Rompre avec la Chine ? Un jeu bien trop stupide…

RCI 2020-09-29 22:00:31
Share
Share this with Close
Messenger Messenger Pinterest LinkedIn WeChat

Parlant de la « guerre technologique » déclenchée par Washington contre Beijing, James Kynge, journaliste du Financial Times, estime que les Etats-Unis devront probablement la perdre. Parce que, soutient-il, cette répression exercée en court et long terme pourrait bien se retourner contre les Etats-Unis eux-mêmes.

De Huawei à TikTok en passant par Wechat, des entreprises chinoises se succèdent pour devenir victimes de la frénésie des politiciens américains qui se livrent à une attaque sans scrupule. Pourtant, cette campagne de « rupture » risque d’être plutôt suicidaire que favorable vis-à-vis de Washington.

Intimider les concurrents internationaux revient à donner l’image d’un marché américain hostile, avec la montée des risques politiques. Une telle stratégie ne peut que faire partir les entreprises chinoises et autres investisseurs potentiels et nuire à la compétitivité des Etats-Unis.

Or aucun fait ne prouve que TikTok avait collecté des informations au profit du gouvernement chinois, comme l’a noté le journal britannique The Guardian. Le CIA a également avoué cette réalité dans son dernier rapport remis à la Maison Blanche. Il est clair que le gouvernement américain a agi dans une méfiance totale à l’égard des entreprises étrangères et sur la base de la pure calomnie à l’encontre de celles-ci. Il est temps de poser la question : si Washington ne fait pas confiance aux entreprises technologiques étrangères, comment les autres pays pourraient-ils faire confiance aux entreprises américaines ? Si chaque pays, à l’image des Etats-Unis, pouvait s’autoriser de malmener les sociétés américaines sous prétexte de la sûreté de l’Etat, c’est la boîte de Pandore qui sera ouverte.

L’actuel gouvernement des Etats-Unis a grandement contribué à réduire l’attractivité des produits Made In USA désormais considérés comme étant « politiquement sensibles » à l’international. Casser les chaînes d’approvisionnement de Huawei poussera les fabricants à se tourner vers des fournisseurs en dehors des Etats-Unis : les sociétés américaines verront leur part de marché réduit. Ce qui est déjà arrivé à Qualcomm, le géant américain des puces qui réalisait 65% de ses recettes en Chine, prévoit pour l’exercice 2019 le pire résultat depuis 7 ans, une baisse essentiellement attribuée à la chute des commandes venant de Chine.

Réagissant à la décision de Washington de mettre le groupe chinois SMIC sur la liste des entreprises sanctionnées, la SEMI, association internationale du semi-conducteur qui compte 2400 membres dans le monde a envoyé une lettre à Wilbur Ross, secrétaire au commerce, demandant vivement au Département américain au Commerce de revenir sur sa décision, pour ne pas impacter à long terme l’économie et la sécurité des Etats-Unis.

En effet, le secteur américain du semi-conducteur pourrait essuyer une perte annuelle de 5 milliards de dollars si la décision rentre en vigueur. Il y a peu, plusieurs dizaines d’entreprises américaines se sont opposées à la décision de l’administration Trump d’interdire Wechat aux Etats-Unis. Le milieu d’affaires a un raisonnement net et simple : ces interdictions l’empêcheraient de profiter du marché chinois.

Quelque 3 500 sociétés américaines dont Tesla, Ford, Target, Walgreens et The Home Depot ont intenté un procès contre leur gouvernement qui aurait imposé « illégalement » des taxes sur 300 milliards de dollars de produits chinois. Un responsable de Walgreens se plaint de la hausse des prix des fournitures de bureaux et autres articles d’usage quotidien. Alors que les dirigeants américains ont plaidé pour une guerre commerciale qui dure, « plus elle dure, plus la Chine sera faible et nous serons forts », disaient-ils. La réalité les contredit bien.

«Vous obligez la Chine à fabriquer elle-même des puces. Dans le futur en cas de conflit, vous allez perdre les emplois bien payés, alors que la Chine deviendra totalement autonome », a analysé Bill Gates lors d’une interview accordée à Bloomberg News, « est-ce que c’est vraiment dans l’intérêt des Etats-Unis » ? S’est interrogé le fondateur de Microsoft.

Le fait est que la Chine travaille d’arrache-pied pour développer les techniques et matières clés : le pneu aérospatial, l’acier à roulement, le stepper, ou autres techniques figurant sur la liste noire des Etats-Unis. La Chine est fin prête pour subir à long terme un embargo technologique posé par Washington.

Partager

Articles les plus lus