La Chine et l'UE : partenaires ou rivales systémiques ?

CGTNF 2020-08-11 16:55:56
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Note de l'éditeur : Xing Yutang est chercheur associé de l'Académie d'études sur la Chine contemporaine et le monde. L'article reflète les opinions de l'auteur, et pas nécessairement celles de CGTN.

Le 28 mars, les trains Chine-Europe ont repris leurs opérations entre Wuhan de Chine et Duisburg d'Allemagne, apportant des matériels anti-épidémiques et des biens de consommation indispensables à l'Allemagne, la France, la Hongrie, la Pologne et d'autres pays européens. Au port ferroviaire international de Chengdu, qui fait partie de la zone de libre-échange pilote de Chine (Sichuan), ces trains relient les villes chinoises et européennes, apportant une grande variété de vins hors taxes et d'autres produits européens en Chine. Les statistiques montrent que, au premier semestre de cette année, le nombre de trains Chine-Europe a considérablement augmenté, avec 5 122 trains en circulation, soit une augmentation de 36 % d'une année sur l'autre. Cela reflète le développement vigoureux et l'importance des relations économiques et commerciales Chine-UE.

Cette année marque le 45e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques Chine-UE. La Chine et l'UE sont deux des plus grands négociants au monde. La Chine est désormais le deuxième partenaire commercial de l'UE derrière les États-Unis, et l'UE est le premier partenaire commercial de la Chine. Selon les statistiques de la Commission européenne, la Chine est la plus grande source d'importations de l'UE et son 2e marché d'exportation. La Chine et l'Europe échangent plus d'un milliard d'euros en moyenne par jour.

Les deux parties sont attachées à un partenariat stratégique global, mais la position de l'UE à l'égard de la Chine est très complexe. Elle a qualifié la Chine de « partenaire de coopération », « partenaire de négociation », « concurrente économique » et « rivale systémique » dans sa déclaration politique intitulée « UE-Chine - Une perspective stratégique en 2019 ». En raison de ces perspectives complexes que l'UE a envers la Chine, les modalités d'engagement de l'UE avec la Chine ont été différenciées en fonction des questions et des politiques en jeu. Elle a été proactive dans ses relations commerciales et d'investissement avec la Chine, mais a pris des mesures susceptibles de saper les relations bilatérales. Par exemple, le 30 juillet, l'UE a sanctionné deux ressortissants chinois et une entreprise chinoise pour des cyberattaques présumées.

La Chine et l'Union Européenne sont, en effet, différentes dans un grand nombre de domaines tels que les systèmes politiques, les idéologies et la gouvernance. Cependant, les deux parties ont plus de raisons de coopérer que de se battre. Comme l'a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi lors de la réunion avec son homologue italien Luigi Di Maio le 30 juillet, il est important pour la Chine et l'UE de se respecter, de s'apprécier et d'apprendre l'un de l'autre, afin de faire du monde un lieu plus diversifié, où on partage le progrès et la prospérité entre des pays de civilisations variées et de différents modèles de développement.

La Chine et l'UE ne sont pas des rivales systémiques, mais des partenaires stratégiques globales. Les deux parties partagent des intérêts économiques étendus, qui font de leur coopération une nécessité plutôt qu'un choix. Malgré les défis posés par le COVID-19 et l'escalade des tensions sino-américaines, nous avons récemment constaté de fréquents échanges de haut niveau entre la Chine et l'UE : le 28 juillet, le vice-premier ministre chinois Liu He et le vice-président exécutif de la Commission européenne Valdis Dombrovskis ont coprésidé le 8e Dialogue économique et commercial de haut niveau Chine-UE ; le 29 juillet, le vice-premier ministre chinois Han Zheng a tenu une réunion vidéo avec le vice-président exécutif Frans Timmermans de la Commission européenne. Il semble que les relations bilatérales prennent de l'ampleur, alors que les deux parties font face au COVID-19 et à ses répercussions désastreuses.

« La crise actuelle ne nous donne pas d'autre choix que de travailler main dans la main avec nos partenaires mondiaux, y compris la Chine. En unissant nos efforts, nous pouvons relancer plus rapidement l'économie et progresser dans des domaines d'intérêt mutuel tels que les relations en matière de commerce et d'investissement », a déclaré Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission européenne, à la veille du 8e dialogue commercial et économique de haut niveau entre la Chine et l'UE. Il semble que l'UE soit toujours ouverte à la coopération avec la Chine, en particulier en matière de commerce et d'investissement, mais il reste quelques problèmes qui font obstacle aux relations bilatérales. « Nous avons encore quelques problèmes à régler, comme la réciprocité dans la manière dont nos entreprises sont traitées. Nous devrons faire de nouveaux progrès sur ces questions et d'autres encore avant le prochain sommet des dirigeants à l'automne », déclaré M. Dombrovskis.

En termes de relations Chine-UE, la Chine a toujours soutenu l'intégration européenne et se félicite d'une UE plus forte jouant un rôle plus important dans les affaires internationales. La Chine et l'UE ont un intérêt majeur dans la prospérité et la croissance durable de l'autre. Les deux parties sont des partenaires et non des concurrentes, certainement pas des rivales systémiques, comme en témoignent leurs chiffres commerciaux. Selon l'Administration générale des douanes de Chine, au premier semestre de cette année, le volume des échanges bilatéraux entre la Chine et l'UE a atteint 284,157 milliards de dollars américains. Dans un monde globalisé, il est tout naturel que les deux plus grandes économies ayant des modèles de gouvernance différents, se concurrencent d'une manière ou d'une autre, mais elles sont très complémentaires l'une de l'autre. Les deux parties peuvent bénéficier beaucoup plus d'une coopération que de ce qu'elles peuvent perdre d'une rivalité.

Alors que les deux parties progressent dans les négociations sur le commerce et l'investissement, les États-Unis accorderont une attention particulière. La question de savoir si l'UE peut maintenir son indépendance stratégique et agir dans ses propres intérêts fondamentaux à long terme sous la pression des États-Unis, ce qui est un test majeur pour les dirigeants de l'UE. Confrontés aux défis et aux difficultés engendrés par la pandémie, la Chine et l'UE ont la possibilité d'établir des relations bilatérales plus étroites. Alors que les États-Unis attisent la confrontation idéologique pour son propre gain, l'UE doit rester vigilante. Plus important encore, la Chine et l'UE doivent travailler en étroite collaboration pour relever les défis mondiaux, résister à la vague de démondialisation et faire progresser le multilatéralisme, afin de faciliter une reprise économique rapide et d'offrir des avantages tangibles aux populations des deux côtés.

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