​Pourquoi les responsables américains en visite en Argentine parlent-ils de la Chine à la moindre occasion?
CGTNRadio 2023-04-19 16:36:42

« Le commandant du commandement du Sud des États-Unis, Laura Richardson, en visite en Argentine, s’est entretenu avec des responsables argentins, mais il parlait de l’influence de la Chine en Amérique latine. » Tels sont les commentaires des médias argentins à propos des entretiens entre les États-Unis et l’Argentine qui ont eu lieu le 17 avril dernier.

Quelques jours plutôt, la secrétaire d’État adjointe Wendy Sherman, numéro deux du Département d’État américain, s’était également rendue à Buenos Aires, où elle avait demandé à l’Argentine de faire preuve de « prudence » dans le développement de ses relations avec la Chine.

Outre Richardson et Sherman, d’autres responsables américains se sont aussi précipités en Argentine à tour de rôle ces derniers temps. Au début de ce mois d’avril, le sénateur républicain Cornyn a conduit une délégation en Argentine. Il a profité de cette occasion pour faire part de son « inquiétude » quant aux projets de coopération de l’Argentine avec la Chine. Christopher Hanson, président de la Commission américaine de réglementation nucléaire, lui a emboîté le pas. Lors de sa visite dans le pays d’Amérique du Sud, il a prétendu qu’il existait des risques et des « inconvénients » dans la coopération entre l’Argentine et la Chine dans le secteur de l’énergie.

« Les États-Unis tentent de diluer les relations entre la Chine et l’Argentine ». Le média argentin Pagina 12 a ainsi commenté l’objectif des fréquentes visites de hauts fonctionnaires américains en Argentine. Comme l’ont indiqué certains médias, les États-Unis semblent surveiller en permanence la coopération menée par la Chine en Amérique latine, en particulier celle avec l’Argentine. Qu’il s’agisse de la 5G, de la station spatiale lointaine de Neuquen ou des projets d’énergie nucléaire, toutes ces coopérations normales entre la Chine et l’Argentine ont mis les États-Unis dans l’inquiétude.

Pourquoi les États-Unis agissent-ils de la sorte ? Selon les analyses des médias argentins, le président américain Joe Biden a renforcé la politique d’endiguement de la Chine de son prédécesseur depuis son arrivée au pouvoir et il ne veut pas voir le rayonnement de la Chine en Amérique latine ou dans le monde.

L’Argentine est un grand pays d’Amérique latine. En février 2022, l’Argentine est devenue le premier grand pays d’Amérique latine à rejoindre officiellement l’Initiative « la Ceinture et la Route ». Il s’agit d’une coopération pragmatique entre deux pays en développement basée sur le respect mutuel et le gagnant-gagnant. Cependant, aux yeux de l’Oncle Sam, la coopération sino-argentine a défié ses intérêts et menacé son hégémonie. Donc, il a fait feu de tout bois afin d’entraver et de saper cette coopération.

Prenons l’exemple du projet de l’énergie nucléaire. Lors de sa visite en Argentine en avril 2022, la secrétaire d’État adjointe Ann Ganzer a critiqué à tort et à travers la technologie fournie par la Chine pour la centrale nucléaire d’Atucha III. La haute diplomate américaine a affirmé que la technologie chinoise « ne répond pas aux normes internationales et présente des problèmes de conception et de sécurité ». Cependant, dans un rapport d’étude, la Nucleoeléctrica Argentina a rejeté ces accusations qui, selon elle, « manquaient de fondement scientifique ».

« Les États-Unis n’ont pas retiré le couteau du cou de l’Argentine. » En novembre 2013, lors d’un discours à l’Organisation des États américains, John Kerry, alors secrétaire d’État, a déclaré que « l’ère de la doctrine Monroe est révolue ». Mais près d’une décennie plus tard, les faits nous montrent que les États-Unis tentent toujours de renforcer leur mainmise sur l’Amérique latine, dans le but de maintenir cette partie de la planète comme leur « fournisseur de matières premières », un « marché de dumping de leurs produits » et leur « colonie culturelle ».

Les temps sont différents. Les pays latino-américains ont soif d’unité, de coopération et de développement, et l’appel à l’indépendance se fait de plus en plus pressant. En juin de l’année dernière, le 9e sommet des Amériques, organisé par les États-Unis, a été largement boycotté par les pays latino-américains. En janvier de cette année, le 7e sommet de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes a publié la Déclaration de Buenos Aires, parvenant à un consensus pour rejeter fermement l’ingérence étrangère et l’hégémonie.

« Pauvre Mexique, si loin de Dieu et si près des États-Unis », a ainsi déploré l’ancien président mexicain Porfirio Díaz à la fin du 19e siècle. Ce qui se passe aujourd’hui en Amérique latine confirme un point de vue des médias argentins : l’Amérique latine peut changer son destin historique de « si près des États-Unis », alors que les pays émergents luttent pour se développer.

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