Les scènes naturelles dans les montagnes Qinling au moment de la petite plénitude qui tombe cette année au 20 mai (Vidéo fourni à CGTN Radio Français)

« Ma maison se trouve au milieu des montagnes Qinling, de l'autre côté de cette grande poutre, sur les rives de la rivière Xishui. J’ai grandi dans les montagnes... Je suis donc un enfant des montagnes », relate Xiang Dingqian, garde forestier à la Réserve natutelle Changqing (province du Shaanxi).

Située sur le versant sud de la partie moyenne des monts Qinling, la réserve naturelle nationale de Changqing se trouve dans la zone de transition où se rencontrent le climat du nord et du sud de la Chine. Le taux de couverture forestière s’y élève à plus de 90 %, dont la superficie des forêts de bambou dépasse 21,36 hectares, ce qui fait de la réserve un « abri naturel » des pandas résidant à Qinling.

En 1989, à l’âge de 19 ans, Xiang Dingqian travaillait comme assistant pour Pan Wenshi et Lyu Zhi, deux chercheurs à l'Université de Pékin, venus à Qinling pour effectuer des recherches de terrain concernant les pandas géants.

« Pendant six ou sept ans, je les suivais. Les conditions dans la nature étaient mauvaises, il n'y avait pas d'électricité. On était obligé de transporter de l’eau sur les berges des rivières, cette période de vie m’a beaucoup enrichi », a-t-il expliqué en se rappelant ses premiers jours liés à la conservation écologique.

Le garde forestier est un métier qui se trouve toujours en première ligne de la protection de la faune et de la flore sauvages. Un coupe-coupe dans la main pour s’ouvrir le chemin, des équipements photographiques dans le sac pour filmer la faune et la flore, ainsi commence une journée de travail typique de Xiang Dingqian.  Depuis plus de trente ans, il effectue des patrouilles de terrain, des contrôles et des recherches, toujours avec des regards attentifs et un coeur admiratif de l’évolution de la nature en quatre saisons. En mars 2008, après des décennies d'observation et de suivi approfondis des pandas sauvages dans les montagnes Qinling, il a pris la première photographie au monde de pandas géants sauvages en train de s'accoupler dans un arbre.

« Peu à peu, j'ai retrouvé un lien avec la nature, c'est-à-dire la photographie. Je m’en sers pour rendre la vie plus heureuse », indique-t-il. « Beaucoup de gardes trouvent que la patrouille est une tâche pénible et préfèrent rester au bureau. Mais moi, j’aime bien porter mes équipements de photographie et marcher lentement dans la réserve quand il neige. C’est ainsi qu’un animal peut entrer dans votre champ de vision au cours d’une rencontre inattendue. Je la trouve si belle », raconte Xiang Dingqian.

Xiang Dingqian avec un panda géant sauvage (Photo fournie à CGTN Radio Français)

Depuis 2018, Xiang Dingqian enregistre continuellement les phénomènes naturels à caractère saisonnier par photos et vidéos et partage les « Notes de montagnes » avec le public sur Internet. Tout en suivant les 24 périodes de l’année du calendrier lunaire chinois, il photographie les faisans dorés qui se promènent à l’aise, l’ibis nippon qui nourrit ses enfants, les feuilles mortes et les fruits mûrs de l’automne, il capture également dans le plan de la caméra les gardes forestiers qui patrouillent les montagnes enneigées ou les sons des ruisseaux qui coulent.

« Au début de l’été, les fleurs de Paulownia s’épanouissent, l’Aethopyga vient et aspire le nectar. Le 20 mai marque la petite plénitude, les oiseaux immigrant du sud au nord prennent l’escale à Qinling pour se reconstituer, j’enregistre ces scènes représentatives », fait-il savoir. Les captures photographiques de Xiang Dingqian montrent les résultats en protection de la biodiversité dans les montagnes de Qinling. Il souhaite également de présenter, par ces scènes de la nature, l’évolution des quatre saisons et de guider ceux qui les regardent dans un voyage à travers le temps.

« Je suis comme un écolier qui fait ses devoirs, puisque je dois finir un épisode chaque quinze jours, c'est-à-dire que vous pensez toujours que ce travail qui vous laisse vivre très heureux », laisse entendre Xiang Dingqian en décrivant les sentiments de créer les « Notes de montagnes ».

« En fait, ce que je trouve le plus beau, c'est un animal qui se trouve derrière les végétations à moitié couverte, par exemple un Muntjac se dissimule dans la forêt dense de bambous. Ou bien on défocalise le premier plan et l'animal qui se trouve derrière s’avère clair, comme ses yeux ou des parties importantes de son corps, de sorte que la photo obtient une âme », explique Xiang Dingqian en parlant de la meilleure façon de faire la photographie écologique.

Dans les années 80 où Xiang Dingqian se lançait dans la protection écologique, l'économie dans les montagnes était relativement sous-développée, « les gens pensaient encore à aller chercher du bois dans les montagnes, à essayer d'obtenir (de façon illégale) un animal à vendre pour un peu d'argent, et tout le monde vivait alors dans un état de pauvreté. » L’une des principales tâches des gardes forestiers était à cette époque-là autour de la prévention et de l’interdiction du braconnage et du bûcheronnage illégaux.

Grâce à la législation et de diverses mesures de contrôle, la conservation des réserves naturelles connaissent un développement considérable en Chine depuis 1990. La Réserve naturelle Changqing a été inscrite à deux reprises sur la liste verte de l’Union mondiale pour la nature (UICN) en 2014 et en 2022. Récemment, compilant les données capturées par la caméra infrarouge sur le panda géant et l'habitat du printemps 2024, le personnel de la réserve Changqing a trouvé des images animées d'un panda géant brun adulte en bonne santé. « Il s’agit de la 11e fois que les traces du panda géant brun ont été détectées dans les montagnes Qinling », affirme Xiang Dingqian. Une nouvelle preuve du bon écosystème de la région Qinling.

Le métier de garde forestier traverse aussi une transformation, « Autrefois, il fallait mesurer les montagnes sur deux pattes pour y déceler des traces de vandalisme.  Mais aujourd'hui, il est temps de changer complètement d'état d'esprit. » Guide d’éducation de la nature, Xiang Dingqian trouve une nouvelle valeur de soi-même : « J’aimerais transmettre les connnaissances sur la nature ainsi que nos sentiments à la jeune génération, pour qu’elle puisse prêter plus d’attention sur l’environnement et la réserve naturelle », confie-t-il.