est plus le cas maintenant, confie-t-elle, j’ai fait des progrès rapides dans mes aptitudes d’organisation, de management et de communication. La course ne vous donnera pas la réponse, mais le courage d’affronter le problème, et elle vous fait aimer davantage la vie. »
Les jeunes ont leur propre espace de skateboard à Chengdu. (PHOTO : HAN JIE)
Une vie éclectique
Liang Yuxiang n’est pas qu’un rider chevronné. Pour ceux qui le connaissent bien, il est tout simplement infatigable. Son entraînement au surfskate a un objectif précis : revenir sur les pistes du Rallye Dakar. Dans le monde des courses de rallye tout-terrain, il s’est depuis longtemps fait un nom. En 2019, à l’âge de 65 ans, il a participé au Dakar à Lima, au Pérou, et détient toujours le titre du plus vieux finisseur chinois de cette course. Grâce au sport, il explore sans cesse les limites de son potentiel et contemple l’étendue des possibilités. En changeant leurs routines, en sortant de l’ornière, en osant rêver, en déconstruisant les préjugés sur l’âge, en s’en donnant à cœur joie, les Chengdunais comme Liang Yuxiang incarnent la vitalité intemporelle de la ville de Chengdu.
À l’âge de 25 ans, Li Changchen a décidé de dire adieu à son travail aux horaires fixes de 9h à 17h, souhaitant trouver un peu de fraîcheur dans les sports de plein air. Aujourd’hui, il est engagé dans la conception créative de terrains sportifs. L’effet stimulant de l’exercice physique sur la créativité et la cognition se fait chaque jour plus manifeste. « Le sport vous permet de vivre de nouvelles expériences et de toucher à l’inconnu, ce qui vous inspire de nouvelles idées », affirme-t-il. En dehors de son travail, il profite d’une vie épanouie entre art et sport, entre autres activités, il a donné une conférence sur la photographie de sport et organisé un festival de rock sur pelouse. Pour lui, Chengdu est une ville très imaginative qui offre une myriade de possibilités aux novateurs : « On n’est pas fixé sur une piste, développez vos idées et osez les réaliser. »
*LI SHANSHAN est journaliste à Chengdu Culture.