​Le Zhejiang protège ses rivières
La Chine au présent 2023-07-28 17:29:08

Parc des zones humides de la rivière Songyin (PHOTO : YU XIANGJUN)

Tôt le matin, dès que Hong Guoguang se lève, il se rend au bord de la rivière près du village et vérifie s’il y a des rejets d’eaux usées, des ordures sur la rive, ou des objets qui flottent à la surface de l’eau. Il est secrétaire de la cellule du Parti pour le village de Huangfangkou, relevant du bourg de Jizhai, dans le district de Qingtian, à Lishui (Zhejiang). Il est également « chef de rivière » au niveau du village. Aujourd’hui, il effectue sa patrouille de routine décadaire de 5 km, une mission qu’il accomplit depuis plusieurs années.

La protection de l’écosystème des rivières et des lacs est devenue le travail quotidien de plus de 50 000 de ces chefs de rivière et chefs de lac du Zhejiang. La province a établi un tel système de supervision à cinq niveaux pour la province, la ville, le district, le bourg et le village et assure ainsi une couverture complète. Au cours de ces vingt dernières années, depuis la mise en place du projet de protection de l’environnement au niveau local dans la province, 50 000 km de rivières ont été traitées, et l’eau des rivières et des lacs est passée de « sale » à « propre », puis « belle ».

Li Chaosheng, ingénieur principal au Bureau des ressources en eau du district de Songyang (PHOTO : YU XIANGJUN)

Les efforts payants des chefs de rivière

Le bourg de Jizhai est traversé par un cours d’eau et abrite le réservoir de Jinkeng, le dotant d’abondantes ressources en eau. Cependant, les villageois élevaient de la volaille et les ordures ménagères étaient déversées sur les rives, qui étaient devenues des dépotoirs. À Huangfangkou, situé sur le cours inférieur, de nombreuses maisons ont été construites en bordure de l’eau. C’était un vrai problème. « À cette époque, presque tous les ménages du village élevaient de la volaille, et la rivière était sale et malodorante, ce qui affectait également la qualité de l’air », note Ye Xianghua, une villageoise.

En 2003, le district de Changxing à Huzhou a instauré le système de « chef de rivière », ouvrant la voie à la réforme donnant à chaque rivière son propre administrateur. En novembre 2013, ce système a été généralisé dans tout le Zhejiang. Les responsables du Parti et du gouvernement à tous les niveaux ont endossé cette fonction, chargés d’organiser et de diriger la gestion et la protection des rivières et des lacs. En 2014, le bourg de Jizhai a commencé à réhabiliter l’ensemble de son bassin fluvial. Les principaux responsables du bourg et du village ont été nommés chefs de rivière et pris l’initiative d’effectuer les opérations de dragage, de nettoyer la pollution des élevages de bétail et de volaille et d’enlever les ordures. La rivière autrefois en détresse abrite désormais des paysages pittoresques.

En se promenant le long de la rivière de Jizhai, on voit souvent des panneaux d’affichage comportant des informations sur la rivière, sur le chef de la rivière et ses objectifs, ainsi qu’un numéro de téléphone pour la supervision. Les villageois peuvent prendre contact dès qu’il y a un problème. Ce système est important pour l’évaluation du travail des cadres dirigeants.

« La rivière sur la section de Jizhai renaît. Après des années de traitement, l’eau est devenue plus claire et l’air est plus pur qu’avant. Maintenant, nous faisons de l’exercice et chantons au bord de la rivière tous les jours », remarque Mme Ye.

Les changements ne se limitent pas qu’à cette section. Le Zhejiang possède de nombreuses rivières et des systèmes hydrauliques très développés. Plus de 80 000 rivières, de différentes tailles, ont nourri des générations et irrigué d’innombrables terres. Cependant, le développement économique extensif par le passé les a endommagées. Le Zhejiang est la première province à s’être engagée sur la voie du développement écologique, utilisant le contrôle de l’eau pour effectuer des percées dans le redressement écologique. Des chefs ont été attribués à chaque rivière afin de les réhabiliter, et la province a instauré ce mécanisme de gestion à long terme et efficace depuis déjà deux décennies.

