​Quel est l’objectif des visites fréquentes de hauts fonctionnaires américains dans le Pacifique Sud?
CGTN Radio Français 2023-08-01 12:04:54

Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a participé, le 26 juillet dernier, à l'ouverture de la nouvelle ambassade des États-Unis aux îles Tonga. C'était la première fois que les États-Unis ouvraient leur ambassade après l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays il y a 51 ans. Le même jour, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, s'est rendu en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ils se retrouveront ensuite en Australie pour les pourparlers annuelles "2+2" avec la partie australienne.

En fait, ces voyages sont les visites parallèles de deux hauts fonctionnaires des États-Unis dans les pays du Pacifique Sud, mais dans une certaine mesure, il s'agit également de la poursuite de l'action des États-Unis visant à renforcer leur influence dans le Pacifique Sud. Au cours des deux dernières années, sous l'impulsion de la "stratégie indo-pacifique", les États-Unis ont réalisé une "avancée" à grande échelle dans la région du Pacifique Sud.

En 2023, les États-Unis ont rouvert leur ambassade aux îles Salomon, fermée il y a 30 ans. En parallèle, les États-Unis négocient le renouvellement du "pacte de libre association" avec trois pays du Pacifique Sud, à savoir les États fédérés de Micronésie, les Palaos et les îles Marshall et leur promettent une aide de 7,1 milliards de dollars américains sur 20 ans. En outre, l’administration Biden a invité, en septembre dernier, les dirigeants des îles du Pacifique à Washington pour le premier sommet États-Unis-Pays insulaires du Pacifique.

Ce comportement aussi acharné était inimaginable il y a quelques décennies. Après la Seconde Guerre mondiale, la région du Pacifique Sud devenait un terrain d'essai d'armes nucléaires et une décharge de déchets nucléaires des États-Unis, ce qui portait gravement atteinte à la vie et à la santé des populations locales ainsi qu'à l'environnement écologique. Après la fin de la guerre froide, les États-Unis estimaient que la région du Pacifique Sud avait perdu sa valeur stratégique, commençaient à réduire considérablement leur aide économique, fermaient leurs ambassades et retiraient leurs volontaires. Les relations entre les États-Unis et les pays du Pacifique Sud devenaient alors "dormantes".

Quand la situation a-t-elle commencé à changer? Depuis une dizaine d'années, la Chine a mené une coopération mutuellement bénéfique avec les pays insulaires du Pacifique sur la base du respect mutuel, ce qui a été salué par les gouvernements et les peuples de ces pays. Dans le cas des îles Salomon, par exemple, depuis l'établissement des relations diplomatiques en 2019, les deux pays ont connu un développement dynamique de la coopération mutuellement bénéfique. En 2022, le commerce bilatéral entre les deux pays a atteint 498 millions de dollars américains. Actuellement, les exportations vers la Chine représentent les deux tiers des exportations totales des îles Salomon.

La coopération gagnant-gagnant entre la Chine et les pays insulaires du Pacifique Sud a apporté des avantages tangibles aux populations locales, mais elle a suscité l'inquiétude stratégique des États-Unis. Dans l'optique d'un jeu à somme nulle, les États-Unis ont modifié leur arrogance et leur ignorance, envoyé de manière fréquente des hauts fonctionnaires, promis des aides importantes et se sont soudainement rapprochés des pays du Pacifique Sud.

Le monde extérieur connaît très clairement quel est l'objectif réel de la série d'opérations américaines dans la région du Pacifique Sud. Le Washington Post souligne que les États-Unis renforcent leur présence dans la région du Pacifique en réponse à l'attrait croissant de la Chine. D'autres analyses ont souligné que les États-Unis veulent évincer et supprimer la présence et les intérêts de la Chine dans la région du Pacifique Sud, et entraver et saper la coopération mutuellement bénéfique entre la Chine et les pays du Pacifique Sud.

Le comportement des hauts fonctionnaires américains lors de cette visite dans le Pacifique Sud semble confirmer ce jugement. M. Blinken s'est entretenu avec le Premier ministre des Tonga, Siaosi Sovaleni. Lors d'une conférence de presse conjointe, il a de nouveau mentionné la Chine, affirmant que "certains comportements sont de plus en plus problématiques" alors que l'implication de la Chine dans la région Asie-Pacifique ne cesse de croître. M. Sowaleni a ensuite déclaré que les relations entre les Tonga et la Chine étaient actuellement axées sur les questions de développement, telles que les infrastructures, et qu'il ne s'inquiétait pas des relations entre les Tonga et la Chine.

La visite du chef du Pentagone, M. Austin, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, est axée sur le renforcement et l'approfondissement de la coopération en matière de défense. Les États-Unis disposent actuellement d'une base militaire sur l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les États-Unis souhaitent renouveler le pacte de liberté d'association afin de garantir leurs privilèges militaires dans les pays concernés du Pacifique Sud. Certains analystes estiment que les États-Unis militarisent la région du Pacifique Sud et veulent faire des pays insulaires du Pacifique Sud un pivot stratégique dans l'hémisphère sud pour freiner la Chine.

Pour les pays insulaires du Pacifique, la menace la plus réaliste à laquelle ils sont confrontés est la crise existentielle provoquée par le changement climatique et le faible niveau de vie de leur population en raison du retard de développement. Ils ne veulent tout simplement pas être transformés en pions américains en faveur de la compétition géopolitique. En septembre de l'année dernière, la Maison Blanche a promis qu'elle fournirait plus de 810 millions de dollars d'aide supplémentaire aux pays insulaires du Pacifique, mais le monde extérieur ne sait pas exactement quel montant d'aide a été réellement mis en œuvre. Certaines études ont souligné que la soi-disant "assistance" fournie par les États-Unis et les pays occidentaux aux pays du Pacifique Sud est essentiellement utilisée pour le "renforcement des institutions", c'est-à-dire la transplantation et l'imposition des systèmes politiques occidentaux dans la région. Cette assistance sert les objectifs stratégiques des États-Unis et de l'Occident et manque totalement de sincérité dans la promotion du développement économique local et l'amélioration du bien-être de la population.

L'océan Pacifique est un océan de paix et de coopération. La Chine salue tous les efforts profitant au développement des pays du Pacifique Sud. Cependant, la soi-disant "stratégie indo-pacifique", propagée par les États-Unis, a imprégné le bel océan Pacifique d'une odeur de poudre à canon. Les États-Unis ont inventé la "théorie de la menace chinoise" pour tenter de forcer les pays du Pacifique Sud à agir conformément à leurs propres intentions stratégiques, mais ils ont sous-estimé la détermination de ces pays à insister sur un développement indépendant. Comme l'a dit le Premier ministre des îles Salomon, Manasseh Sogavare, rien ne peut empêcher la coopération mutuellement bénéfique et amicale avec la Chine.

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