États-Unis : les riches encore plus riches, les pauvres encore plus pauvres

RCI 2021-01-20 13:34:44
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Selon les dernières données du Département du Travail des États-Unis, au cours de la semaine terminée le 9 janvier, le nombre de personnes qui demandent pour la première fois des allocations de chômage s’est élevé à 965 000, atteignant le niveau le plus élevé depuis août 2020. Il convient de noter que les premières demandes d’allocations de chômage ont varié entre 700 000 et 900 000 pendant plusieurs semaines consécutives. Un niveau bien supérieur à celui d’avant la COVID-19, soit environ 200 000 premières demandes par semaine.

Selon les médias américains, à la mi-octobre de l’année dernière, la richesse des milliardaires américains était passée à 3880 milliards de dollars américains, soit une augmentation de 931 milliards de dollars par rapport à mars de l’année dernière. Les données de la Fed montrent qu’au deuxième trimestre de l’année dernière, la richesse nette des ménages américains a augmenté de près de 7% par rapport à la période précédente, mais ces gains ont principalement été récoltés par les ménages les plus riches.

Dans le contexte de l’épidémie, les inégalités entre riches et pauvres se sont davantage creusées. Bénéficiaires de la hausse du marché boursier générée par les mesures d’assouplissement quantitatif, les riches ont vu leur richesse continuer d’augmenter. Ils ont un accès prioritaire aux tests de dépistage du coronavirus et à la vaccination contre la COVID-19. Cependant, de plus en plus de pauvres ont beaucoup de difficultés à se nourrir et à se faire soigner. Derrière ces phénomènes contrastés, la société américaine se déchire à un rythme accéléré.

Selon les résultats de l’enquête publiés par le Pew Research Center en juillet 2018, depuis les années 1970, les écarts entre riches et pauvres aux États-Unis se sont considérablement élargis. Un rapport de la Fed montre qu’en 2020, les 1% et 10% les plus riches de la population américaine représenteront respectivement 30,5% et 69% de la richesse totale des ménages, tandis que les 50% les plus pauvres ne représenteront que 1,9% de l’ensemble de la richesse des ménages.

Les politiciens américains parlent d’« égalité » et d’« équité » à la moindre occasion et s’en servent pour vanter la supériorité de leur système. Mais le fossé entre riches et pauvres qui ne cesse de se creuser au sein de la société américaine leur rappelle que les contradictions profondes du système capitaliste ne peuvent être dissimulées.

Certains universitaires britanniques ont souligné que les politiques néolibérales mises en œuvre par le gouvernement américain étaient à l’origine de l’aggravation brutale des inégalités entre riches et pauvres aux États-Unis. Ces politiques mettent l’accent sur la privatisation, la commercialisation et la libéralisation et privilégient les intérêts des riches. Selon l’analyse de l’Institut sur la fiscalité et la politique économique, 27% des revenus générés par les réductions d’impôts aux États-Unis en 2019 devraient aller dans les poches des 1% des Américains les plus riches.

On peut dire que le gouvernement américain est devenu le porte-parole des riches. Les décideurs de la Maison Blanche n’ont tout simplement pas le temps de s’occuper des dizaines de millions de personnes qui vivent dans l’indigence, et font tomber même de plus en plus d’Américains dans l’abîme de l’extrême pauvreté. Comme l’a dit le Rapporteur spécial des Nations unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, Philip Alston, « la persistance de l’extrême pauvreté (aux États-Unis) est un choix politique fait par ceux qui sont au pouvoir ».

Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que la réduction de l’écart entre riches et pauvres à l’avenir est un fantasme irréaliste aux États-Unis. Comme l’a souligné l’économiste français Thomas Piketty dans son livre « Le capital au 21e siècle », considérant que le taux de rendement du capital est beaucoup plus élevé que le taux de croissance de la productivité, la polarisation de la société capitaliste deviendra sûrement de plus en plus grave.

Dans ce contexte, même si le gouvernement américain publie un plan de sauvetage après l’autre, il ne changera pas les inégalités structurelles entre riches et pauvres au sein de la société américaine.

« Les riches deviennent encore plus riches, les pauvres encore plus pauvres. » Tel est déjà un cercle vicieux dont les États-Unis ne peuvent sortir. Sous le coup de l’épidémie, la vie des ménages américains s’avère de plus en plus difficile, mais la richesse des riches peut rester intacte et même continuer à s’accumuler. Cette contradiction ne cesse d’aggraver la crise structurelle de la société. Le « modèle démocratique » devient ainsi une triste plaisanterie.

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