Commentaire : Tiangong, un foyer de l’humanité dans l’espace

11 heures le 29 mai 2021, la Chine a mis sur orbite, à bord d’une fusée Longue marche 5B Y2, Tianhe, le module de base de sa station spatiale. La réussite de l’opération a permis au pays de lancer les travaux dans l’espace pour assembler les différents modules de sa station spatiale, Tiangong.

Le monde s’habitue depuis des années à voir la Chine lancer des engins spatiaux à un rythme intense. Néanmoins, le lancement de Tianhe a des enjeux tout spéciaux. C’est en 1992 que le pays a annoncé son programme spatial habité sur trois étapes : envoyer des taïkonautes dans l’espace et les faire revenir sains et saufs, faire des percées techniques nécessaires pour la construction de la station spatiale, et enfin construire une station spatiale qui fonctionne à long terme. La mise sur orbite de Tianhe a marqué l’accomplissement d’une opération essentielle pour cette dernière étape.

Un succès obtenu non sans difficulté. La Chine a été longtemps exclue du club très fermé dominé par les USA de la station spatiale internationale.

En 2011, par Wolf Act, le Congrès américain a interdit à la NASA et toutes les entreprises américaines liées à celle-ci par des contrats tout contact et collaboration avec les établissements chinois du domaine aérospatial. Sous prétexte de la « sécurité nationale ». Pour les sceptiques, tous les savoirs et connaissances que la Chine maîtrise, par quel moyen que ce soit, sont susceptibles de servir à des fins de bonne ou de mauvaise volonté ; a commenté Jeffrey Kluger, chroniqueur du magazine Time. Alors que « c’est une propriété commune à tous les savoirs et techniques, qu’il s’agisse du feu ou d’une Apple Watch », a rappelé Kluger.

Les obstacles n’ont jamais su arrêter la Chine. Le pays a compté sur ses propres efforts pour innover et progresser sans cesse : l’exploration de la Lune et du Mars, la mise en œuvre du réseau Beidou, sans parler de ces engins partis dans l’espace à bord des fusées Longue marche. Et le pays en est aujourd’hui arrivé à une étape particulièrement importante. D’autant que la station spatiale internationale risque de terminer son service entre 2024 et 2028 : Tiangong deviendrait par conséquent l’unique station spatiale du genre humain.

L’exploitation pacifique, l’égalité, le partage des bénéfices et le développement en commun : voici les devises de la Chine dans le domaine de l’exploration spatial. Le pays s’engage de faire de Tiangong une plate-forme d’échange et de coopération ouverte à la communauté internationale.

Premier programme spatial ouvert à tous les pays membres des Nations Unies, la station spatiale chinoise coopère avec tous les gouvernements, organisations internationales, les établissements privés et instances de recherche. Les modèles de coopération sont divers et flexibles. A l’issue d’une première sélection, 9 programmes d’expérimentation ont été retenus, ils sont portés par 23 entités venues de 17 pays.

Il faut noter que la Chine n’a pas oublié les pays en voie de développement. Malgré leurs carences en technique et fonds, ces pays auront également chance de rentrer dans l’espace et de mener des expériences. Une initiative qui doit contribuer à réduire la fracture technologique et à permettre à tous les pays de participer à l’exploitation pacifique de l’espace. Simonetta Di Pippo, directrice des affaires spatiales des Nations Unies a apprécié ce geste qui contribuerait énormément à la réalisation des objectifs de l’Agenda 2030 de développement durable de l’ONU.

Il a été dit dans le Traité de l’Espace : l’exploration et l’exploitation de l’espace sont une cause commune pour l’humanité, une cause qui doit servir au bien-être de l’ensemble de l’humanité. En ouvrant sa station spatiale au monde entier, la Chine honore les principes du traité. Tiangong va devenir le foyer des tous les humains dans l’espace.