Aux Etats-Unis, une gestion de la crise par mensonge et obscurantisme
« Je n’ai pas l’intention de farder la réalité. Nous sommes en train de craquer ! » S’est exclamé devant les médias Brad Spellberg, le médecin en chef au centre hospitalier de l’University of Southern California. La semaine qui vient de s’écouler a constaté une augmentation explosive des cas de contamination en Californie, où les établissements sanitaires se retrouvaient en saturation.
Ce n’est pas l’état de la Californie, mais tous les Etats-Unis qui sont au bord du gouffre. Durant la semaine passée, on a rapporté chaque jour plus de 210 000 nouveaux cas confirmés et plus de 18 000 décès dus au Covid-19.
Les politiciens qui ont géré la crise avec leurs mensonges ne peuvent pas se laver de leur responsabilité devant une tragédie pareille. Washington Post a publié dans son numéro du 19 décembre un long article pour énumérer une à une les erreurs que l’administration américaine avait commises les 10 derniers mois durant.
Selon l’article, en mars dernier, Robert Kadlec, responsable au département de la santé, avait téléphoné à un grand industriel du textile pour discuter des possibilités de produire des masques en coton pour en distribuer à toutes les familles américaines. Ce projet a été suspendu par Marc Short, le chef du cabinet du vice-président Ponce. Monsieur Short ne se souciait pas de la pandémie, il ne s’intéressait qu’à défendre les grosses têtes politiques.
Les décideurs ne se fient pas à la science, les gens du peuple en subissent les conséquences. Une infirmière a récemment publié les images sanglantes du dernier moment de son fils ayant péri du Covid-19 à l’âge de 13 ans. La pauvre femme a voulu sans doute émettre une alarme à ses concitoyens pour qu’ils prennent la maladie plus au sérieux.
Hélas, les dirigeants des Etats-Unis sont un peu trop loin des gens du peuple pour comprendre leur douleur. Tout ce qu’ils font actuellement est d’annoncer que les vaccins arriveront pour en finir une fois pour toutes avec la maladie. Mais le directeur général de l’OMS l’a déjà rappelé, l’arrivée des vaccins ne rendra pas moins nécessaires les mesures de barrière sanitaires. La lucidité compte plus que le vaccin.
Alors que c’est la lucidité qui manque le plus aux messieurs de Washington. On dirait que la propagation accélérée du virus ne leur fait rien. Le président et son épouse viennent de tenir à la Maison blanche une série de festins. Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo avait insisté pour convier 900 personnes à une fête dans les locaux du Département d’Etat, dont il s’est finalement absenté après avoir été en contact avec une personne testée positive.
« Le président a laissé tomber la gestion de la crise sanitaire. Tout ce qu’il fait est de diffuser des fausses informations », a lancé Washington Post. Pour le gouverneur de Maryland Larry Hogan, « le général a disparu au moment le plus pénible du combat ».
Les pires jours de l’hiver sont en route pour les Américains. Les chercheurs de la Washington University prévoient 237 000 morts à cause du Covid-19 dans les trois mois qui viennent. Soit presque deux personnes tuées par la maladie toutes les deux minutes. Un avenir terrifiant…Les politiciens américains resteront-ils indifférents ?
Reste à savoir pour combien de temps encore la tragédie humaine va perdurer aux Etats-Unis. Un passage honteux et triste pour la superpuissance mondiale.