Les calculs de Pompeo pour sa visite en République tchèque

RCI 2020-08-15 20:31:10
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Les 11 et 12 août, le secrétaire d'État des États-Unis Mike Pompeo a effectué une visite officielle en République tchèque, première étape de sa tournée dans quatre pays d’Europe centrale. Pourquoi a-t-il commencé cette tournée par la République tchèque ? Premièrement, pour renforcer l'alliance et la coopération transatlantique entre les États-Unis et la République tchèque; deuxièmement, il avait prévu de s’y rendre en mai 2020 pour participer aux célébrations du 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et pour la deuxième Conférence internationale sur la sécurité 5G, mais cette visite a été repoussée en raison de la pandémie de COVID-19; troisièmement, depuis plus d’un an, les relations sino-tchèques et russo-tchèques ont connu des problèmes.

Cependant, les intérêts des Tchèques et des Américains ne sont pas cohérents. Les États-Unis focalisent sur la cybersécurité, la 5G, l'énergie nucléaire et l'influence croissante de la Chine et de la Russie dans le monde et espèrent que la République tchèque se joindra aux États-Unis dans les domaines susmentionnés pour réprimer ensemble la Chine et la Russie. La partie tchèque espère renforcer la coopération avec les États-Unis dans les domaines économique, technologique et de la sécurité, et se montre plus pragmatique à l'égard de la Chine et de la Russie. Par conséquent, il existe un décalage entre les attentes et le résultat pour Pompeo, mais ses objectifs ont été partiellement réalisés à l’issue de cette visite.

En 2009, le président américain Barack Obama a décidé d'abandonner le déploiement de radars en République tchèque afin d’améliorer les relations avec la Russie. Les relations américano-tchèques ont connu un froid depuis, avec peu de visites réciproques de haut niveau. En décembre 2018, l'Agence nationale tchèque de sécurité des réseaux et de l'information a émis un avertissement contre les produits de Huawei et de ZTE, le premier pays parmi les nations d'Europe centrale et orientale. Les États-Unis commencent à s'intéresser à la République tchèque. Lors de cette visite en République tchèque, Pompeo a poursuivi les discussions avec les dirigeants tchèques dans des dossiers traditionnels dont la cybersécurité, l'énergie, la sécurité et la technologie, ce qui favorise la coopération bilatérale.

Durant sa visite en République tchèque, Pompeo a rencontré le président du Sénat Miloš Vystrčil, qui compte conduire une délégation commerciale et technologique à visiter Taïwan fin août, malgré les oppositions des leaders politiques tchèques et l’indignation du gouvernement chinois. Les États-Unis qui jouent la carte de Taïwan, soutiennent volontairement la prochaine visite de Miloš Vystrčil à Taïwan.

Pourtant les États-Unis n’ont pas obtenu la promesse tchèque d’interdire Huawei dans le déploiement de la 5G sur son territoire. En mai dernier, le Premier ministre tchèque Andrej Babiš et Mike Pompeo ont signé une déclaration conjointe au sujet de la sécurité de la 5G, dans laquelle à la déception de la partie américaine, la République tchèque n’a pas fermé complètement la porte à Huawei. Durant cette visite, Pompeo n’a toujours pas pu faire changer d’avis la partie tchèque, alors que le président tchèque Miloš Zeman a même fait comprendre à Pompeo que son pays adopte une diplomatie économique pragmatique dans ses relations avec la Chine et la Russie, et ce pour ses propres intérêts au lieu des intérêts d’un pays tiers.

Sur le dossier de l’énergie nucléaire, Pompeo n’a obtenu aucun avantage pour les constructeurs américains. Pour le contrat du centre nucléaire Dukovany, la République tchèque n’a pas signé de mémorandum avec les États-Unis pour rester conforme au protocole de l’Union européenne.

Après avoir visité le Royaume-Uni et le Danemark en juillet, Pompeo s'est rendu de nouveaux en Europe, malgré l’épidémie de COVID-19. L'objectif de sa visite est toujours d'unir les alliés européens pour contrarier la Chine et la Russie. Mais ses calculs risquent de tomber à l’eau, et la République tchèque en est un bon exemple.

Par Mme Jiang Li, chercheuse au centre Russie-Europe de l’Est-Asie centrale de l'Académie des Sciences sociales de Chine

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