Du « Printemps arabe » au « Printemps américain », les Etats-Unis paient de leurs fautes

RCI 2020-06-05 21:59:05
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La mort de George Floyd a conduit à des manifestations à grande échelle aux Etats-Unis. Dans certaines villes, l’ampleur des protestations a donné lieu à des scènes de pillage et de recours aux armes à feu. Face à cette flambée de violence, le président Donald Trump a déclaré dans un discours télévisé national qu'il allait déployer «des milliers de militaires lourdement armés» pour mettre un terme aux manifestations, en invoquant la «Loi sur l’insurrection». Les Etats-Unis sont en train de vivre «le printemp américain», pensent de nombreux Américains, qui se réfèrent à la vague déferlante du « printemps arabe ».

Comme on le sait, les Etats-Unis n’ont de cesse de s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays. Ils y vont au nom «des droits de l’Homme», tout en voulant promouvoir la démocratie à l’américaine. Ils sèment les troubles dans d’autres pays où ils interviennent et subvertissent des régimes qui s’opposent à eux. Dix ans déjà, le « printemps arabe» a eu le malheur de détruire l'ordre social et d’impacter sur le tissu économique et la stabilité des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Sur ce point précis, le président égyptien Abdel Fattah al Sisi a déploré la destruction d’infrastructures due aux troubles en Syrie, en Irak, en Libye et au Yémen. Des pertes étaient évaluées à 900 milliards de dollars, avait-il précisé, ajoutant que plus de 1,4 million de personnes avaient été tuées lors des troubles, qui ont occasionné plus de 15 millions de réfugiés.

En 2019, quand la Région administrative spéciale de Hong Kong vivait le chaos, occasionné pas l’amendement de la Loi d’extradiction, les politiciens américains reprenaient le même jeu. Ils rencontraient les figures de l’opposition et les organisateurs des émeutes, accusant le gouvernement et la police d’usage excessif de force, alors que la police de Hong Kong ne faisait que son travail de restaurer l’ordre et de faire régner la sécurité dans la ville. Pour ces politiciens américains, les fauteurs de troubles à Hong Kong n’étaient que des citoyens «en quête de la liberté et de la démocratie». Aujourd’hui, ce sont ces mêmes politiciens américains qui condamnent avec la plus grande fermeté les manifestations actuelles aux Etats-Unis.

Le sénateur Tom Cotton a, par exemple, tweeté qu'il voudrait déployer cinq groupes de force de réaction rapide, dont les parachutistes de la 101ème Airborne, qui devraient traiter les manifestants de « terroristes ». Pris au piège, Tom Cotton fut celui qui encourageait les manifestants radicaux de Hong Kong, les prenant pour des «personnes courageuses». C’était juste l’année passée.

Le « double standard » que jouent ces politiciens américains révèle non seulement leur hypocrisie, mais met également les diplomates américains à l'étranger dans l’embarras. C’est le cas du site américain «Politico» qui fait écho à la déclaration de Molly Montgomery, l’ancienne diplomate en Afghanistan et en Bosnie-Herzégovine, qui dit: «Nos diplomates sont habitués à se dire préoccupés par les violations des droits de l'Homme dans d'autres pays. Aujourd'hui, les gouvernements étrangers leur demandent d'expliquer notre position dans ce qui se passe actuellement dans notre pays. C'est un moment difficile pour les diplomates engagés dans la promotion des valeurs américaines à l'étranger, un moment qui mérite la réflexion». Les alliés traditionnels des Etats-Unis sont également consternés par le comportement de ces politiciens américains. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau est resté muet, sans voix, pendant 21 secondes à la question de savoir comment percevait-il l’appel de Donal Trump au recours à la force militaire contre des manifestants.

Les Etats-Unis, qui sèment des troubles dans d'autres pays depuis de nombreuses années, vivent présentement la même situation. Ils sont dans un cercle vicieux de violence. Le «doubles standard» ne résoudra pas le racisme enraciné ou la violence policière dans leur pays. A la place de rendre l’Amérique grande, les Etats-Unis tombent dans les actes d’injustice sociale, des politiques du vieux temps qui leur coûteront cher.

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