​Commentaire : Le scandale de falsification dans les entreprises automobiles ternit l’image de Made in Japan
CGTN Radio Français 2024-06-07 15:35:40

Dans la matinée du 6 juin, plusieurs chaînes de télévision japonaises ont diffusé cette image : un certain nombre d'employés du gouvernement japonais à l'air sérieux se sont rendus au siège de Suzuki pour inspecter ce géant de l'automobile, suite aux soupçons de falsification qui pèsent sur certaines industries automobiles japonaises.

Il y a quelques jours, cinq entreprises automobiles japonaises, dont Suzuki, ont été impliquées dans la falsification des données relatives aux tests de sécurité, ce qui a suscité une grande inquiétude dans tous les milieux. Le secrétaire général du cabinet japonais, Yoshimasa Hayashi, a admis que cet incident avait non seulement ébranlé les fondements du système japonais de certification automobile, mais aussi sapé la crédibilité de l'industrie automobile japonaise. Certaines analyses soulignent que l'industrie automobile est le pilier de l'industrie manufacturière japonaise et que l'impact ultérieur du scandale pourrait être plus important.

Le scandale des constructeurs automobiles japonais a été révélé par une mystérieuse lettre de dénonciation datant d'avril 2023. Un employé de la Daihatsu Motor Company a soumis au ministère japonais des Transports des informations sur la falsification de l'entreprise. Selon ces informations, Daihatsu avait falsifié des données de tests lors de tests de collision sur les modèles concernés, avant de les soumettre à l'autorité de régulation. En décembre de l'année dernière, le gouvernement japonais a annoncé les résultats de son enquête, affirmant que l'histoire de Daihatsu en matière de falsification des données remontait à la fin des années 1980. Autrement dit, la falsification de Daihatsu dure depuis plus de 30 ans.

À la fin du mois de mai de cette année, après une enquête plus approfondie, le ministère japonais des Transports a découvert que l'incident Daihatsu n'était que la partie émergée de l'iceberg en termes de falsification des données par les constructeurs automobiles japonais. La falsification concerne également Toyota, Honda, Mazda, Yamaha, Suzuki, cinq grands constructeurs automobiles japonais, avec leurs 38 modèles de voiture, dont six sont encore sur le marché. Les données falsifiées concernaient la sécurité des piétons, les collisions, les airbags, le bruit et les émissions de gaz.

En conséquence, les constructeurs automobiles japonais impliqués dans l'incident ont présenté leurs excuses, affirmant que la sécurité des produits concernés ne posait "aucun problème" et qu'ils allaient prendre des mesures correctives. Cependant, le scandale des grands constructeurs automobiles a profondément choqué la société japonaise. De nombreux Japonais ont déclaré qu'il était difficile de regagner la confiance du marché en présentant des excuses.

"Le Made in Japan est-il encore digne de confiance ?" Le quotidien japonais Mainichi Shimbun s’est interrogé sur cette question le 5 juin dernier. Selon le quotidien, au cours des dernières années, l'industrie automobile japonaise a connu presque chaque année des scandales de falsification, et les causes sont presque les mêmes : la direction, afin de raccourcir le cycle de recherche et de développement, cherchant des intérêts à court terme, a émis des indicateurs de tâches déraisonnables, forçant le personnel de première ligne à prendre des mesures désespérées. Le président de Toyota Motor Corporation, Toyoda Akio, a également avoué, lors d'une conférence de presse tenue le 3 juin dernier, que le cycle et les procédures de production de l'entreprise sont longs et complexes, de sorte que personne ne peut maîtriser l'ensemble du processus, ce qui peut être la cause de la falsification.

En fait, la falsification des entreprises japonaises n'est pas un événement accidentel et ne se limite pas à l'industrie automobile. Une enquête menée en octobre 2023 par une société japonaise d'analyse de données a révélé que 25 % des entreprises japonaises s'étaient engagées dans des comportements répréhensibles tels que le détournement de fonds publics, la tricherie et les violations de la réglementation au cours des cinq dernières années, et que 32,7 % de ces violations concernaient la qualité des produits.

Le Made in Japan était autrefois réputé pour son "esprit d’artisan". Aujourd'hui, une série de scandales a fait perdre son éclat à cette enseigne dorée. Les raisons en sont multiples.

Au cours des dernières décennies, le secteur manufacturier japonais a accompli des progrès remarquables, mais cela a également entraîné un manque de prise de conscience de la crise chez certaines entreprises, qui se sont complues dans le statu quo et ne sont pas disposées à mettre en œuvre les innovations et les réformes nécessaires. Une telle attitude stagnante rend les entreprises lentes à réagir aux nouvelles technologies et aux nouveaux marchés. L'ancien gouverneur de Tokyo, Yoichi Masuzoe, a déploré un jour que l'industrie automobile mondiale évolue vers l'électrification et l'intelligence, mais que les Japonais continuent de conduire des véhicules à carburant, et sont laissés loin derrière par la Chine.

En outre, cette situation est liée à la rigidité du système interne et à l'échec de la gouvernance des entreprises japonaises. Les employés sont convaincus qu'ils ne doivent jamais remettre en question le patron ; les mécanismes de contrôle du conseil d'administration sont faibles ; et la véracité des informations divulguées au public par l'entreprise ne peut être garantie. De plus, les autorités de régulation japonaises ont des lacunes dans l'établissement des normes, la supervision et l'inspection, ainsi que dans les mécanismes de sanction, ce qui permet à certaines entreprises d'échapper facilement à la supervision et aux sanctions.

La falsification fréquente des données par des entreprises a causé de multiples préjudices au Japon. Non seulement l'image de Made in Japan est détruite, mais la croissance économique du Japon sera également ralentie. Le gouvernement japonais et les entreprises du pays doivent mener une réflexion approfondie et une réforme globale. Comme l'a souligné le New York Times, le peuple japonais et les consommateurs du monde entier attendent une solution complète au problème.

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