L’essor du commerce des services en Chine, un reflet de la montée en gamme de son économie

2021-09-07 09:46:52
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Le Salon international du Commerce des services de Chine (CIFTIS) 2021 se déroule du 2 au 7 septembre à Beijing, capitale de la Chine. Ayant pour thème « la numérisation ouvre l’avenir, les services favorisent le développement ». L'événement de cette année a attiré plus de 10 000 entreprises de 153 pays et régions.

Le Salon international du Commerce des services de Chine (CIFTIS) 2021 se déroule du 2 au 7 septembre à Beijing, capitale de la Chine. Ayant pour thème « la numérisation ouvre l’avenir, les services favorisent le développement ». L'événement de cette année a attiré plus de 10 000 entreprises de 153 pays et régions.

À l’occasion du Salon international du commerce des services qui se déroule du 2 au 7 septembre à Beijing, Sylvie Matelly, économiste française et directrice adjointe de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) a partagé ses points de vue sur l’essor du commerce des services de la Chine dans une interview exclusive accordée à China Media Group. D'après elle, le développement rapide du commerce des services en Chine reflète la montée en gamme de l’économie chinoise.

Après la conclusion de l’Accord général du commerce des services en 1994 et l’établissement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995, le commerce international des services est officiellement devenu une partie importante du commerce international. Pour remplir son engagement envers l'OMC, la Chine a ouvert à l'extérieur quelque 100 sous-secteurs de l'industrie de services en 2007. Et jusqu’à présent, elle a obtenu des résultats spectaculaires dans ce secteur.

Depuis 2014, la Chine se maintient à la deuxième place mondiale en termes du volume global du commerce des services. Le chiffre d’affaires de l’import-export du commerce des services de la Chine a atteint 3 600 milliards de dollars pendant la période du 13e plan quinquennal (2016-2020), soit une augmentation de 29,7% par rapport à la période du 12e plan quinquennal, selon les données officielles.

Accompagnant le développement du commerce en général, le commerce des services s’est développé partout à travers le monde depuis une vingtaine d’années, et il en est donc de même en Chine, a indiqué Matelly, qui ajoute : « un autre élément qui fait (la spécificité du) développement du commerce des services en Chine, c’est la volonté de monter en gamme dans son commerce international. C’est-à-dire faire un commerce réalisant des exportations à plus forte valeur ajoutée. Il est vrai que les services sont traditionnellement une valeur ajoutée plus importante que l’exportation des marchandises ».

Cependant, la pandémie de COVID-19 a profondément affecté le commerce international des services en 2020, en particulier les services traditionnels qui dépendent des mouvements transfrontaliers des personnes, comme le tourisme par exemple. L’année dernière, le volume global du commerce international des services a baissé de 19,8% en glissement annuel et les pertes dans le secteur du tourisme ont dépassé les 1 000 milliards de dollars.

« C’est un impact qui est extrêmement fort, la question qu’on se pose aujourd’hui, c’est de savoir si c’est un impact temporaire. Si on va avoir pris de bonnes habitudes, on aura plus envie de reprendre. Cette pandémie, elle change notre façon de travailler, et notre façon de consommer. Et forcément, ça affecte, d’une manière ou d’une autre, des services avec des secteurs qui ont subi et des secteurs qui en profitent », a-t-elle pointé.

À terme, la pandémie a considérablement accéléré la numérisation du commerce des services. Les nouveaux modèles de services liés à l’économie numérique émergent, tels que la télémédecine, les plateformes de partage, l’e-commerce transfrontalier, le travail collaboratif…


Il est clair qu’aujourd'hui, le développement de l’économie numérique s’est accéléré dans le monde. Et grâce à l’augmentation de la puissance de calcul et l’accélération de la vitesse de transmission, le commerce numérique qui s’appuie sur la circulation des données est en plein essor. Dans ce contexte-là, le Salon international du commerce des services 2021 a pris pour thème : « la numérisation ouvre l'avenir, les services favorisent le développement ».

Alors que le développement du commerce numérique s’accélère, l’énorme déficit qui a existé depuis des années dans le commerce des services en Chine, s’est amélioré. En 2019, le déficit dans ce secteur a atteint les 1 500 milliards de yuans (soit 232 milliards de dollars), touchant principalement trois domaines : les voyages, les transports et la propriété intellectuelle. Il est à noter qu’en 2020, le déficit du commerce des services de la Chine a baissé de 53,9%, alimenté par l'expansion remarquable du commerce des services à forte intensité de connaissance, selon les chiffres officiels.

« Dans le commerce des services, on est encore dans une logique où les grands exportateurs de services sont plutôt les pays les plus avancés, les plus développés. Dans les économies les plus avancées comme les économies occidentales, trois quarts de l’activité économique et trois quarts de la création de richesse ressort de l’activité des services. L’avantage comparatif de la Chine avec ces pays était moins important que cela ne l’était pour les marchandises. Alors que l’économie chinoise monte en gamme, elle va exporter de plus en plus de services, cela va réduire de fait le déficit. De plus, il y a un effet de COVID-19 en 2020, probablement en 2021, qui fait (qu'il y aura) beaucoup moins d’importations des services en Chine. Cela a réduit le déficit dans ce domaine. » a analysé Matelly.

Aujourd’hui, le commerce des services est devenu une source importante dans l’activité économique chinoise. Au premier semestre de cette année, la valeur ajoutée de l’industrie des services de la Chine a atteint les 29 600 milliards de yuans (soit presque 4 585 milliards de dollars), et sa part dans le PIB est passée de 54,5% pour l’année dernière à 55,7%.

« L’avantage compétitif principal pour la Chine dans ce secteur, c’est la place importante de l’économie chinoise dans le monde et dans la mondialisation. » a souligné Matelly. « On l’a vue dans la crise de la COVID-19, c’est le cœur de la mondialisation. Quand vous êtes impliqué dans les chaînes de valeur de tous les secteurs de l’activité partout dans le monde, à un moment donné, vous êtes aussi fortement amené à commercer des services », a-t-elle précisé.

Dans le but d’élargir l’ouverture de l’industrie des services, la Chine a mis en œuvre une série de mesures ces dernières années : la réduction de la liste négative pour les investissements étrangers depuis quatre ans consécutifs, la publication de la liste négative pour le commerce transfrontalier des services au port de libre-échange de Hainan, l'ouverture dans 22 autres secteurs des services en signant l'accord de Partenariat économique régional global, etc. Et la Chine s'est engagée à faire davantage d'efforts pour promouvoir l'ouverture du commerce des services à un niveau plus élevé. Le Salon international du commerce des services de Chine est ainsi organisé, visant à promouvoir une coopération approfondie et bâtir une zone de démonstration globale dans ce secteur.

« Cela prouve une volonté chinoise de se développer dans le commerce des services, qui va porter ses fruits sur plusieurs années. Il y a quand même une forte demande de la part des entreprises, des autres pays en particulier en Europe, mais aussi aux États-Unis, de l’ouverture du marché chinois », fait remarquer Matelly.

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