La ville de Montargis et la naissance du PCC

RCI 2021-08-04 15:35:40
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A une centaine de kilomètres au sud de Paris, en France, se trouve la ville de Montargis connue pour sa beauté et son histoire très ancienne. Aussi petite soit-elle, cette ville a pourtant une signification très particulière aux yeux des Chinois, qui mérite d’être rappelée en cette période de célébration du centenaire du Parti communiste chinois. Justement, il y a de cela 100 ans qu’un étudiant chinois de Montargis répondant au nom de Cai Hesen proposa le premier l’appellation du Parti communiste chinois dans une lettre adressée à Mao Zedong en Chine. Veuillez suivre les détails dans ce reportage de Jia Yanning, notre correspondante en France.

Après la Révolution de 1911 en Chine, les contradictions fondamentales de la société chinoise n'avaient pas toujours été résolues. Les larges masses d'intellectuels patriotiques et de jeunes étudiants étaient mécontents du paysage sombre de la société, et ils cherchaient des voies et moyens pour sauver le pays et le peuple sur une mauvaise trajectoire.

C’est ainsi que sept ans après cette révolution, soit en 1918, Mao Zedong et Cai Hesen créèrent la Société Xinmin dans la province du Hunan, pour propager activement les idées progressistes et préparer les jeunes aspirants locaux à la participation du mouvement travail-études en France. Le 25 décembre de la même année, Cai Hesen se rendit en France pour mieux explorer la vérité et voir dans quelle mesure pour sauver la Chine et son peuple. Les choses vont vite, le 7 février 1920, Cai Hesen et ses camarades foulèrent le sol de Montargis. C’est là où va s’écrire une partie de l’histoire de ce qui est devenu aujourd’hui le Parti communiste chinois. Wang Peiwen, conservateur du Mémorial du mouvement Travail-Etudes de Montargis, se rappelle encore cette époque :« A l’époque, le train reliant Paris et Montargis mettait 4 heures. Nous devions prendre des chariots de chevaux avant l’ouverture du service ferroviaire. Maintenant, une heure suffit entre Montargis et Paris depuis le terminus de la ligne express de la banlieue parisienne. »

A ses débuts en France, Cai Hesen étudiait à l’école de garçons de Montargis. C’était le choix de l'association d'éducation des Chinois en France. Mais celui qui va contribuer à la naissance du PCC avait les sentiments d’insatisfaction de l’éducation scolaire à laquelle il était soumis.

Pendant ce temps, tellement pris dans la recherche de tout ce qui pouvait sauver son pays, la Chine, débâcle, Cai Hesen prit la décision de devenir autodidacte. Chaque jour, il lisait le journal français à l'aide d’un dictionnaire sur un banc au Parc Durzy. Son pain à côté, quand il était midi, ce jeune chinois arrêtait la lecture et se donnait quelques minutes pour manger. Wang Peiwen, conservateur du Mémorial du mouvement Travail-Etudes de Montargis, explique :« Il pensait que le processus de l'apprentissage à l'école était trop long, alors il passait plusieurs jours ici en lisant des journaux français et le "Manifeste communiste", à l’aide d’un dictionnaire. Il n'allait pas souvent à l'école. Il passait la plupart de son temps à étudier seul dans le parc, à lire et à traduire le "Manifeste communiste" en chinois. »

En seulement six mois, Cai Hesen réussit à traduire du français en chinois des chapitres entiers et importants de classiques marxistes-léninistes tels que « Manifeste communiste » et « État et révolution ». Cai Hesen a ainsi renforcé ses idéaux et ses convictions d'utiliser le marxisme en s’inspirant de la révolution russe d'octobre pour sauver la Chine. Et sa croyance communiste était profondément enracinée dans son cœur.

Afin d'explorer l'avenir de la Chine, du 6 au 10 juillet 1920, plus de 20 personnes dont Cai Hesen, Xiang Jingyu et Li Weihan, tous membres de la Société Xinmin qui étudiaient en France, se donnèrent rendez-vous à Montargis. Mais la réunion n’était pas facile. Des différences majeures apparurent au cours des discussions. On était en présence de deux opinions diamétralement opposées. Zhang Wenhong, chercheuse à l'Institut central de recherche sur l'histoire et les documents du Comité central du Parti communiste chinois : « Lors de cette réunion à Montargis, les participants avaient deux opinions très opposées sur la façon de transformer la Chine et le monde. L’opinion soutenue par le groupe que dirigeait Cai Hesen, préconise clairement la voie soviétique et l'organisation du Parti communiste. L'autre groupe conduit par Xiao Zisheng, était en revanche favorable aux réformes pédagogiques modérées. C’était l’aile des réformistes. Après la réunion, Cai Hesen et Xiao Zisheng furent chargés de présenter chacun, par écrit, leurs opinions à Mao Zedong, en Chine, pour solliciter ses avis. »

Après la réunion de Montargis, Cai Hesen a écrit trois lettres à Mao Zedong. Dans une lettre envoyée le 13 août 1920, il indiqua clairement ceci : « Je pense qu’un Parti devrait être organisé d'abord, c’est un Parti communiste. Parce qu'il sera l'initiateur, le promoteur, l'avant-garde et le commandement du mouvement révolutionnaire.» Le 16 septembre de la même année, Cai Hesen envoya une deuxième lettre à Mao Zedong, longue de plus de 6 000 caractères chinois. Cette fois-là, le défenseur de la voie soviétique, propose pour la première fois « la création formelle du Parti communiste chinois. » Entre décembre 1920 et janvier 1921, Mao Zedong approuve les idées contenues dans la lettre de Cai Hesen, affirmant qu’il n’y avait aucun caractère contraire à l’engagement de sauver le pays.

Voici l’explication de Zhang Wenhong, chercheuse à l'Institut central de recherche sur l'histoire et les documents du Comité central du Parti communiste chinois. « Avant et après le Mouvement du 4 mai, un grand nombre d’ élites chinoises étaient allées en France à la recherche de la compréhension du marxisme, au point que l'Europe occidentale, particulièrement la France, était devenue un canal important par lequel le marxisme a été introduit en Chine. Ainsi, le mouvement de Travail-Etudes en France a contribué à l’entrée du marxisme en Chine. Grâce à une étude assidue et à une pratique réelle, ces premiers communistes chinois en Europe ont eu une compréhension relativement solide des principes de base du marxisme dont Cai Hesen qui était un représentant exceptionnel parmi eux. On peut voir dans les lettres de Cai Hesen à Mao Zedong que l'apprentissage et la diffusion du marxisme par Cai Hesen ne s'étaient pas seulement arrêtés à l'interprétation du texte, mais il avait aussi mis en application ce qu'il avait appris, comme répondre à des questions telles que comment changer la Chine et le monde. Il avait également répondu à une série de questions théoriques sur la façon d’établir un parti prolétarien. »

En juillet 1921, le premier Congrès national du Parti communiste chinois s'est tenu à Shanghai, marquant la fondation officielle du Parti communiste chinois et apportant lumière et espoir au peuple chinois qui était plongé dans une misère sans nom. L'histoire retiendra que l'idée de créer le Parti communiste chinois a d'abord et avant tout été proposée par Cai Hesen dans la petite ville de Montargis en France. Sous la direction de Mao Zedong et d'autres dirigeants, le Parti communiste chinois a finalement conduit le peuple chinois à ouvrir une nouvelle page de l'histoire.

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