Commentaire : Les Etats-Unis doivent bien réfléchir avant de demander à leurs entreprises de quitter la Chine

RCI 2020-06-05 19:04:08
Share
Share this with Close
Messenger Messenger Pinterest LinkedIn WeChat

Ce serait une erreur monumentale de la part des Etats-Unis de rompre les liens économiques avec la Chine. Ce seront leurs entreprises, dont les importants investissements se trouvent en Chine, qui en ressentiront le coup, pensent plusieurs experts. Est-ce que les Etats-Unis seront prêts à payer le prix d’une éventuelle rupture des liens avec la Chine? Telle est la question que «Wall Street Journal» s’est posée dans un article publié le 3 juin. Pour ce journal, les «faucons» du gouvernement américain devront bien réfléchir par rapport aux pertes énormes que pourraient enregistrer les Etats-Unis dans l’éventualité de coupure des chaînes d’approvisionnement qui les lie à la Chine, et aussi de cessation de coopération avec la Chine en matière d’éducation

Les entreprises américaines sont les plus grands bénéficiaires de ce présent cycle de division internationale du travail», a récemment dit Zheng Yongnian, professeur à l’Institut de l’Asie oriental de National University of Singapour dans une interview. Pour lui, la rupture rigide par les Etats-Unis de leurs liens avec la Chine serait une action illogique et contraire à la nature des capitaux. Il leur faut d’abord prendre le coût de revient en considération. D’après cet article de «Wall Street journal», des entreprises chinoises sont les principaux clients des Etats-Unis dans le domaine de la haute technologie, et les étudiants chinois aux Etats-Unis aident les universités américaines à augmenter leurs revenus et à répondre au besoin d’insuffisance d’investissements dans les sciences fondamentales et la mathématique. Problème épineux qui embarrasse les Etats-Unis depuis des décennies. La rupture des liens avec la Chine impliquerait davantage de fonds fédéraux pour les recherches fondamentales. Entretemps, les consommateurs américains devront payer le coût plus élevé, alors que les chaînes d’approvisionnement seraient diversifiées.
Une autre question qui obsède les entreprises américaines, c’est que dans l’hypothèse de la rupture économique, toutes ces entreprises n’exerceront plus leurs activités en Chine, or la Chine représente pour l’heure un marché avec un nombre très important de consommateurs. Aussi, le marché chinois à des potentialités illimitées.
En dépit de la pandémie du COVID-19, un rapport récemment publié par Rhodium Group renseigne que le volume total des investissements annoncés par les entreprises américaines en Chine avait atteint 2,3 milliards USD au premier trimestre 2020. Des chiffres légèrement en deçà de la moyenne enregistrée en 2019. Le rapport soutient que les entreprises américaines n’ont pas l’idée de réduire considérablement leurs investissements en Chine. Un autre facteur, et non des moindres, est celui des difficultés que pourra encore rencontrer l’actuelle structure économique américaine, visiblement pas assez bien préparée pour supporter le poids du retour à la maison de certaines emplois. Durant les cinq décennies passées, les Etats-Unis se sont passés d’une superpuissance industrielle à un grand pays dont le développement économique dépend principalement du secteur de service. La pénurie de main-d’œuvre dans le secteur d’infrastructures et d’industries manufacturières va poser des problèmes sérieux au cas où, encore une fois, les Etats-Unis camperaient dans leur position de rupture des liens avec la Chine.

C’est pour toutes ces raisons que les entreprises américaines n’ont jamais répondu favorablement à l’appel de retour au bercail lancé par leur gouvernement. Et il s’avère que le poids de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière dans le PIB américain a baissé de 11% en 2019, soit le niveau le plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Chambre de commerce américaine a récemment appelé le gouvernement américain à la prudence, le priant de ne pas foncer loin avec son projet de rupture des liens d’approvisionnement avec la Chine. Sinon, l’économie américaine sera perdante, a-t-il encore averti.
Pour les entreprises transnationales, l’attraction du marché chinois consiste non seulement aux infrastructures performantes et aux industries complémentaires, mais aussi à l’ouverture de plus en plus élargie vers l’extérieur, et à l’amélioration constante de l’environnement commercial.

Grâce aux efforts conjoints des gouvernements chinois et allemand, deux vols affrétés ont ramené 200 cadres supérieurs allemands en Chine où ils ont repris leurs postes de travail, après un temps d’arrêt dû à l’épidémie. Cette opération va également se poursuivre pour les cadres japonais et sud-coréens.
A noter que le gouvernement chinois a publié récemment le plan général pour le port de libre-échange de Hainan, dans lequel qu’il a annoncé une série de politiques relative notamment au tarif douanier zéro de certains produits, au régime fiscal privilégié, à la facilitation de dédouanement, ainsi qu’à l’ouverture du secteur financier. Il s’agit d’une action concrète pour promouvoir l’ouverture de la Chine à un niveau plus élevé et contribuer davantage à la globalisation économique, ce qui augmentera sans doute l’attraction du marché chinois et offrira davantage d’opportunités aux entreprises transnationales.

Partager

Articles les plus lus