Étang de mûriers, champs en terrasses ou encore karez des Ouïgours…au fil du temps, les Chinois ont mis en place des modes de production traditionnels adaptés aux conditions naturelles faisant en sorte que les intérêts économiques et écologiques soient en même temps préservés. Ces anciens modes de production agricoles ont un dénominateur commun : le patrimoine agricole important.
En 2002, le Programme alimentaire mondial (PAM) a initié le projet du GIAHS(GIAHS, Globally Important Agricultural Heritage Systems). Min Qingwen est chercheur à l’Institut de recherches sur la géographie et les ressources de l’Académie des Sciences de Chine. C’est depuis 2005 qu’il fait des recherches sur le patrimoine agricole.
Premier scientifique chinois investi dans ce domaine, Min Qingwen s’est fortement impliqué dans les candidatures de tous les projets chinois auprès du PAM ainsi qu’à la protection du patrimoine. Avec son équipe, il veille toujours à la protection du patrimoine agricole en sensibilisant aux valeurs de ces trésors traditionnels dans la société d’aujourd’hui.
« Pourquoi s’intéresse-t-on encore au patrimoine agricole, alors que la tendance actuelle consiste à moderniser l’agriculture et à revitaliser les zones rurales ? » C’est en tout cas la question à laquelle Min Qingwen tente de répondre souvent aux gens qui s’y intéressent.
Pour lui, la réponse est plutôt simple, car, il se réfère à la Loi sur la promotion de la revitalisation rurale, qui a donné une nouvelle définition sur les zones rurales chinoises. Ces zones doivent à la fois être une base de production et un terrain pour assurer la sécurité écologique et la transmission culturelle. De plus, explique le chercheur, depuis 2022, le gouvernement chinois encourage la découverte de multiples valeurs des villages, le développement des fonctions de l’agriculture ainsi que la protection des traditions agricoles.
Les recherches que mène Min Qingwen montrent déjà que les lieux abritant le patrimoine agricole bénéficient d’une grande richesse en biodiversité, des technologies écologiques pertinentes, des paysages pittoresques ainsi que des expériences efficaces en gouvernance sociale. Et Min Qingwen explique que tous ces éléments servent de références au développement agricole durable et à la revitalisation rurale.
Actuellement, le PAM a identifié 62 projets comme le GIAHS, localisés dans 22 pays. Et la Chine en possède 15 au total, ce qui la place en tête du classement mondial. Le système de coexistence riz-poisson, dans le district Qingtian, dans la province du Zhejiang (à l’est de Chine), est le premier projet chinois inscrit dans la liste du patrimoines agricole du monde.
A en croire Min Qingwen, au départ, les locaux du Qingtian ne comprenaient pas vraiment la valeur d’un patrimoine agricole. Progressivement, les champs en ruine se transforment en rizières, c’est alors que les Chinois d’outre-mer, qui autrefois avaient quitté le pays il y a des années, ont commencé à retourner dans leur pays natal pour y monter leurs propres affaires. Les produits biologiques et la danse aux lanternes de poisson attirent de plus en plus de touristes dans ce coin de la Chine.