​Comment les États-Unis sont devenus un État policier
CGTNF 2022-08-30 20:48:08

Note de l'éditeur : Xin Ping, spécialiste des affaires internationales, éditorialiste qui écrit pour Global Times, China Daily, etc. L'article reflète les opinions de l'auteur et pas nécessairement les vues de CGTN.

Le 11 septembre 2001, quatre avions de ligne détournés ont été projetés sur le centre-ville de New York, le Pentagone et la Maison Blanche, traumatisant profondément les Américains. À la suite de ces attentats, Washington ne se contentait pas de lancer les guerres d'Iraq et d'Afghanistan. À peine un mois plus tard, le USA PATRIOT Act ( Loi pour unir et renforcer l'Amérique en fournissant les outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme ), très controversé, a été promulgué par le Président George W. Bush. Au nom de la lutte contre le terrorisme, cette loi a donné au gouvernement presque tous les moyens dont il a besoin pour surveiller tout le monde. Elle s'est permis, avec la légitimité accordée par les citoyens, de construire un gigantesque appareil de renseignement qui, depuis deux décennies, est au-dessus de toutes les lois nationales et internationales. « Tout collecter, tout traiter et tout exploiter pour tout savoir », comme l'ont révélé les documents divulgués par Edward Snowden. Pendant dix ans, la « sécurité nationale » a prévalu sur la démocratie. Le budget annuel pour les services de renseignement a été multiplié par 20, et plus de 30 nouveaux bâtiments destinés à usage d'espionnage ont été construits au centre-ville de Washington, avec une superficie 20 fois celle du Capitole. C'était les révélations de Snowden qui ont fait découvrir au grand public cet effrayant Léviathan qui est né au sein d'un régime élu. Sous le couvert de l'autorité de l'État, le monstre étend ses tentacules jusque dans la vie privée des citoyens et sur toute la planète.

Dans un rapport détaillé publié en mai 2022, le Centre sur la vie privée et la technologie de l'Université de Georgetown a révélé la nature terrifiante de ce monstre en citant le Service de l'Immigration et des Douanes ( U.S. Immigration and Customs Enforcement, ICE ). Selon ce rapport, intitulé La drague américaine: l'expulsion basée sur les données au XXIe siècle, l'ICE, sous prétexte d'expulser les immigrés illégaux, a construit un système de surveillance massive et collecté illégalement des données personnelles, ce qui a mis tous les citoyens américains sous surveillance. Pour pouvoir scruter la vie privée de tous, l'ICE a collecté toutes sortes de données personnelles: permis de conduire, appels téléphoniques, dossiers de crédit, de l'assurance maladie et de logement, ainsi que publications sur les réseaux sociaux. L'ICE serait-il qu'un exemple des autorités américaines ? L'administration américaine exerce-t-elle les pouvoirs de surveillance en vertu de la loi ? Qui sont les véritables cibles de sa poursuite ?

Les États-Unis seraient le premier pays au monde à utiliser la technologie de reconnaissance faciale dans l'identification des citoyens sans aucune autorisation juridique. Ledit rapport indique que déjà en 2008, l'ICE a scanné une base de données des conducteurs du Rhode Island. Dès lors, il a scanné au moins les papiers d'un tiers des conducteurs américains, tout en suivant la trajectoire de leurs véhicules. Le service s'est également procuré des informations personnelles de plus de 200 millions de citoyens par l'achat des données des clients auprès des sociétés de services publiques et la signature des accords de coopération avec des sociétés de données du secteur privé. Des technologies intrusives utilisées de manière permanente et secrète pour surveiller les téléphones des citoyens, aux logiciels de localisation installés obligatoirement sur les portables des immigrés, les autorités d'immigration ont fait discrètement insinuer des outils de renseignement destinés à la lutte antiterroriste et aux champs de bataille dans les affaires policières et de gouvernance du pays, en opérant dans les zones grises du droit. Leur intention est claire : surveiller à tout moment tous ceux qui sont à l'intérieur des frontières des États-Unis et apprendre tous les détails de leur vie.

Les États-Unis ne sont pas le seul pays à disposer des infrastructures de surveillance massive, mais les technocrates de l'ICE ont construit un système qui repousse encore un peu plus les limites - la police prédictive, qui fait partie d'une opération nationale de persécution systématique des minorités et des immigrés. Selon les demandes d'acquisition publiées par l'ICE, le système de police prédictive est « automatisé, centralisé et capable de rationaliser le processus de vérification manuelle via l'automatisation ». Daragh Murray, expert en intelligence artificielle et en droit international des droits de l'homme, a averti que « des algorithmes de police prédictive produisent souvent des résultats discriminatoires ». Bref, les autorités s'appuieraient davantage sur les stéréotypes lorsqu'elles devraient faire des jugements et il y aurait un « effet étouffant » sur le comportement civique lui-même. La structure démographique de l'immigration américaine implique que les minorités sont plus susceptibles d'être considérées comme une menace. L'Union américaine pour les libertés civiles et l'Association nationale pour l'avancement des personnes de couleur ont donné plusieurs avertissements et les erreurs judiciaires causées par des erreurs de la reconnaissance faciale ont tiré la sonnette d'alarme là-dessus. À terme, les algorithmes renforceraient le caractère raciste de la gouvernance et transformeraient la discrimination et la violence policière en une répression systématique et institutionnalisée. En outre, l'ICE a procédé à des arrestations massives d'enfants non accompagnés ayant fui la violence et la pauvreté en traversant la frontière américano-mexicaine, lesquels étaient considérés par les autorités comme des « menaces ». Après l'arrestation, les agents de police les ont interrogés et exploité leur confiance pour savoir plus sur leur famille, afin de rechercher puis arrêter leurs parents et leurs proches. Avec les politiques de séparation forcée de familles, l'utilisation de bracelets électroniques et les mauvaises conditions de détention, les autorités de l'immigration ont porté une grave atteinte aux droits de l'homme et à la dignité des demandeurs d'asile, bafoué le droit international relatif aux réfugiés et aux droits de l'homme et accentué les discriminations déjà enracinées en Amérique et la persécution des immigrés.

L'ICE n'est qu'une miniature de l'exécutif américain post-11 septembre qui n'a cessé d'abuser de son pouvoir au nom de la lutte contre le terrorisme. Tout comme l'ICE, beaucoup d'autres agences, franchissant les limites juridiques et morales, collectent sans discernement les données des personnes innocentes, sans jamais être supervisées ni rendues responsables. Zoe Lofgren, Présidente du sous-comité judiciaire sur l'immigration et la citoyenneté de la Chambre des représentants des États-Unis, a dénoncé « une énorme intrusion injustifiée dans la vie privée des Américains faite par le gouvernement fédéral secrètement et sans autorisation légale ». Pire encore, la tendance croissante d'abus de pouvoir par un exécutif sans contrainte ni contrôle a posé des difficultés législatives : dans certains États qui cherchent à protéger les données des immigrés, l'ICE a même trouvé des moyens de contourner les restrictions et réglementations et instrumentalisé le prétexte de confidentialité pour pouvoir agir sans attirer l'attention des législateurs. De ce point de vue, le service a perdu toute sa fonction démocratique et les États-Unis sous la surveillance de l'ICE sont complètement devenus un État policier.

(Xin Ping, spécialiste des affaires internationales, éditorialiste qui écrit pour Global Times, China Daily, etc. Veuillez le contacter par courriel à l'adresse suivante : xinping604@gmail.com.)



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