Commentaire : Au bout de 100 jours, l’administration Biden se cale dans une incompréhension de la Chine

RCI 2021-04-29 22:14:32
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À la veille de ses 100 premiers jours à la Maison Blanche, le président américain Joe Biden a prononcé le 28 avril, un discours au Congrès, dans lequel il a haussé le ton face à la Chine, l'accusant « de pratiques commerciales déloyales », et disant que son pays maintiendra une forte présence militaire dans l’Indo-Pacifique tout en poursuivant « leurs engagements envers les Droits de l’homme et les libertés. »

« Concurrence, coopération, confrontation », telle est la ligne de conduite de l’administration Biden concernant la Chine. Lors de la conférence de Munich sur la sécurité en février, Biden a annoncé en fanfare que "les États-Unis sont de retour" et il a prôné la soi-disant "démocratie contre l'autocratie", ce qui a donné le ton à sa politique étrangère globale.

Après trois mois passés dans l’exercice de ses fonctions, Joe Biden a fait comprendre au monde l’importance de la confrontation dans sa politique chinoise. L’administration Biden a à la fois poursuivi et ajusté les politiques de son prédécesseur. Elle a poursuivi l'objectif stratégique déterminé déjà par Washington, celui de contenir la Chine, tout en continuant la confrontation idéologique entamée par des politiciens, comme Mike Pompeo. La méthode est simplement différente. En défendant le "multilatéralisme", l’administration Biden se réconcilie avec les alliés pour les embarquer dans un encerclement contre la Chine.

Économiquement, l’administration Biden ne montre aucun signe d'apaiser la guerre commerciale avec la Chine et continue d'imposer de nouvelles sanctions contre les entreprises technologiques chinoises. Sur le plan politique, Washington a franchi à plusieurs reprises la « ligne rouge » de la Chine, sur des questions sensibles relatives au Xinjiang, Hong Kong et Taïwan. Au niveau militaire, les États-Unis ont prôné que « la Chine est la plus grande menace », persuadant ses alliés à effectuer des exercices en mer de Chine méridionale. Même dans l’élaboration des plans nationaux pour renforcer la construction des infrastructures et développer l’industrie des nouvelles énergies, l’administration Biden n’a pas oublié de souligner la menace que constitue la Chine, si « les États-Unis sont surpassés par elle.

Dans l'ensemble, l'administration Biden prend la Chine pour son plus grand rival et adopte une ligne plus dure envers elle par rapport à son prédécesseur.

La Maison Blanche a aujourd’hui un nouveau locataire, mais Washington se cale toujours dans son incompréhension de la Chine. Il ne peut pas accepter le développement de la Chine, et croit à tort que la Chine vise à dépasser les États-Unis et à renverser l'ordre mondial dominé par l'Occident. Il répand donc la soi-disant « menace chinoise », préconisant la confrontation idéologique, et n'hésite pas à entraîner le monde dans une « nouvelle guerre froide ». Cette stratégie est dangereuse pour les États-Unis eux-mêmes, mais aussi pour le monde.

Kishore Mahbubani, universitaire à l’Université nationale de Singapour, a écrit il y a quelques jours que si l'administration Biden continue de mettre en œuvre la même politique chinoise que l'administration Trump, les États-Unis ne pourront qu’être affaiblis, et la Chine deviendra plus forte, avec plus de partenaires dans le monde que les États-Unis. Pour Graham Allison, professeur à l'Université Harvard, la Chine et les États-Unis sont des concurrents, mais ils doivent également trouver une marge de coopération dans des domaines tels que le changement climatique et la lutte contre la pandémie. Les deux parties doivent trouver des moyens d'éviter les conflits et les guerres.

La Chine ne vise pas à surpasser les États-Unis, son objectif est de procurer à la population une vie meilleure. Elle n’a pas l’intention de défier ou de remplacer qui que ce soit. Washington doit arrêter ses manœuvres risquant une escalade de confrontation, et reprendre la coopération et entrer en saine concurrence avec la Chine. Comme l’ancien secrétaire d’État américain Henry Alfred Kissinger l’a récemment déclaré dans une interview, les États-Unis doivent apprendre à « coexister » avec un vaste pays comme la Chine.

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