Commentaire : les armes à feu tirent sur la démocratie à l’américaine

RCI 2021-12-07 21:39:42
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Le membre du Congrès américain Thomas Massie du Kentucky a publié une photo hallucinante sur son compte Twitter, laquelle montre tous les membres de sa famille, tenant chacun une arme à feu à la main. On pouvait lire sur la légende accompagnant la photo : « Père Noël, donnez-moi des munitions, s.v.p. ! »

Déjà il faut rappeler que dans une fusillade qui a eu lieu quelques jours à peine dans un campus aux États-Unis, à Michigan, un lycéen de 15 ans a abattu 4 élèves innocents. L’arme de l’assassin n’était autre chose que son pistolet, cadeau de Noël qui lui a été offert par ses parents.

Il est malheureux de constater que les États-Unis qui considèrent « la protection des droits de l'homme » comme un instrument de promotion de leur démocratie, ne soient en mesure de protéger le droit le plus fondamental de son peuple : droit à la vie.

Comme si cela ne suffisait pas, Thomas Massie n’a pas trouvé mieux de publier une photo faisant l’apologie de la « mort ». Un couteux qui vient remuer les plaies non encore cicatrisées des familles endeuillées à cause des armes qui se vendent comme des petits pains dans son pays.

Question : la démocratie américaine protège-t-elle vraiment les droits de l'homme ? Si oui, quel droit protège-t-elle ? Celui de tuer? Le mystère reste entier.

En effet, les États-Unis sont l’un des pays au monde dont la législation sur les armes à feu est assez muette et vague, et pourtant, c’est le pays qui a une forte circulation d’armes à feu, 393 millions, estime-t-on. Le taux d’homicide par arme à feu est 25 fois plus élevé chez les Américains qu’au sein de la population des pays développés. Les gens ne peuvent s'empêcher de demander pourquoi les États-Unis, auto-proclamés « phare de la démocratie », ne font rien face aux victimes des armes à feu ? Pourquoi le contrôle de ces armes est une mission si difficile dans ce pays ?

En effet, les systèmes politique et juridique sont tels que la législation en matière de contrôle des armes à feu n’est bon que pour le décor. Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis reste évasif sur le droit de détenir des armes à feu. Mais ce même amendement est devenu « l’arme ou l’argument le plus puissant » des partisans des armes à feu.

Aussi, le gouvernement fédéral et les différents gouvernements fédérés n’émettent pas sur la même longueur d’onde. Ils n’hésitent pas à se donner des coups bas sous la table. A ceci ajoute le combat entre les démocrates et les républicains. En mai de cette année, une fusillade s'est produite à San Jose, en Californie. Un employé de chemin de fer s'est suicidé après avoir tiré et tué 9 de ses collègues. Après cette tragédie, la Maison Blanche en a profité pour exhorter le Congrès à adopter des mesures plus efficaces contre l’utilisation des armes à feu. Mais c’était sans compter la législature de l'État du Texas, contrôlée par les républicains, qui a fait juste le contraire en adoptant un projet de loi autorisant les résidents du Texas à porter librement des pistolets sans permis, comme si de rien n’était.

Dans le débat autour du contrôle des armes à feu, on voit également la main noire de la politique du lucre. La National Rifle Association (NRA), la plus grande organisation des propriétaires d'armes à feu, également un lobby puissant des États-Unis, compte 5 millions de membres et dispose d’un fonds impressionnant, au point qu’elle influe sur l'élection présidentielle, les élections au Congrès, voire la nomination des juges de la Cour suprême.

Selon un rapport du site américain « Open Secrets », les dépenses de la NRA pour les élections fédérales en 2016 étaient de 54,4 millions de dollars, chiffre qui a baissé en 2020, mais qui se situe toujours au-delà de 29 millions. La NRA ne dépense pas de l'argent sans contrepartie. Les politiciens qu'elle a soutenus doivent servir à son intérêt, ce qu’ils font très souvent.

Voilà pourquoi le contrôle des armes à feu patauge malgré les appels incessants.

Le problème des armes à feu révèle à lui seul la maladie chronique de la démocratie américaine. Ce sujet qui touche au droit le plus fondamental à l'existence, sera-t-il dans l’ordre du jour du fameux « sommet de la démocratie » ? Ce soi-disant « sommet » n'est-il pas en fin de compte un show politique qui bafoue la valeur de la démocratie ?

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