Les différends transatlantiques apparaissent au grand jour

2020-05-08 14:29:47
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Les Chefs d’Etat et des gouvernements de 42 pays, ainsi que des représentants d’organisations internationales ont mobilisé jusqu’à 7,4 milliards d’euros, la somme qui servira à la recherche et au développement du vaccin contre le COVID-19. Cet appel de fonds a eu lieu lors d’une visioconférence organisée le 4 mai. Les Etats-Unis, alliés Outre-Atlantique de l’Union européenne, ont brillé de leur absence à cette importante réunion convoquée à l’initiative de l’UE.

Une absence qui a provoqué de vifs mécontentements de la part de l’Europe, selon l’AFP. L’agence a cité un responsable de l’UE qui faisait remarquer sous couvert d’anonymat que Bruxelles avait toujours répondu aux appels de Washington dans le cadre des initiatives internationales, sans que ce dernier ne fasse la même chose. Les Etats-Unis «sont en train de s’isoler», a commenté ce responsable. Selon Reuters, le premier ministre norvégien Erna Solberg a exprimé son vif regret devant l’absence des Américains, il s’est dit très «déçu» de l’indifférence affichée par Washington.

Les analystes y voient une continuité de la politique américaine à l’égard de l’UE. Le pays de l’oncle Sam, fier de son «Americain First» n’hésite pas à blâmer ses alliés. Pour ne prendre que l’exemple du dossier du budget de défense de l’OTAN, le président Trump a maintes fois reproché à l’UE de «profiter des cotisations des Etats-Unis», alors que, disait-il, les pays européens bénéficiant du mécanisme de protection de l’OTAN ne contribuaient pas assez. Vexé par ces propos, le président français Emmanuel Macron a, à son tour, lancé « l’OTAN est dans un état de mort cérébrale», suggérant ainsi la création d’une «armée européenne». Faisant fi des intérêts de l’Europe en Moyen Orient, Washington a mis fin à l’accord nucléaire iranien. Les sanctions américaines imposées contre l’Iran ont obligé l’UE à créer des outils pour soutenir ses échanges commerciaux avec l’Iran. Lorsqu’il s’agissait de chercher leurs propres intérêts, les Etats-Unis n’ont pas hésité à déclencher la guerre commerciale contre leurs alliés européens. L’UE est désormais dans le viseur de Trump à l’approche de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, a commenté l’hebdomadaire allemand Focus.

L’approvisionnement en matériels médicaux, le développement des vaccins, l’Organisation mondiale de la Santé…autant de questions qui déchirent Américains et Européens depuis l’éclatement de la crise sanitaire. Washington s’est comporté à l’image des «pirates modernes». Comme le disait un officiel allemand: les Etats-Unis ont en effet intercepté des matériels médicaux de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et de leurs plusieurs autres alliés. Ils ont aussi tenté de s’approprier d’une société allemande qui développait un vaccin pour le Covid-19, pour obtenir l’exclusivité sur le vaccin. Désagréablement surpris par la décision des Etats-Unis de suspendre le versement de leurs contributions à l’OMS, les pays de l’UE y ont répondu par des dons à l'organisation. Le Figaro a condamné dans un récent article le fervent unilatéralisme dont Washington fait preuve depuis l’éclatement de la crise du COVID-19, un comportement qui a poussé l’alliance transatlantique, septuagénaire, à l’ «agonie». Ce vieux partenariat est en réanimation. Sa vie ne tient qu’au respirateur.

Côté milieux scientifique et politique européens, l’heure est à la frustration et déception. Nicole Gnesotto, politologue française a laissé entendre que l’actuelle crise sanitaire n’avait fait qu’accélérer la mauvaise tendance déjà existante.

Des leaders européens craignent maintenant l’idée de l’administration Trump, qui souhaite voir les Etats-Unis développer le vaccin en premier. C’est pour cela que le scénario de la coopération internationale pour développer le vaccin et faire du bien à tous les hommes sur la planète ne les intéresse pas. Lors de cette conférence du 4 mai, le représentant chinois Zhang Ming a pourtant attiré l’attention des conférenciers sur le fait que personne n’avait droit de rester bras croisés devant la crise. La confiance et la solidarité valent plus que l’or dans cette lutte contre la pandémie, la panique et l’atermoiement tuent plus que le virus, avait-il enfin exhorté.

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