Le géant nucléaire français Framatome: « J’en suis convaincu que nous devons porter ensemble »

2019-03-25 23:21:49
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1. L'histoire et les origines de la coopération sino-française dans le domaine de l'énergie nucléaire, veuillez partager plus d'histoires et de détails?

Framatome est un acteur international majeur de la filiale nucléaire, reconnu pour ses solutions innovantes et ses technologies à forte valeur ajoutée pour la conception, la construction, la maintenance et le développement du parc nucléaire mondial. Elle est l’une des premières sociétés «étrangères» à être entrée sur le marché chinois.

L’histoire commune de Framatome et de la Chine a commencé en 1978 à Daya Bay, à la suite de la décision du dirigeant chinois Deng Xiaoping, de développer l’énergie nucléaire en Chine et, pour ce faire, de coopérer avec les entreprises les plus avancées et les plus expérimentées au monde. Nous avons naturellement été les premiers à répondre à l’appel. La relation entre la France et la Chine a d’ailleurs ouvert la voie à cette coopération, la France étant l’un des premier pays à reconnaître la République Populaire de Chine il y a 55 ans. C’est à la fois une volonté politique diplomatique mais aussi industrielle qui a permis de commencer cette coopération fructueuse continue entre Framatome et la Chine.


2. Quelles sont les réalisations de la coopération sino-française dans le domaine de l'énergie nucléaire?

La coopération ne s’est pas limitée aux centrales de Daya Bay, de Ling Ao et de Qinshan : nous avons continué à collaborer sur les deux réacteurs EPR de Taishan et sur d’autres secteurs d’activité en Chine tels que la fabrication d’équipements, de combustible, la conception et fourniture de centrales nucléaires, les systèmes de contrôle-commande, l’ingénierie et enfin des services et des solutions pour maintenir et moderniser les centrales nucléaires en exploitation. Nous avons aussi dispensé beaucoup de formations et participé à la localisation de la chaîne d’approvisionnement de la filière nucléaire chinoise.


3. Votre attente des perspectives et des opportunités de coopération entre la Chine et la France dans le domaine de l'énergie nucléaire?

Pour Framatome, la Chine est un partenaire de premier ordre. Nous avons depuis toujours accompagné la croissance de nos clients et de nos partenaires chinois et souhaitons vivement que le pays puisse maintenir cet environnement propice aux investissements. Je tiens à rappeler que Framatome et un de ses partenaires chinois, CNNC, ont signé en 2018 un accord visant à étendre leur coopération dans les domaines de la conception, de l’ingénierie et des services relatifs au combustible nucléaire; d’accroître leur collaboration dans les systèmes de contrôle-commande numérique pour les centrales nucléaires et d’intensifier leur coopération dans la maintenance et les mises à jour de sûreté et opérationnelles des centrales existantes.

Nous sommes confiants dans ce futur commun, puisque des projets d’envergure tels que le programme nucléaire de Taishan répondent à un besoin fondamental des populations. Le nucléaire est une solution de fourniture d’électricité fiable, sûre et décarbonée. La technologie EPR, portée par EDF et dont Framatome est le concepteur d’origine, permet de répondre aux besoins actuels de la Chine en matière de consommation électrique. C’est une technologie mature et éprouvée grâce notamment au retour d’expérience de la mise en service commercial du réacteur 1 de la centrale de Taishan l’année dernière.


4. Comment évaluez-vous la détermination et les mesures prises par la Chine pour élargir l'ouverture de manière continue ?

40 ans après le lancement de la politique de réforme et d’ouverture de la Chine, dont Framatome a été le témoin privilégié, nous sommes fiers et heureux d’avoir pu y participer et contribuer à accompagner le pays dans son choix de renforcer la part d’énergie nucléaire dans son mix énergétique, pour pouvoir soutenir son développement continu.

L’évolution de la Chine et son développement industriel et économique ont été remarquables. Ce résultat n’aurait pu être atteint sans une politique soutenue, des lois et des réglementations favorables à la fois à l’investissement mais aussi à la préoccupation pour l’environnement. C’est l’ensemble de ces facteurs qui a fait la force de la Chine et a permis aux sociétés comme Framatome de pouvoir accompagner ce développement.


5. La Chine et la France ont créé un modèle de coopération en marchés tiers: Selon vous, qu'est-ce que cela signifie pour la Chine et la France, et même davantage pour le reste du monde ?

Le projet Taishan est exemplaire dans ce que l’on peut mettre en place dans le cas d’une coopération. Nous avons mis en commun une expérience technologique, une expérience industrielle, une expérience de la chaîne d’approvisionnement et une capacité à travailler ensemble sur des projets très complexes. Au-delà de cela, il y a certes une histoire technique mais aussi une histoire de respect et bonne entente entre les équipes. Ces relations de qualité sont le fondement d’accords qui ouvrent effectivement de nouvelles perspectives que nous allons explorer, par exemple au Royaume-Uni, avec le projet Hinkley Point C d’abord mais aussi sur d’autres projets où l’implication de la Chine sera plus importante. Ce sont ces opportunités futures, dont le projet britannique est un bon exemple, que nous sommes en train de préparer.

Concernant la coopération nucléaire entre la Chine et la France, il faut non seulement lancer ces projets en Chine mais également dans les pays tiers. Nous sommes tous d’accord sur le fait que nous devons à la fois bien conforter et consolider nos acquis et nos atouts en Chine pour pouvoir prouver que c’est une coopération qui marche et qu’elle a un avenir. Celui qui construit, qui conçoit et qui coopère dans les règles de l’art sur le marché domestique peut démontrer sa capacité d’ouverture vers des pays tiers. Il faut pour cela continuer à bien coopérer afin de montrer au monde entier que nous savons non seulement collaborer et partager dans cette filière nucléaire civile entre nos deux pays, mais aussi entre EDF, Framatome et les sociétés chinoises. Nous avons tous un rôle à jouer dans la construction et le développement de la filière nucléaire civile dans le monde. C’est une responsabilité que nous avons et que nous devons porter ensemble. J’en suis convaincu.

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