​Les habitants locaux sont une composante indispensable de tout parc national
RCI 2022-07-02 20:21:17

in Qingwen inspecte le parc national de Shennongjia, dans la province du Hubei (centre de Chine)

En octobre 2021, la Chine a annoncé la création de ses cinq premiers parcs nationaux. Ce qui a marqué le fait que la Chine est entrée dans une nouvelle étape de la construction d’un système de parcs nationaux, s'intégrant à ses efforts de préservation de la nature au pays. Quels plans pourrait-on adopter pour faire avancer ce processus ?

Pour Min Qingwen, chercheur à l’Institut de la géographie et de recherches de l’Académie des sciences de Chine, il ne faut pas négliger la survie et le développement de la population locale au cours de l’édification des parcs nationaux. Il préconise que l’on sollicite les locaux à participer à la construction et à la gestion des parcs nationaux.

Avec une superficie protégée de 230.000 km², les cinq premiers parcs nationaux chinois couvriront près de 30 % de la superficie terrestre de la Chine, incluant les espèces sauvages qui y vivent. Et dans ces parcs nationaux, la plupart comptent aussi des humains. À titre d’exemple, plus de 60 000 habitants locaux habitent dans le Parc national de Sanjiangyuan dans la province du Qinghai (nord-ouest de Chine), et dans la zone d’essai du Parc national de Qianjiangyuan, dont la superficie est la plus petite, on compte près de 10 000 personnes qui y habitent.

Depuis 2017, Min Qingwen et son équipe se consacrent à un projet visant l'amélioration coordonnée des fonctions écologiques et économiques des réserves naturelles. Le résultat de leurs recherches a été mis en application dans les parc snationaux de Sanjiangyuan et de Shennongjia.

Les recherches et investigations que Min Qingwen mène, montrent que les habitants locaux constituent une composante indispensable du parc national et qu’il ne faut pas négliger leurs besoins de survie et de développement, à défaut de quoi, la relation entre l'homme et la nature sera rompue. Pour cela, Min Qingwen préconise de coordonner la relation entre l’homme et la nature dans l’aménagement des parcs nationaux et de garantir, à priori, leurs intérêts. Min Qingwen: « Ce n’est pas nécessaire ni réaliste de déménager tous les habitants locaux en-dehors du parc national. Depuis très longtemps, ils y ont développé leurs modes de vie et de production qui s’adaptent aux conditions naturelles et qui sont propices à la protection de la nature. Dans l’avenir, il est évident que ces habitants pourront jouer un rôle important dans la gestion des parcs. Il vaut mieux considérer les locaux comme des bâtisseurs des parcs nationaux, plutôt que comme des destructeurs. »

Passant en revue les pratiques que la Chine et d’autres pays ont menées, la culture joue un rôle non négligeable dans la protection des réserves naturelles. Pour le chercheur Min Qingwen, les populations locales ont, par leurs coutumes, leurs croyances religieuses, leurs gouvernances sociales et leurs moyens de production de longue date, prouvé l’harmonie d’une coexistence entre l’homme et la nature, appliquant ainsi la notion-même d’une protection écologique. « Prenons l’exemple du parc national de Sanjiangyuan. Quel est le bon moment pour chasser ou pour paître ? Comment prend-on soin des antilopes tibétaines ? Et comment protège-t-on la prairie, les lacs et les rivières ? Les résidents tibétains ont acquis de nombreuses connaissances et cultures traditionnelles, dont beaucoup sont devenues partie intégrante de leurs croyances religieuses. Si l’on parvient à bien mettre en valeur ces cultures traditionnelles, à l’effet qu’elles sont bénéfiques à l’écosystème, ces efforts renforceront la confiance en leur culture locale et favoriseront le développement de parcs nationaux en Chine », souligne-t-il.

Depuis des années, par le biais de ses recherches, Min Qingwen s’attarde toujours à promouvoir la mise en valeur et la préservation du patrimoine agricole dans le processus d’implantation des parcs nationaux en Chine. « Le pâturage sur la prairie mené par les Tibétains, la plantation du riz Shanlan dans le Hainan, ainsi que le thé noir du Mont Wuyi, sont tous des modes de production traditionnels adaptés aux conditions naturelles. Dans ces systèmes de patrimoine agricole, on retrouve de multiples espèces traditionnelles, des techniques à caractère écologique et des cultures locales. Comment préserver ces modes de protection à caractère écologique et les combiner à la protection de la biodiversité dans la gestion des parcs nationaux, cela constitue un sujet qui nous porte à bien réfléchir. »

Le premier parc national du monde a été créé en 1872 aux États-Unis. Durant le siècle qui a suivi, plusieurs autres pays ont établi leurs propres parcs nationaux. Étant donné que les pays ont différentes conditions nationales et que leurs stades de développement sont distincts, il n’existe pas de modèle et de norme unifiés pour les parcs nationaux. Min Qingwen propose l’établissement d’un système de parc national à la chinoise. Pour cela, les modèles français et canadien sont, d’après lui, les plus appropriés pour inspirer la Chine. Pour lui, « Les modèles français et canadien considèrent clairement les locaux comme une partie intégrante de l’écosystème et à partir de ce point, ces modèles définissent les droits et devoirs des habitants dans le développement du parc national et les intègrent dans leur gestion. Et tout cela, est justement ce que nous devons explorer de manière progressive. En Chine, nous avons vécu un bel exemple : lorsque la survie d’animaux sauvages fut menacée par une tempête de neige, les locaux résidant dans le parc national de Sanjiangyuan, se sont activement mobilisés pour leur apporter du fourrage, ce qui les a sauvés. »

L’implantation d'un système de parcs nationaux se trouvant à son premier stade, un tas de sujets restent à être discutés. Mais Min Qingwen garde son optimisme, parce que, pour lui, avec l'évolution socio-économique et la sensibilisation à la protection de l'environnement, les parcs nationaux et les réserves naturelles chinoises ont un bel avenir. Min Qingwen: « Une protection des plus sévères sera mise en œuvre dans les parcs nationaux. Bénéficiant d'un haut statut, les parcs nationaux constituent une assise et un soutien à l’écosystème chinois. À l’heure actuelle, les parcs nationaux sont sur la voie de leur premier développement. Grâce à la croissance économique et à la prise de conscience envers la protection de l’environnement, les parcs nationaux et les réserves naturelles chinoises connaitront un bon développement, servant ainsi d’important pilier pour assurer la sécurité écologique du pays. »

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