Politique à l’égard de la Chine : des divergences visibles entre les États-Unis et l’Europe

RCI 2021-03-31 14:22:46
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Le sommet de l’UE s’est tenu en format vidéo il y a quelques jours. Le président américain Joe Biden y a participé par visioconférence. Cette réunion est considérée comme une tentative importante de coordonner les relations transatlantiques. Lors de ce sommet, le nouveau locataire de la Maison Blanche a discuté avec les alliés européens pour « redynamiser les relations entre les États-Unis et l’Europe ».

Cependant, l’UE n’a pas répondu positivement aux tentatives répétées des États-Unis de se liguer avec l’UE contre la Chine. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré plus tôt, que l’Europe n’était plus l’Europe d’il y a quatre ans, mais une Europe qui marche vers l’autonomie stratégique. Pour sa part, le président du Conseil européen Charles Michel a déclaré que l’UE devrait adopter une approche plus stratégique pour protéger ses propres intérêts.

Avant le sommet, le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est spécialement déplacé à Bruxelles pour participer à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN. Il a également tenu une réunion avec le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Le chef de la diplomatie américaine a clairement exprimé son intention de se liguer avec les alliés contre la Chine.

De toute évidence, l’UE garde toute sa lucidité. Selon Bloomberg, dans une interview aux médias à l’issue du sommet de l’UE, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré que « l’UE et les États-Unis ont un fondement de valeurs communes, ce qui est cohérent. Mais d’un autre côté, nous avons aussi nos propres intérêts. » Ce n’est pas la première fois que Mme Merkel fait une déclaration similaire.

Le 7 février, lors d’une visioconférence du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité, Mme Merkel a souligné que « l’UE devrait avoir sa propre politique à l’égard de la Chine ». Le 19 février, à l’issue du sommet du G7, la chancelière allemande a souligné que le G7 espère renforcer la coopération avec le reste du monde, en particulier avec la Chine. À l’instar de Merkel, le président français Emmanuel Macron a souligné à plusieurs reprises l’importance de la poursuite par l’Europe d’une autonomie stratégique.

Non seulement en termes de politiques envers la Chine, mais aussi en termes de politiques envers la Russie et le Moyen-Orient et de lutte contre le changement climatique, l’Europe et les États-Unis ont des intérêts et des positions différents. Lors de son déplacement en Europe, Blinken a publiquement dénoncé le projet de gazoduc « Nord Stream 2 » reliant la Russie à l’Allemagne, en le qualifiant de « mauvaise idée ». Le chef de la diplomatie américaine a même menacé d’imposer de nouvelles sanctions.

À en croire Markku Siira, un analyste géopolitique finlandais, les États-Unis espèrent renouer l’amitié d’autrefois avec l’UE dans le but de retrouver le leadership et revenir à un monde unipolaire tel que dans les années 1990. L’attitude de Merkel illustre la différence fondamentale entre l’Europe et les États-Unis, c’est-à-dire que les États-Unis exigent que l’Europe continue d’obéir à Washington, tandis que l’UE espère faire davantage entendre sa voix dans les affaires internationales et s’efforce de devenir un pôle plus indépendant et plus influent.

D’une part, c’est le piège de la « rivalité entre grandes puissances » soigneusement conçu par les États-Unis, et d’autre part, c’est la Chine, un partenaire pragmatique en plein essor et à grand potentiel. L’UE, qui recherche l’autonomie stratégique, sait trancher !

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