Sans distinction d’âge, la vie prime sur les chiffres

RCI 2020-05-25 21:15:41
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Le journal New York Times a publié dimanche un reportage spécial intitulé «Près de 100 000 morts aux Etats-Unis, une perte incalculable». La Une et quatre autres pages intérieures du journal sont dédiées à 1 000 décès dus au COVID-19 avec leurs noms, âges et professions. «Ils ne sont pas simplement des noms sur une liste, ils étaient nous», ce sous-titre émouvant du reportage fait penser à l’incertitude du destin et à la fragilité de la vie. Le chiffre de 100 000 morts est déjà pétrifiant, certes, l’expert américain en maladies infectieuses Anthony Fauci insiste toujours sur la possibilité de la sous-estimation du nombre de décès liés à l’épidémie de coronavirus. Selon lui, un grand nombre de contaminés sont morts dans leurs maisons. Ces décès n’ont pas été intégrés dans les calculs du bilan officiel des morts du COVID-19.

«Tous les hommes naissent égaux ». Ce consensus universellement admis ne justifie pas aux Etats-Unis en cette période de crise sanitaire. Toujours selon the New York Times, l’épidémie s’est propagée dans quelques 7 500 maisons de retraite aux Etats-Unis, au moins 25 600 personnes âgées et personnel travaillant dans l’asile ont perdu leurs vies. Bien que les cas de contaminations des vieux ne représentent que 10% du nombre total du pays, le chiffre des morts chez les personnes de troisième âge représentent un tiers de tout le pays.

Confronté au nombre élevé de morts, Dan Patrick, vice-gouverneur de l’Etat de Texas, a laissé entendre que «Beaucoup de vieux ont envie de faire le sacrifice de leurs vies pour sauver le pays». Cela fait penser à une conférence de presse tenue en mars dernier à la Maison Blanche: répondant à la question portant sur «Si les personnalités influentes sont-elles prioritaires au test de dépistage du COVID-19», le président Trump a indiqué directement que «C’est probablement la vie». Ce propos tout franc révèle totalement l’inégalité de la société américaine et l’inégalité de droits entre des gens. Tout comme ce que réclame Jacob Hacker, politologue à l’Université Yale, «la recrudescence de l’inégalité est un choc gigantesque à nos société et système politique».

Washington Post a sévèrement critiqué l’incurie de l’administration américaine face à la disparition des vies. «Il s’agit d’un génocide approuvé par l’Etat...Elle sacrifie des vieux, des ouvriers, des noirs et des gens d’origine d’Amérique latine», a ainsi pointé le journal. Et d’autres reportages des médias américains ont dévoilé les réalités de la société d’aujourd’hui, démontrant que les Etats-Unis au temps du COVID-19 ressemblent à un monde jungle décrit par Darwin qui repose sur la survie des plus aptes.

Dans son commentaire paru le 20 mai sur le magazine «Times», David Litt, auteur émérite des discours pour l’ancien président Barack Obama, soulignait que la défaite des institutions démocratiques américaines est à l’origine des morts et chômage dans le pays, non celle du système de santé publique. Il a en outre lancé une interrogation de fond, «Le dirigeant que nous avons voté méprise la volonté du peuple et laisse mourir les Américains. Comment une telle tragédie s’est-elle produite aux Etats-Unis qui disposent d’un meilleur modèle du gouvernement représentatifdans le monde?»

Le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres a souligné peu avant que les personnes âgées et les jeunes partagent les mêmes droits à la vie et à la santé. Il a dit que personne ne devrait être sacrifié ou abandonné sous prétexte de l’épidémie. Citant le cas de la Chine: plus de 3 600 patients de plus de 80 ans ont été soignés et guéri dans la province du Hubei, zone durement touchée par l’épidémie. Parmi les guéris, on compte sept centenaires dont le plus âgé a 108 ans, le taux de guérison s’élève à près de 70% parmi des malades de plus de 80 ans. La vie humaine n’a pas de prix, cela signifie la responsabilité à tout prix, non pas un slogan insignifiant.

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