Commentaire : des politiciens américains à la base des manipulations raciales s’exposent au retour de manivelle

2020-05-18 23:04:39
Share
Share this with Close
Messenger Messenger Pinterest LinkedIn WeChat

«Au moment de la crise, nous avons vu le meilleur côté de la nature humaine, mais parfois, nous témoignons également le pire côté.» C’est ce qu’a déclaré récemment Ron Nirenberg, maire de San Antonio au Texas, visiblement soucieux. Il a relevé la recrudescence des discours haineux pendant cette période de pandémie du COVID-19. Les conseillers municipaux de la ville ont adopté une résolution interdisant l’utilisation des expressions à caractère injurieux, notamment «virus chinois» ou encore «virus Kongfu» vis-à-vis des ethniques ou des régions spécifiques. La résolution a souligné que le virus SARS-CoV-2 n’est pas causé par une race spécifique, et que des formulations incorrectes avec des tendances racistes alimentaient les crimes liées de haine contre les Américains d’origine asiatique.

Au moment où le maccarthysme est réapparu aux Etats-Unis, cette décision de la ville de San Antonio est sans aucun doute louable. Depuis la flambée de l'épidémie, certains politiciens de Washington ont tenté de se dédouaner de leurs responsabilités tout en chargeant les autres et élevant les barrières de la haine raciale. Leur but est de dissimuler leur échec avéré dans les actions de lutte contre la pandémie.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a, à plusieurs reprises, qualifié le nouveau coronavirus de «virus de Wuhan». Même devant la communauté internationale, Pompeo ne s’empêchait pas d’utiliser cette expression. Peter Navarro, haut cadre de la Maison Blanche a lâché des inepties selon lesquelles la Chine avaient envoyé des centaines de milliers de ses citoyens à Milan, à New York et dans d’autres régions du monde pour répandre le virus. Des paroles totalement folles et d’une absurdité déconcertante aux yeux des internautes. A en croire un reportage de Fox News, le sénateur républicain Ted Cruz a qualifié la résolution antiraciste de San Antonio de «folle» et de «perte de contrôle du politiquement correct».

La situation s’est évidemment détériorée à cause des performances de ces politiciens américains. La discrimination raciale aux Etats-Unis a pris encore de l’épaisseur après le déclenchement de la pandémie. Une femme d’origine asiatique a été arrosée d’acide sulfurique à New York; un collégien d’origine asiatique a été hospitalisé après avoir été roué des coups de poing en Californie; une famille à trois d’origine asiatique a été victime d’attaque au couteau au Texas… Un reportage de Time révèle que tous les 15 cas de crimes haineux dus au COVID-19, investigués par la police newyorkaise, avaient pour cibles les personnes d’origine asiatique.

La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme Michelle Bachelet a récemment souligné que cette crise épidémique révélait des préjugés profondément enracinés et que la montée de la xénophobie et des discours haineux étaient inquiétants. Le documentaire «Asian Americans», diffusé par Public Broadcasting Service, décrit les défis auxquels sont confrontés les Américains d'origine asiatique aux Etats-Unis depuis plus d’un siècle. La productrice du documentaire Tajima-Pena estime que l’actuel gouvernement américain a décidé de diaboliser la Chine sous l'épidémie, ce qui affectera tous les Asiatiques aux Etats-Unis. Les choses deviendront encore plus compliquées, surtout quand les difficultés économiques et les manipulations de nature raciale font bon ménage.

En regardant ce qui se passe aux Etats-Unis avec un peu d’objectivité, on se rend rapidement compte que le racisme n’est pas nouveau dans ce pays de l’Amérique du nord. Cette gangrène est tellement enracinée dans la société américaine au point que personne n’a le courage de la combattre. Apparemment, les systèmes de gouvernance sont obligés de faire avec. De la Maison Blanche en passant par Capitol Hill, les discours racistes ont aggravé l’injustice contre les personnes de couleurs, ce qui constitue de nouveaux obstacles dans la lutte contre la pandémie.

Dans le contexte de l'épidémie, les « doubles standards » imposés par le gouvernement américain aux différents groupes ethniques s’aggravent de plus en plus. Selon les données du bureau du procureur de Brooklyn à New York, entre le 17 mars et le 4 mai, 40 personnes ont été arrêtées pour violation des réglementations liées à la distanciation sociale, 35 d’entre elles sont d'origine africaine, 4 latino-américains et une seule de la majorité blanche.

Et voici un contraste frappant: New York Times a dénoncé le fait que la police newyorkaise avait distribué des masques aux touristes blancs dans les parcs à Lower Manhattan, à Williamsburg, et à Long Island, pendant que beaucoup d’entre eux se bronzaient sans respecter des gestes barrières, notamment la distanciation sociale.

Pire, dans le contexte de pénurie de ressources médicales, les politiciens américains pratiquent encore le darwinisme social, et les personnes de couleur sontabandonnées à leur triste sort. La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a avoué que de nombreuses personnes de couleur ne pouvaient pas obtenir des services médicaux de qualité à cause des politiques racistes structurelles des Etats-Unis, instituée depuis des décennies. Dans certains hôpitaux des Etats-Unis, les secours sont appréciés en fonction de sa couleur de peau. Ecœurant. Kizzmekia Corbett, scientifique à NIH, a affirmé que les populations afro-américaines ne sont pas mises sous ventilateurs lorsque ceux-ci sont en quantité insuffisante.

Les politiciens américains, pour qui le bénéfice reste la priorité, pensent qu’ils peuvent gagner plus de capitaux politiques en vantant l’obscurité et la haine. Mais ceux qui incitent à la haine raciale seront finalement détruits par la haine. Et le boomerang du racisme va un jour revenir aux politiciens américains.

Partager

Articles les plus lus