Commentaire : les 30 ans de dialogue Chine-ASEAN sous le signe de la coopération pragmatique

Le conseiller d’Etat et ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a achevé mercredi sa visite dans quatre pays voisins. Dans le cadre de cette visite, le chef de la diplomatie chinoise s’est rendu dans trois pays d’Asie du Sud-est : le Vietnam, le Cambodge et Singapour. Un déplacement qui a particulièrement suscité l’attention des pays du monde.

Cette visite de M. Wang Yi témoigne de la très bonne coopération entre la Chine et les pays de l’ASEAN. Les deux parties se font mutuellement confiance sur le plan politique, économique et de la lutte contre la COVID-19. Cette entente permet aux deux partenaires de résister aux interférences et autres actions de sabotage de la part des forces extérieures, elle aide aussi à préserver la paix et la stabilité régionales.

Dans son envie hégémonique, les Etats-Unis cherchent ces dernières années à tourner leur orientation stratégique vers la région d’Asie-Pacifique, dans le but, bien évidemment, d’endiguer la Chine. Ce qui explique la récente visite du secrétaire américain à la défense Lloyd Austin et de la vice-présidente américaine Kamala Harris dans certains pays d’Asie du Sud-Est dont Singapour et le Vietnam. Ils ont réitéré à maintes reprises la théorie de la « menace chinoise ».

Pour beaucoup de médias occidentaux, la visite du ministre chinois des Affaires étrangères dans ces pays, après celle des officiels américains, est sans doute le signe d’une compétition géopolitique entre la Chine et les Etats-Unis.

Et pourtant, cette opinion largement relayée par des médias occidentaux n’est pas vraie. Avec une telle mentalité de la guerre froide, il est impossible de comprendre l’essentiel de l’état d’avancement des relations entre la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est.

Alors que cette année marque le 30e anniversaire de l’établissement du dialogue entre la Chine et l’ASEAN, pour ces deux parties, l’année 2021 devait constituer un point charnier.

Le chef de la diplomatie chinoise a exprimé, durant son périple, la volonté de la Chine de travailler de concert avec ces pays d’Asie du Sud-Est dans la lutte antiépidémique et l’approfondissement de la coopération pragmatique.

En fait, depuis l’apparition de la pandémie de COVID-19, la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est se sont soutenus l’un et l’autre et surmontent ensemble les difficultés du moment. La Chine a livré plus de 100 millions de doses du vaccin contre la COVID-19 aux pays de l’ASEAN. Bien que la pandémie ait notablement augmenté les incertitudes de la croissance économique mondiale, la coopération entre la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est reste toujours vive. Pour preuve, pendant les huit premiers mois de cette année, le volume total du commerce Chine-ASEAN a connu une croissance de 22, 8%, l’ASEAN reste le premier partenaire commercial de la Chine. Lors de la 18e Exposition Chine-ASEAN, qui vient de se clôturer, 179 projets de coopération ont été signés, le volume total des investissements a franchi le cap de 300 milliards de yuans, soit une croissance de 13, 7% par rapport au chiffre de l’édition précédente.

Au cours de cette visite, la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est ont renforcé leurs liens de coopération économique, et continuent de promouvoir l’alignement entre l’Initiative « la Ceinture et la Route » et les stratégies de développement de ces pays asiatiques. De plus, ils ont convenu de favoriser au plus tôt l’entrée en vigueur de l'accord sur le Partenariat économique régional global (RCEP).

Concernant le dossier de la mer de Chine méridionale qui cristallise l’attention du monde, la Chine a clairement fait preuve de sa volonté d’accélérer les négociations sur le « code de conduite en mer de Chine méridionale » avec les pays de l’ASEAN, en espérant conclure ces négociations lors de la présidence de l’ASEAN pour l’année 2022 qui sera assumée par le Cambodge. Cela trouve un écho favorable parmi les pays concernés. Cela montre que la Chine et les pays de l’ASEAN sont capables de bien gérer leurs propres affaires.

En fait, face aux tentatives de certains pays hors de la région consistant à se servir de la question de la mer de Chine méridionale pour semer la discorde, les pays de l’ASEAN pensent qu’il est préférable d’être en bonne relation avec de grandes nations et d’éviter de devenire les pions des forces extérieures. C’est un choix rationnel et pragmatique qui correspond bien aux intérêts régionaux.

Pays voisins perpétuels, la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est partagent le même destin et ont des intérêts mutuels. Sur la base du respect mutuel et de la recherche de l’entente, les deux parties disposent d’assez de sagesse pour traiter de façon appropriée les différends et approfondir la coopération. Il est prévisible que la coopération pragmatique résiliente entre la Chine et l’ASEAN injectera plus d’énergies au développement régional et mondial et permettra de faire échec au complot des forces extérieures de la région.