40 ans de la politique de réforme et d’ouverture : Trois questions pour mieux comprendre la Chine
Où ira la Chine? La Chine, partenaire ou adversaire? Opportunité ou défi? Autant d’interrogations qui se soulèvent en Occident alors que la Chine célèbre le 40e anniversaire de la mise en application de la politique de réforme et d’ouverture. C’est dans un tel contexte que s’est ouverte le dimanche 16 décembre à Beijing la 3e édition de la conférence internationale «Understanding China».
Destinée à aider à mieux comprendre la Chine et à promouvoir les échanges entre la Chine et l’étranger, la conférence «Understanding China» a eu lieu en 2013 et 2015. Ont répondu présent cette fois presque 600 personnes dont une quarantaine d’hommes politiques, de stratèges et d’industriels de renom mondial. Dans son message adressé à la conférence, le dirigeant chinois Xi Jinping a affirmé que la Chine poursuivrait sur tous les plans la politique de réforme et d’ouverture, à la lumière d’un nouveau concept de développement qui privilégie une croissance de qualité. La Chine pourrait apporter plus d’opportunités au monde, a déclaré le président chinois. Ses propos répondent aux préoccupations de l’Occident.
Les discours de l’Occident sur la Chine peuvent se résumer en trois questions: Quel genre de pays est la Chine? D’où vient la Chine? Où va la Chine? Les participants ont essayé d’y apporter leurs propres réponses en partant de l’histoire de la réforme chinoise et en se projetant dans le futur de cette politique.
Pour répondre à la première question, Yang Jiechi, membre du Bureau politique et directeur de la Commission des Affaires étrangères du Comité central du PCC, Parti communiste chinois, a soutenu dans son discours prononcé à l’ouverture de la conférence que la communauté internationale devrait comprendre la Chine comme un pays fidèle à la voie du développement pacifique, un pays pour la coopération dans un esprit gagnant-gagnant, un pays qui chérit les valeurs de l’équité et de la justice, qui promeut la sécurité pour tous et qui cherche l’unité tout en savant préserver la diversité. Pour Xu Lin, directeur du Bureau de l’Information du Conseil des Affaires d’Etat, il convient de regarder la Chine d’un œil objectif, tout en considérant les dimensions historiques et l’avenir du pays. Le lancement de la réforme et de l’ouverture a marqué un pas réellement fatidique pour la Chine contemporaine, a souligné Xu Lin.
En répondant à la 2e question, Zheng Bijian, directeur de l’Association d’Etudes stratégiques sur l’Innovation et le Développement de Chine, a abordé la «dualité» à propos des progrès et des défauts de la Chine. Exemple avec le PIB, la Chine a pu accroitre son PIB des 360 milliards de yuans en 1978 aux 8 200 milliards de yuans en 2017, alors qu’elle ne se classe qu’autour de la 70e place mondiale en termes du PIB par habitant; Sur un autre plan, la Chine est aujourd’hui une puissance manufacturière, elle a pourtant des efforts à faire pour développer son industrie manufacturière qui se trouve encore en bas et moyen de gamme.
Et c’est pour cela que la Chine se considère après 40 ans de réforme et d’ouverture comme se trouvant à un nouveau point de départ. Alors où ira-t-elle? La réponse à trouver, selon les panelistes, se situe dans les objectifs socio-économiques donnés dans le Rapport du XIX Congrès du PCC: L’avènement d’une société de prospérité moyenne en 2020, l’accomplissement de la modernisation socialiste à l’horizon 2035, et la Chine deviendra au milieu du siècle un pays socialiste puissant, modernisé, prospère, démocratique, civilisé, harmonieux et beau. Un objectif qui selon Zheng Bijian n’a rien à voir avec l’hégémonie. En progressant vers cet objectif, la Chine ne manquera pas d’acquérir de meilleurs pouvoirs de marché et capacités à innover. Elle construira en même temps avec les autres pays du monde une communauté de destin et d’intérêt.
L’ancien premier ministre britannique James Gordon Brown a exprimé de pareilles opinions. La construction d’une communauté de destin pour l’humanité ne pourra rester lettre morte, elle sera réellement réalisée dans un délai plus rapide que l’on pourrait croire, a dit-il dans son discours. Il a encore invité à bâtir un monde interconnecté, car l’humanité a besoin plus que jamais de la coopération internationale afin de combattre le fléau du protectionnisme.
Sans la compréhension, pas d’opinion juste. Alors que la Chine se trouve à un nouveau point de départ sur son chemin de réforme et d’ouverture, des hommes politiques, stratèges et industriels venus de toutes les parties du monde se sont réunis à Beijing dans l’espace de trois jours afin de débattre sur de nouvelles forces motrices du développement de la Chine sous de nombreux angles: le développement régional, l’innovation technologique, la montée en gamme de l’industrie ou encore la mise au point d’un système financier moderne. Les cerveaux se sont aussi penchés sur les nouvelles opportunités de coopération internationale qui pourraient se présenter sur le plan de la sécurité régionale et avec le développement des relations internationales de nouveau type, ainsi qu’avec l’avancement du programme de la Ceinture et la Route.