« Rupture avec la Chine », ce poison que des politiciens américains tentent de faire avaler les entreprises de leur pays

2020-08-29 21:36:00
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L’actuel locataire de la Maison Blanche a encore repris son vieux refrain de « rupture », clamant que les Etats-Unis « n’étaient pas obligés de faire du commerce avec la Chine ». Cette petite musique, pas agréable à l’oreille, les politiciens américains ne cessent de la chanter depuis un temps. En pleine campagne électorale pour la présidentielle de novembre prochain, ces politiciens, malgré tous leurs efforts jusque-là n’ont livré qu’un show politique pour le moins médiocre.

Que les entreprises américaines arrêtent de traiter avec la Chine ? Cette proposition venimeuse avancée par les politiciens n’a pas recueilli l’assentiment des entreprises américaines, qui l’ont rejetée sans commune mesure.

Le décret du président Trump interdisant, dès le 20 septembre prochain, aux personnes physiques et morales américaines toute transaction avec le géant chinois de l’Internet Tecent, propriétaire du très célèbre réseau social Wechat.

Comme il fallait s’y attendre, cet ultimatum du président américain a rencontré une vive opposition de grandes entreprises américaines dont Apple, Ford, Goldman Sachs, Walmart ou encore P&G. Lors de leur conférence téléphonique avec la Maison Blanche, les chefs d’une dizaine de transnationales basées aux Etats-Unis ont mis en garde contre le déclin de la compétitivité des entreprises américaines sur le marché de la 2e économie du monde au cas la menace d’interdiction de Wechat entrerait en vigueur.

Avec ses plus d’un milliard d’utilisateurs à travers le monde, Wechat est une méga application couvrant toutes les opérations quotidiennes, du marketing au paiement en passant par la communication et l’e-commerce. Un outil incontournable pour faire des affaires en Chine.

Certes, cette interdiction est un coup dur pour le géant chinois, mais ce sont des entreprises américaines qui en ressentiront le grand choc, a commenté Financial Times. Prenons les exemples de Walmart et de Starbuck qui utilisent beaucoup le mini-programme de Wechat pour servir les clients locaux : les commandes et achats passés par cette plateforme ont représenté l’an dernier une recette de 115 milliards de dollars. Quel commerçant serait prêt à laisser un marché pareil ?

Les politiciens semblent céder devant la pression du milieu d’affaires. Bloomberg News révèle que quelques semaines après l’annonce de l’interdiction, des responsables gouvernementaux se sont entretenus en privé avec les chefs d’entreprises dont celui d’Apple, pour leur faire comprendre qu’ils seraient toujours autorisés à utiliser le Wechat en Chine. La médiocre comédie de « rupture » risque de n’accoucher que d’une illusion.

Les sociétés américaines ont besoin du marché chinois, ceci est simplement incontestable. La Chambre de commerce américaine en Chine affirme avoir reçu la demande de presque 200 personnes en l’espace de 3 jours, une fois qu’elle avait annoncé la date du 12 septembre pour le vol charter de Los Angles à Beijing, le premier entre les deux pays depuis le début de la crise sanitaire. Ces hommes et femmes d’affaires américains, qui ont hâte de revenir en Chine, ne sont pas prêts à soutenir l’interdiction de commercer avec la Chine.

Les deux plus grandes économies du monde sont interdépendantes. Henry Farell, professeur à l’Université George Washington compare les deux économies à des sœurs siamoises qui partagent des organes et le même système sanguin. Les séparer de manière brutale ne peut que blesser les deux et le reste du monde subira l’impact d’une telle chirurgie osée.

Selon les estimations de la Deutsche Bank, si on ne gère pas les contentieux et les laisse aboutir à une « rupture technologique » entre la Chine et les Etats-Unis, les entreprises technologiques du monde entier pourraient perdre dans les 5 ans à venir jusqu’à 3 500 milliards de dollars, soit le double du volume économique du Canada en 2019. Et cette éventuelle perte retomberait majoritairement sur les entreprises américaines, précise la banque allemande.

Chinois et Américains ont tiré profit de manière égale de leur coopération sur les plans économique, commercial, humain, culturel et technologique. Aucun des deux pays n’a été perdant, aucun n’a abusé de l’autre. Une dernière étude réalisée par le Peterson Institute for International Economics des Etats-Unis fait constat d’un regain d’intérêt des Américains pour la Chine, ces derniers ans. Le volume des titres et dettes chinois détenus par les étrangers dont notamment les Américains s’est accru de manière stable.

Moody’s vient de relever ses prévisions pour l’économie chinoise de 1% à 1,9%. L’agence prévoit en outre une croissance de 7% pour la Chine en 2021. La bonne santé de la 2e économie du monde a sans aucun doute raffermi la confiance des entreprises du monde entier.

Quant aux politiciens qui passent leur temps à faire du cirque politique, il est grand temps pour eux de revenir à la raison et d’être attentifs à ce qui se dit dans le milieu d’affaires américain.

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