Nasser Bouchiba : La lutte contre la pandémie appelle au renforcement de la recherche médicale et de la coopération internationale

RCI 2021-06-18 11:49:39
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A l’occasion de l’anniversaire de la tenue du Sommet extraordinaire Chine-Afrique sur la solidarité contre la COVID-19, le chercheur marocain Nasser Bouchiba a accordé une interview à Radio Chine Internationale, depuis Rabat, la capitale marocaine. Il est d’ailleurs président de l’Association de Coopération Afrique-Chine pour le Développement (ACCAD), fondée à Rabat.

Avant de faire une évaluation de la coopération sino-africaine et notamment sino-marocaine dans la lutte contre cette pandémie, il a parlé de la clé de cette bataille menée en Chine : « Grâce à la gestion exemplaire du Parti Communiste chinois, à la forte mobilisation de la société civile chinoise, et à l’approche du traitement holistique combinant la médecine traditionnelle chinoise et la médecine occidentale, la Chine a rapidement pu développer un modèle de gestion de la pandémie qui est devenu une référence sur la scène internationale. »

Dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, la Chine fait également preuve de solidarité envers la communauté internationale. Le Maroc est le premier pays africain à avoir annoncé la campagne de vaccination de masse contre la COVID-19, suite à l’obtention de bons résultats des essais cliniques menés conjointement avec le laboratoire pharmaceutique chinois Sinopharm. A ce propos, M. Bouchiba a précisé : « Tout comme la Chine, le Maroc, conformément aux directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a priorisé la santé et la sécurité des citoyens, puisqu'il a été parmi les premiers pays à prendre une série de mesures préventives, à apporter un soutien financier aux citoyens démunis et à instaurer l'état d'urgence en date du 20 mars 2020. Nous avons constaté que le Maroc a pour la première fois participé à des essais cliniques menés conjointement avec le laboratoire pharmaceutique chinois Sinopharm. Ceci montre le degré de confiance mutuelle qui existe entre les deux pays. D’ailleurs, cette participation marocaine aux tests cliniques est l’une des raisons de la réussite de la campagne de vaccination au Maroc, qui s’est distinguée sur la scène internationale, avec un des taux de vaccination les plus élevés au niveau mondial. »

La campagne de vaccination constitue aujourd’hui une clé pour lutter contre la pandémie de COVID-19. Mais le problème d’accessibilité du vaccin se pose. D’après M. Bouchiba, la Chine a multiplié ses efforts pour développer et fournir des vaccins qui soient à la portée de tous les pays en voie de développement. Les pays africains doivent s’inspirer de l’expérience de la Chine et développer leurs propres compétences de recherche. Voici ses propos : « Cette pandémie nous a appris que l’investissement dans la recherche scientifique médicale est une nécessité vitale pour chaque pays et encore plus pour ceux en voie de développement, car nous avons constaté avec beaucoup d'amertume comment nous avons dû nous battre pour assurer des doses du vaccin qui est devenu une denrée rare et inaccessible. Une des propositions de notre Association est d’orienter une partie des bourses d’études octroyées par la Chine aux pays africains vers le domaine de la recherche scientifique médicale, et de développer en parallèle le partenariat pharmaceutique entre les laboratoires chinois et africains. Comme l’a fait la Chine, nous devrions ici en Afrique compter sur nos propres ressources humaines pour relever les défis sanitaires futurs, et grâce à l’esprit de partage et d’entraide qu’ont toujours manifesté nos amis chinois à l’égard des pays en voie de développement, cette stratégie connaîtra sûrement un réel succès. »

Depuis l’apparition de l’épidémie de COVID-19, la Chine a été la cible de certains politiciens et médias occidentaux, qui l’ont accusée de mener une diplomatie des masques ou une diplomatie vaccinale, ou encore d’être responsable d’une soi-disant fuite du virus depuis le laboratoire de Wuhan. Dans son interview, Nasser Bouchiba a réagi à ce sujet : « Durant cette pandémie, la théorie du complot a battu de son plein. Je préfère garder une approche scientifique quant aux déclenchements des pandémies. Depuis la nuit des temps, les êtres humains ont souffert des pandémies à grande échelle. Si le monde des virus reste toujours à explorer, cette pandémie nous a appris que même si nous avons atteint des niveaux élevés de développement économique et scientifique, nous devrons rester humble face à la nature, renforcer le partenariat entre différents pays, sans prendre en considération les différentes idéologies ou la situation économique de chaque pays, et prôner l’esprit de collaboration au lieu de se lancer dans des accusations à des fins politiques. »

Nasser Bouchiba a mis plusieurs années en Chine, et a été nommé en 2012 maître de conférences à l'Université Sun Yat-sen à Guangzhou. On peut dire qu’il est témoin du développement de la Chine. « J’ai eu la chance de passer les meilleures années de ma vie en Chine. Depuis 1995, j’ai été témoin d’une incroyable hospitalité de la part de nos amis chinois, et j’éprouve un grand respect et une profonde affection pour cette civilisation humble mais fantastique. Aujourd’hui de retour à mon pays le Maroc, je continue à œuvrer pour le développement des relations bilatérales, mais aussi à promouvoir des projets de partenariat gagnant-gagnant entre l’Afrique et la Chine. »

La Chine a accompli des réalisations remarquables sous le leadership du Parti communiste chinois (PCC), qui célèbre ses 100 ans, cette année. M. Bouchiba a partagé ce qui l’a le plus marqué en matière de réalisations de la Chine, et ce qui a été d’après lui à la base du succès du PCC : « Avant l’arrivée du Parti Communiste chinois au pouvoir, la Chine avait vécu plus de 100 ans de guerres et d’interventions coloniales. Le PCC a surtout apporté à la Chine la stabilité qui, on le sait, est le moteur de toute réussite. Depuis sa création en 1921, un pacte social s’est formé entre le PCC et le peuple chinois, et qui est d’améliorer constamment le niveau de vie des classes ordinaires chinoises, et surtout le droit d’accès à une bonne éducation et à des services de santé décents. Ayant passé plus de 20 ans en Chine, j’ai pu témoigner de l’existence et la mise en œuvre de ce pacte social. J’ai, par exemple, beaucoup d’amis chinois qui étaient de simples ouvriers ou des fonctionnaires dans les années 1990 avec des revenus très limités. Aujourd’hui, leurs enfants ont pu se distinguer et décrocher même des postes importants dans la scène politique et économique du pays. Donc l’essence de ce pacte sociale est l’espoir d’une vie meilleure pour tous les citoyens chinois. Il y a aussi cette guerre contre la pauvreté qu’a menée Son Excellence le président chinois Xi Jinping. Comme vous le savez, la lutte contre la pauvreté est un sujet complexe qui implique plusieurs facteurs. En Chine, chaque ville ou chaque village chinois a ses propres "sucess stories" de lutte contre la pauvreté. Ces expériences sont très inspirantes pour nous en Afrique, et d’ailleurs je suis en train d’écrire un livre se rapportant à l’expérience chinoise dans sa lutte contre la pauvreté et qui rassemblera assez de cas d’études. J’espère aussi pouvoir le finaliser avant la fin de l’année en cours.

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