COVID-19 : le monde de demain

CGTNF 2020-06-17 15:44:46
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Par Moustapha Kassé, doyen honoraire de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l'Université Libre de Dakar. (L'article reflète les opinions de l'auteur.)


La crise sanitaire du COVID-19 a produit sur l'ensemble de l'économie mondiale l'effet d'une bombe à neutron en affectant négativement tous les systèmes productifs économiques, financiers, technologiques et sociaux. Les secteurs les plus impactés sont ceux qui sont les plus exposés à la mondialisation : la production des biens et des services, les matières premières les plus stratégiques comme le pétrole, les transports aériens, routiers et maritimes, le sous-secteur touristique, la restauration, les arts et la culture. Sur le plan macroéconomique, toutes les économies connaissent des décroissances de leur PIB, de l'ordre de 3% au niveau mondial, et de plus de 4% pour l'Afrique. Ce qui entraîne une dégradation des indicateurs comme le déficit des finances publiques, l'inflation, le taux de chômage et de pauvreté, en somme, toutes les précarités sociales. C'est aussi ce que montre l'amplitude des ressources engagées dans la relance : 1 500 milliards d'euros pour l'Europe, 2 500 milliards de dollars pour les États-Unis et des besoins pour l'Afrique qui se chiffrent à 150 milliards de dollars. De plus, les sociétés sont complètement déstructurées suite aux confinements qui ont drastiquement réduit la mobilité des hommes, des biens et des capitaux. Mais le contexte de la crise sanitaire a aussi révélé la Chine comme un acteur majeur de la mondialisation, avec 25% du PIB mondial, 30% de la production industrielle, une grande part sur toutes les chaines d'approvisionnement et sur les marchés de produits de base. Désormais, on constate un basculement de la richesse industrielle, financière et technologique mondiale vers la Chine et l'Asie qui sont les puissances d'aujourd'hui et le seront davantage demain. Les projections montrent que d'ici 2050, plus de la moitié de la production mondiale se fera en Asie et plus de la moitié des biens échangés iront vers cette même région, comme je le décris dans mon ouvrage L'Industrialisation africaine.

La Chine est le premier partenaire de l'Afrique en termes d'échanges de biens et de services, de capitaux et de transfert de technologie. Plus de 10 000 entreprises chinoises interviennent dans de nombreux secteurs en Afrique, ce qui représente un important potentiel de création de richesses et d'emplois. La Chine apporte également une contribution de taille dans la formation des ressources humaines africaines, son capital social, en se positionnant comme la seconde destination pour les étudiants africains. J'ajoute que cette coopération a été tracée par Xi Jinping à l'occasion du Forum de Beijing en 2018 avec, en premier lieu, les « cinq non » : ne pas s'ingérer dans la recherche par les pays africains d'une voie de développement adaptée à leurs conditions nationales, ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures africaines, ne pas imposer sa volonté à l'Afrique, ne pas assortir les aides à l'Afrique de condition politique, et ne pas poursuivre des intérêts politiques égoïstes dans la coopération en matière d'investissement et de financement avec l'Afrique. 

A cela s'ajoute l'attachement aux principes d'intérêts communs et de primauté de l'amitié. En effet, la Chine est convaincue que la coopération avec l'Afrique passe par la valorisation des atouts respectifs et l'association étroite du développement chinois au développement du continent. La Chine prône également le pragmatisme, l'efficacité et le développement pour le peuple. Elle place les intérêts des peuples chinois et africains au-dessus de tout et veille à faire fructifier la coopération gagnant-gagnant. Enfin, la Chine est attachée aux principes d'ouverture et d'inclusivité. Elle pense que l'instauration d'une paix et d'une stabilité durables en Afrique est fondamentale et que la réalisation du développement et du renouveau africains constituent non seulement une aspiration des peuples du continent, mais aussi une responsabilité de la communauté internationale. 

Au sujet de la crise sanitaire, plus particulièrement, la Chine a montré au reste du monde, un modèle de gestion grâce à la qualité de son régime politique conduit par un Parti unique fort, un Etat bienveillant et un leadership transformationnel. Cette bienveillance institutionnelle s'est traduite par la fourniture à de nombreux Etats de kits médicaux, de personnel qualifié et d'appuis financiers pour faire face à l'épidémie. De plus, au moment où les multinationales pharmaceutiques engagent déjà une guerre féroce pour capter le marché mondial d'un vaccin, le président chinois, lui, déclare aux assises de l'OMS que « nous devons travailler ensemble pour aider les pays en développement ayant un système de santé publique fragile à renforcer leurs capacités de réaction ». Et il ajoute « qu'en cas de découverte d'un vaccin en Chine, ce produit sera considéré comme un bien public international ». 


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