La reprise du cinéma chinois au temps de la COVID-19
Le marché du cinéma chinois devient le plus grand du monde. Au seuil du 15 octobre 2020, la Chine a vu son box-office atteindre 12,95 milliards de yuans (1,73 milliards d'euros). Ainsi dépasse-t-elle les États-Unis pour s'imposer comme le plus grand marché du cinéma à l'échelle mondiale.
Le 20 juillet 2020, les salles de cinéma ont rouvert la porte après six mois de fermeture en raison de l’épidémie de COVID-19. Malgré cette période de galère, l'industrie cinématographique chinoise a su tenir le coup, affichant un bon niveau de résilience, particulièrement grâce aux superproductions sorties pendant les vacances d'été et de la Fête nationale, dont « Les huit cent » et « My People, My Homeland ».
Selon Beacon, un organisme de suivi en direct d'informations sur le cinéma chinois, presque 85 % des recettes de billetterie de 2020 sont provenues des films chinois.
Les vacances de la Fête nationale de l’année 2020, célébrées entre le 1er et 8 octobre, ont enregistré 3,95 milliards de yuans en termes d'entrées. Durant les quatre premiers jours des vacances, le box-office quotidien a dépassé500 millions de yuans. Comme le box-office est le meilleur preuve du rétablissement du secteur cinématographique, ces chiffres ont redonné la confiance à l’industrie cinématographique chinoise..
Cette moisson abondante encourage une douzaine de nouveaux films à faire leur apparition à l'orée des vacances de la Fête du printemps 2021, l'une des périodes les plus propices en Chine pour attirer des foules de cinéphiles.
Selon les analystes, la Chine maîtrise bien l’épidémie de COVID-19, ce qui permet à l’économie nationale de revenir à son meilleur niveau. A cela s’ajoute la confiance des consommateurs, autant des facteurs qui justifient le rebond du box-office.
Yu Dong, PDG du Bona Film Group, rappelle encore cette période rude pour le secteur cinématographique. Yu Dong: « Après six mois de fermeture, je suis allé examiner les dispositifs du contrôle épidémique de nos cinémas, j’ai trouvéencore les lanternes rouges pour célébrer la Fête du Printemps et les affiches des films qui n’ont malheureusement pas pu voir le public comme prévudans nos salles. Les amuse-gueules, tels que le pop-corn et le coca, devaient être rejetés, parce qu’expirés. Pendant ces six mois, beaucoup d’exploitants du cinéma ont traversé une période de traumatise.»
La COVID-19 va certainement traumatiser les gens et laisser des blessures. Mais cela inspirera la création du scénario cinématographique, comme ce qu’a témoigné Tim Miller, réalisateur américain : « Tout le monde aime les histoires liées à sa vie. Après l’épidémie, il se pourrait que l’on trouve des films qui abordent la douleur de perdre des proches et la désespérance du temps de la COVID-19. La situation crée les héros, on verra des scènes avec la présence du nouveau super-héros. Il y a également des gens ordinaires qui font leur travail sans être connus, mais cette crise sanitaire nous fait découvrir leur importance, ils méritent bien ces admirations de la société. »
Durement touché par la crise sanitaire, le box-office américain a eu bien de la peine à atteindre les 2,3 milliards de dollars, selon les données de Comscore. Une chute vertigineuse de plus de 80 % par rapport aux 11,4 milliards de dollars de 2019. Selon Feng Wei, directeur pour la Chine chezMotion Picture Association of America (MPAA), la persistance de la propagation de la COVID-19 à travers le monde, surtout aux Etats-Unis, va durement toucher l’industrie du cinéma : « A court terme, la situation de l’épidémie entrainera des conséquences à l’industrie cinématographique. Notamment, aux Etats-Unis, une puissance mondiale du cinéma. Freiner la propagation de l’épidémie reste encore un travail rigoureux. La projection d’un grand nombre de films sont obligés de reporter ou d’annuler, tandis que les nouveaux projets ne réunissent pas de conditions nécessaires pour inaugurer le tournage. Faute de contenus, la pénurie de films de production hollywoodienne aura un énorme impact négatif dans la gestion des salles de cinéma à l’échelle mondiale d’ici deux ans. »
Face à cette situation difficile, les cinéastes chinois devaient se mobiliser afin de relever les défis. Yu Dong : « En ce moment difficile, les créateurs du cinéma chinois sont appelés à se mobiliser et surmonter d’énormes difficultés, afin de reprendre plus tôt la production. Quant aux entrepreneurs du secteur, ils ont besoin de mobiliser efficacement les fonds, se pencher davantage vers la croissance intérieure et le marché domestique, pour que le marché cinématographique chinois retrouve sa vitalité. »
Le boom des approches numériques est une nouveauté dans l’industrie cinématographique. Selon le PDG de Maoyan Entretrainment Zheng Hao, la façon de voir le film en ligne serait une alternative d’aller au cinéma, surtout dans le contexte de la pandémie : « Voir le film dans les salles de cinéma ou voir le film en ligne, ces deux habitudes sont complémentaire, et peuvent promouvoir la prospérité de l’un et l’autre. La consommation dans le cinéma est irremplaçable, elle favorise les échanges entre l’homme et donne des sentiments immersifs, tandis que voir un film en ligne bénéficie de sa caractéristique de commodité. »