La Chine, l’Arabie saoudite et l’Iran ont publié, dans la soirée du 10 mars, à Beijing, une déclaration commune, qui a immédiatement fait la Une des principaux médias du monde entier.
Dans cette déclaration, l’Arabie saoudite et l’Iran ont, sous la médiation de la Chine, annoncé qu’ils étaient parvenus à un accord notamment sur le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, la réouverture de leurs ambassades et de leurs bureaux de représentation dans un délai maximum de deux mois. Ils envisagent également de procéder à l’échange d’ambassadeurs, ainsi qu’au renforcement des relations bilatérales. Les trois pays ont également exprimé leur volonté de tout mettre en œuvre pour renforcer la paix et la sécurité régionales et internationales.
De nombreux médias internationaux ont commenté positivement cet évènement. Même les médias occidentaux, qui s’illustrent trop souvent à contre-courant de la Chine, ont approuvé les résultats de cette démarche. La réaction au Moyen-Orient a été encore plus positive. De nombreux pays, dont l’Irak, Oman et le Liban, se sont félicités du fruit du dialogue saoudo-iranien à Beijing. Le secrétaire général des Nations unies, M. Guterres, a pour sa part remercié la Chine d’avoir facilité ce dialogue, affirmant que cela contribuerait à promouvoir la stabilité dans la région du Golfe.
Au regard du contenu, avec une feuille de route et un calendrier clair pour la réactivation des relations, l’accord saoudo-iranien est très opérationnel. Sa mise en œuvre contribuerait à l’amélioration des relations bilatérales entre les deux pays.
D’un point de vue historique, on peut mieux comprendre à quel point ce fruit diplomatique est chèrement gagné. L’Arabie saoudite et l’Iran, qui représentent respectivement l’Islam sunnite et l’Islam chiite, sont depuis longtemps à couteaux tirés à propos de la crise syrienne, de la situation au Liban, de la guerre civile au Yémen et d’autres questions. Ils ont donc été décrits comme les « ennemis jurés du Moyen-Orient ».
Début 2016, les relations diplomatiques entre ces deux pays musulmans ont été rompues à la suite d’un incident impliquant un religieux chiite saoudien. Au cours des sept dernières années, plusieurs pays ont tenté une médiation mais n’ont pas réussi à faire des progrès substantiels. Dans un tel contexte, l’Arabie saoudite et l’Iran ont décidé de reprendre les relations diplomatiques sous la médiation de la Chine. Ce qui a poussé certains médias, non sans raison, à qualifier l’acte de « surprenant ».
En fait, si l’on observe minutieusement l’évolution de la situation au Moyen-Orient et les efforts diplomatiques de la Chine, on comprend que la réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran rentre dans l’ordre des choses. Ces dernières années, les pays occidentaux dirigés par les États-Unis ont « soutenu les uns contre les autres » au Moyen-Orient, créant des conflits et déstabilisant la région. L’Arabie saoudite et l’Iran, en tant que pays majeurs de la région, en ont payé le prix fort. Les pays du Moyen-Orient sont désormais conscients que les États-Unis ne sont pas fiables, que seuls le dialogue et les pourparlers peuvent résoudre le problème et que le destin de la région doit être entre les mains des peuples du Moyen-Orient. C’est la motivation interne de la décision de reprendre les relations diplomatiques entre eux.
Alors, pourquoi choisir Beijing pour le dialogue ? Cela va sans dire que la Chine a toujours soutenu l’autonomie stratégique des pays du Moyen-Orient et les a toujours soutenus dans la résolution des problèmes par le dialogue et la consultation ; elle est impartiale, ne recherche pas des intérêts personnels et ne crée pas des blocs exclusifs. C’est un véritable ami auquel les pays du Moyen-Orient peuvent faire confiance.
L’Arabie saoudite et l’Iran sont tous deux des pays majeurs au Moyen-Orient, et une poignée de main entre les deux parties ouvre la voie à la paix et à la stabilité dans la région, en donnant l’exemple d’une résolution des conflits et des différends par le dialogue et la consultation, devenant ainsi la clé de la résolution du chaos au Moyen-Orient.
Dans le même temps, la réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran souligne la valeur de l’Initiative pour la sécurité mondiale, prônée par le président Xi Jinping en avril 2022 pour encourager tous les pays à partager la responsabilité du maintien de la paix et à suivre la voie de développement pacifique. Le fait que l’Arabie saoudite et l’Iran cessent les hostilités et se nouent d’amitié, est une pratique vivante de l’Initiative pour la sécurité mondiale. Cela montre que cette initiative a reçu un haut degré de reconnaissance et une réponse substantielle de la part des pays du Moyen-Orient.
La réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran est une bonne nouvelle pour un monde agité. Il s’agit d’une « victoire du dialogue et une victoire de la paix ». Elle rappelle au monde entier une évidence selon laquelle la force ne peut pas résoudre les problèmes, le dialogue étant la seule issue. Quelle que soit la complexité des problèmes ou l’acuité des défis, tant que le dialogue est mené sur un pied d’égalité et dans un esprit de respect mutuel, une solution mutuellement acceptable sera trouvée.
