​Le patrimoine agricole, un héritage toujours profitable pour la société contemporaine
RCI 2022-08-19 14:48:44

Le système de coexistence riz-poisson, développé à Qingtian, à l'est de la Chine (Crédit: VCG)

La pisciculture dans les rizières humides a une longue histoire en Chine. Dans le district de Qingtian dans la province du Zhejiang (à l’est de la Chine), les conditions géographiques locales ont inspiré une méthode agricole unique : les communautés locales ont réussi depuis plus de mille ans à cultiver du riz et à élever des poissons au sein d’une même rizière.

Des avantages écologiques existent dans ce système agricole traditionnel riz-poisson: le poisson fournit des engrais pour le riz, régule les conditions micro-climatiques, améliore le sol et permet la circulation de l'eau, tandis que le riz fournit ombre et nourriture aux poissons. La présence de ces derniers permet de réduire les dommages causés par les insectes ravageurs et la concurrence des adventices, permettant ainsi de réduire l’utilisation de pesticides et de désherbants, jugés cancérigènes.

Le système de coexistence riz-poisson, développé à Qingtian, a été identifié en 2005, comme « Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial » (SIPAM), une initiative lancée par l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture des Nations-Unies (FAO) en 2002, dans le but de protéger les  systèmes agricoles traditionnels remarquables et de mettre en valeur la durabilité, la biodiversité et la résilience de ce patrimoine bénéfique pour la société contemporaine.

« La raison pour laquelle nous identifions et essayons de conserver le patrimoine agricole n'est pas simplement parce qu'il est traditionnel », a expliqué Yoshihide Endo, coordinateur du programme SIPAM et haut responsable de la FAO, lors d’une interview écrite accordée récemment à CGTN Français, « ces systèmes agricoles traditionnels sont une vitrine de l'agriculture durable et ont démontré leur utilité pour le monde contemporain grâce à leur valeur unique ».

Agrobiodiversité, connaissances et pratiques traditionnelles adaptées aux conditions géographiques et climatiques locales, cultures et systèmes sociaux uniques et paysages remarquables, « ces spécificités uniques des sites SIPAM doivent être transmises aux générations futures », a indiqué M. Endo. A l’heure actuelle, le réseau mondial de la FAO consacré aux systèmes du patrimoine agricole comprend 67 systèmes dans 22 pays à travers le monde.

Yoshihide Endo, coordinateur du programme SIPAM et haut responsable de la FAO (Photo fournie par la FAO)

« Le programme SIPAM vise à mettre en lumière des modes de production agricoles traditionnels et à attirer l'attention du public sur les avantages et le potentiel que représentent cette agriculture apparemment obsolète, mais qui, en réalité, a des fonctions et un potentiel remarquable pour le développement de demain », a affirmé M. Endo à CGTN Français. 

Face à des circonstances géopolitiques complexes, la FAO appelle les parties prenantes locales des sites SIPAM à prendre des actions nécessaires en matière de gestion des sites, afin d’assurer la préservation  et le développement du patrimoine agricole. « L’ensemble de ces actions doit pouvoir renforcer les  synergies pour rendre les patrimoines agricoles plus résilients et leur permettre de se développer durablement », a affirmé le haut responsable de la FAO. 

En mai 2022, trois sites chinois, une zone de production de thé ancienne, une région d’élevage nomade et un système agricole pluvial sur terrasses en pierres, ont été formellement reconnus comme SIPAM, en raison de la manière unique dont ces agriculteurs recourent aux pratiques et savoirs traditionnels tout en préservant leur biodiversité et leurs écosystèmes irremplaçables. A ce jour, 18 sites chinois ont été inscrits sur la liste des systèmes du patrimoine agricole mondial. 

« De nombreux sites chinois ont une très longue histoire de civilisation agricole et témoignent de la sagesse des agriculteurs qui ont surmonté les difficultés pour s’adapter aux conditions et spécifiques souvent difficiles », a salué Yoshihide Endo en évoquant 18 sites chinois, tout en rendant hommage aux agriculteurs locaux qui les ont créés au fil des générations.* 

En juillet dernier, une conférence internationale s’est tenue à Qingtian pour marquer le 20e anniversaire du lancement du programme SIPAM. A noter que le système riz-poisson, développé dans le district Qingtian, est le premier site chinois à avoir été inscrit sur la liste du patrimoine agricole mondial.* 

M. Endo estime que de nombreux pays détenteurs de sites SIPAM ont pu raviver les valeurs et l'importance de leurs patrimoines agricoles grâce à cette conférence. Selon lui, cette conférence a donné un nouvel élan pour lancer de nouvelles activités destinées à dynamiser les communautés dans les sites du patrimoine agricole avec une vision qui s’adapte aux besoins de l’époque.

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