Les eaux claires et limpides des zones rurales de Lishui attirent de nombreux visiteurs et stimulent le tourisme local. (PHOTO : YU XIANGJUN)

Belles rivières et beaux lacs contribuent au bonheur

La coulée verte de près de 120 km le long de la rivière Songyin permet aux résidents locaux d’en profiter pleinement. La rivière ondule entourée d’arbres des deux côtés. On y trouve des plateformes pour laver le linge, des bouches d’écoulement des eaux et des zones pour s’adonner à la pêche. Tout cela est le résultat des efforts locaux déployés au fil des années. Selon Li Chaosheng, ingénieur principal au Bureau de conservation de l’eau du district de Songyang, à Lishui, le but ultime est de faire en sorte que la population puisse partager le dividende écologique.

Le Zhejiang a mis en place un projet en cinq points visant les eaux usées, l’approvisionnement en eau, l’envasement, les économies en eau, mais aussi les crues. La rivière Songyin, la plus importante du district, est un cours d’eau nourricier depuis des milliers d’années. Cependant, en raison de la détérioration de l’environnement écologique des deux côtés de la rivière, plusieurs remblais et barrages ont été détruits, endommageant les champs fertiles et rendant les eaux boueuses.

Depuis une vingtaine d’années, Songyang a mis en œuvre des projets urbains de contrôle des inondations en utilisant des matériaux hautement résistants à l’érosion tels que des blocs de béton et des pierres de maçonnerie pour renforcer les remblais. Les remblais en béton ont cependant détruit l’habitat des organismes aquatiques et affecté la survie des plantes aquatiques. La structure des remblais avec de hauts murs de soutènement a également bloqué l’accès de la rivière aux habitants. Le projet de protection urbaine a aussi suscité des commentaires négatifs de leur part.

« À cette époque, les gens qualifiaient les remblais de contrôle des inondations de la ville de “muraille d’airain”. L’eau ne pouvait pas les rompre, mais les gens ne pouvaient pas descendre non plus, et même les grenouilles étaient perdues si elles tombaient », se souvient M. Li. La rivière et l’homme ne pouvaient pas coexister harmonieusement, et face à ce dilemme, il a fallu s’adapter. La planification ne consiste pas seulement à changer l’apparence des rivières et des lacs, mais aussi à donner aux gens ordinaires un réel sentiment de satisfaction.

Par la suite, les autorités et le Bureau de conservation de l’eau de Songyang, conformément au concept de restauration écologique naturelle, ont d’abord ajusté la répartition des barrages dans la planification, évité le cloisonnement des lacs et bâti un écosystème complet avec des lacs, des étangs, des plages, des rives et des îles. Ensuite, des tabliers d’enrochement et des banquettes végétales ont été installées. La base des tabliers d’enrochement abrite des habitats pour la faune aquatique, et des pierres de maçonnerie et les pentes de protection végétalisées ont été utilisées entre les plateformes hydrophiles, et les talus de protection des végétaux pour les organismes aquatiques et les végétaux. Par ailleurs, le style et l’apparence originale des barrages ont été préservés le mieux possible et toute trace humaine a été minimisée.

Aujourd’hui, la rivière limpide gargouille, une auberge pittoresque accueille les visiteurs, et des zones d’exposition caractéristiques de la culture de l’eau le long de la rivière ont été installées, améliorant la qualité de vie et l’indice de bonheur des habitants. Les remblais contre les inondations constituent un changement magnifique sur la coulée verte. M. Li, qui travaille dans la conservation de l’eau depuis plus de 30 ans, estime que le contrôle de l’eau ne se fait pas du jour au lendemain. « Grâce à la gestion globale de l’environnement aquatique, les gens bénéficient et y trouvent leur bonheur et chacun peut vraiment s’impliquer dans cette cause. »

En été, les enfants des pisciculteurs jouent dans un grand bassin d’élevage de mérous à Huangfangkou. (PHOTO : YU XIANGJUN)

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