Baitasi : La restauration d’un ancien quartier dans les hutong pékinois
Le Dagoba blanc de style tibétain conçu en 1271 par un artisan népalais (Photo/Zhang Xiyan)
Le quartier Baitasi est l’un des quartiers historiques de Beijing. « Baitasi » signifie littéralement en français « le Temple du Dagoba blanc ». Le nom du quartier est issu du Dagoba blanc de style tibétain conçu en 1271 par un artisan népalais. Depuis plus de 700 ans, le Dagoba, mesurant près de 51 mètres de hauteur, demeure un site emblématique de cette zone et même de la ville de Beijing, par rapport à des siheyuan, maisons sans étage et logement traditionnel de Beijing.
Depuis 2013, le quartier Baitasi, d’environ 40 hectares de superficie, a connu une transformation. Le Programme baptisé « La Rénovation de Baitasi » (Baitasi Remade) a été lancé la même année, avec pour objectif d’améliorer le bien-être de la population locale et de reconstituer la physionomie traditionnelle du quartier.
« On compte 6 000 foyers enregistrés dans ce quartier, mais la surface habitable par foyer n’est qu’en moyenne de 23,37 km², la densité de population y est très élevée », affirme Tian Na, porte-parole du Programme « La Rénovation de Baitasi ». « En outre, les habitations sont vétustes, les infrastructures très faibles, il est crucial d’améliorer les conditions de vie des habitants locaux. »
La Société Huarong Jinying, gérée par le gouvernement de l’arrondissement de Xicheng, assure depuis 2013 la gestion du Programme « La Rénovation de Baitasi ». L’accent a tout d’abord été mis sur le désencombrement et la réduction du nombre d’habitants tout en respectant leur volonté. « Notre objectif est de réduire de 15% la population. Pour le moment, 300 foyers, soit environ 1 000 personnes ont montré l’envie de déménager et ont déjà déménagé », détaille Tian Na.
Le concept de « micro-rénovation » a été introduit lors de la restauration de Baitasi, l’idée étant d’adapter le niveau de vie du quartier à l’évolution sociale tout en maintenant l’héritage historique que sont les monuments et habitations traditionnelles. De célèbres architectes ont été invités à concevoir des cours carrées servant de modèles pour la restauration du quartier. En coopération avec l’Institut d’Architecture de l’Université Tsinghua, le Programme « La Rénovation de Baitasi » propose des chambres rénovées. Selon Tian Na, après avoir vécu dans les pièces modèles, plusieurs foyers ont maintenant la volonté de rénover leurs propres maisons, situées dans les hutong où manque souvent le confort nécessaire pour une vie moderne.
Le Salon de Baitasi (Photo/Zhang Xiyan)
La restauration du quartier Baitasi passe également par la mobilisation des habitants. Le Salon de Baitasi, inauguré en octobre dernier, essaie de créer un nouveau voisinage dans les hutong pékinois. Dans un logement de deux étages, de 130 km², le salon de Baitasi permet aux visiteurs de retourner dans les années 60 ou 70. Thermos enveloppé par une feuille de fer, charbon en forme de ruche, machine à coudre ou téléviseur noir et blanc, les objets anciens presque disparus aujourd’hui sont présentés au Salon de Baitasi.
« Grâce au Salon de Baitasi, les habitants aux alentours ont ainsi un lieu pour se divertir. Ils s’y rencontrent et y discutent de l’organisation d’événements, la cohésion du quartier est ainsi renforcée », indique Liu Wei, responsable du Salon de Baitasi. Selon lui, le quartier Baitasi a besoin d’un tel projet culturel.
Avant la Fête du Printemps 2018, une micro-foire s’est déroulée au salon. Amuse-gueules pékinois, anciens jouets rarement vus, opéra traditionnel, les vieilles coutumes de l’ancien Beijing font leur réapparition. « Cette foire est issue de nos conversations avec les habitants locaux pendant quatre mois. Il y avait une foire durant très longtemps dans ce quartier, et ils souhaitaient donc y organiser une foire. 80% des préparatifs ont été réalisés par eux. La foire a permis de mettre en avant beaucoup de cultures traditionnelles qu’on ne voit pas dans d’autres foires », fait savoir Liu Wei.
Le Salon de Baitasi est un endroit de rencontres et d’événements. Selon Liu Wei, plusieurs groupes organisent des activités chaque semaine, comme du tricotage, de l’opéra de Beijing, de la calligraphie et de la peinture, de la cuisine et du travail sur bois.
Le salon est principalement fréquenté par des personnes de 50 à 70 ans, qui viennent se divertir et passer un moment joyeux pendant leur retraite. Pour Liu Wei, un tel projet ressemble à une aiguille d’acuponcture qui pointe l’artère culturelle du quartier. « Je pense que la création d’un nouveau voisinage rend le futur très prospère. Nous pouvons construire ensemble notre foyer et créer une marque culturelle à Baitasi. C’est une zone dont la culture est ancrée profondément dans l’histoire, on a un horizon large », espère Liu Wei.
A la différence des quartiers historiques rénovés pour le tourisme, comme Dashilar et Nanluoguxiang, « le quartier Baitasi est plutôt caractérisé par une ambiance calme et populaire. Nous ne voulions pas nous priver de cet environnement sympathique durant la rénovation des cours, l’instruction des industries culturelles ou l’édification de la communauté », souligne Tian Na.