Commentaire : La visite de Joe Biden en Europe confirme l’unité de façade de l’ «alliance des valeurs», plutôt désunie en esprit

2021-06-18 21:30:48
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Sommet du G7, sommet de l’OTAN, sommet américano-européen — la semaine dernière, le président américain Joe Biden a tenté de forger une soi-disant «alliance des valeurs» contre la Chine lors de sa première visite en Europe depuis qu’il occupe la Maison Blanche. Quelle réponse l’Europe a-t-elle donnée aux Américains?

La chancelière allemande Angela Merkel a commencé par clarifier son attitude. Au cours du sommet du G7, elle a déclaré au monde extérieur que malgré les divergences avec la Chine et la Russie, le G7 voudrait coopérer toujours avec ces deux pays, en particulier dans des domaines de lutte contre le changement climatique et de la biodiversité. Des domaines dans lesquels «sans la Chine, nous ne trouverons jamais de solution».

Pour sa part, le président français Emmanuel Macron a déclaré sans ambages que le G7 n’est pas un «club hostile à la Chine» et qu’il devrait continuer à travailler avec la Chine sur des questions liées à la lutte contre le changement climatique, au commerce international et à la politique de développement.

Il est clair que les deux principaux protagonistes de l’UE n’ont pas voulu suivre les Etats-Unis, mais ont exprimé une opinion indépendante. Aujourd’hui, bien que les Etats-Unis et l’Europe restent des alliés en matière de sécurité, plusieurs divergences qui les opposent font du «partenariat transatlantique» une alliance apparemment unie, mais désunie en esprit. C’est une réalité qui existe depuis longtemps.

Premièrement, les orientations stratégiques des Etats-Unis et de l’Europe sont différentes. Les Etats-Unis veulent créer un «clan restreint» basé sur l’idéologie, et coopérer avec les pays du G7 pour faire face ensemble à la Chine dans les domaines des infrastructures, de la concurrence scientifique et technologique. Mais cela va sans aucun doute à l’encontre de la volonté stratégique d’autonomie de l’UE et de sa volonté réaliste de coopérer avec la Chine.

Deuxièmement, les Etats-Unis et l’Europe ont des intérêts fondamentalement différents. Selon le journal français « Les Echos », l’Europe ne devrait pas soutenir l’action contre la Chine, pays qui est devenu, l’année dernière, le plus grand partenaire commercial de l’Europe tout en remplaçant les Etats-Unis, et dont l’importance dans la lutte contre le changement climatique n’est plus à démontrer. .

Il est clair que les pays européens comme l’Allemagne et la France savent que les institutions et les systèmes internationaux existants, dominés par l’Occident, ont du mal à relever les défis du changement climatique, de la cybersécurité et de l’épidémie mondiale. Il n’est pas dans leurs propres intérêts d’isoler et de contenir la Chine.

En outre, la perte de confiance de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis est un indicateur important qui laisse croire que l’Europe ne suivrait pas les Américains dans leurs aventures.

Au cours des quatre dernières années, le précédent gouvernement américain a appliqué la politique unilatérale au maximum, ce qui a durement touché les pays européens. Les contradictions entre les Etats-Unis et l’Europe ne cessent de croître. La récente révélation du scandale de l’écoute prolongée des dirigeants européens par les Etats-Unis a encore affaibli la confiance de l’Europe pour les Etats-Unis. Cette aliénation psychologique est une «blessure mortelle» dans les relations américano-européennes qui ne peut être refermée à la suite d’une seule visite de Biden.

Plus important encore, dans le contexte actuel de multipolarité, la politique des blocs fondée sur l’idéologie va à l’encontre du courant de l’histoire. Cela signifie que même si le slogan d’une «alliance des valeurs» entre les Etats-Unis et l’Europe est lancé, il ne sera qu’un spectacle politique de bluff.

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