COVID-19 : Quand Mike Pompeo nargue le monde entier
Ce mercredi 29, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a de nouveau accusé l’Organisation mondiale de la Santé d’avoir «échoué» dans la prévention du COVID-19. Il menace même d’ouvrir une enquête sur la manière dont cette institution de l’ONU a utilisé le fonds mis à sa disposition. Pour le secrétaire d’Etat américain, «l’OMS n’a pas utilisé l’argent des contribuables américains à bon escient». Alors que le nombre de cas confirmés au COVID-19 aux Etats-Unis- plus de 1 000000- poursuit son ascension, Mike Pompeo ne semble pas être convaincu de la nécessité de pouvoir se concentrer sur des réponses efficaces à apporter à cette crise sanitaire. L’homme continue bonnement son entreprise de chantage politique contre l’OMS.
C’est bien lui-même qui a trahi la confiance des contribuables américains. En s’attaquant à l’OMS, Pompeo cherche juste à prendre en otage l’opinion américaine afin d’imputer la responsabilité aux autres, pendant qu’il s’agit bien du devoir du gouvernement fédéral américain de proposer des solutions à l’épidémie du COVID-19.
Il est bon de se rappeler que l’OMS est la seule institution onusienne habilitée en matière de la santé. Elle a, à ce titre, pleinement joué son rôle en se positionnant au centre de la gestion de l’épidémie du COVID-19.
Après avoir reçu le rapport de la Chine le 3 janvier, l’OMS a vite sonné l’alarme deux jours après et a commencé, depuis le 7 janvier, à organiser des audioconférences pour communiquer régulièrement avec d’autres pays, y compris les Etats-Unis. En février, l’OMS a dépêché en Chine une mission d’enquête composée d’experts internationaux dont deux Américains.
Il sied aussi de noter que la Commission des incidents urgents de l’OMS a contribué à la prise des décisions. Ladite commission est constituée des experts indépendants venus de plusieurs pays, dont les Etats-Unis. Comme l’a confirmé Washington Post dans un reportage, Martin Cetron, responsable du département de la migration et de la quarantaine du CDC (Centre américain de contrôle et de prévention des maladies), a lui-même donné des conseils à l’OMS, qui ont permis, fin janvier, de décréter l’état d’urgence sanitaire mondiale.
Autant de faits qui prouvent à suffisance la fluidité des canaux de communications entre l’OMS et les Etats-Unis. La Maison Blanche a pourtant attendu jusqu’au 13 mars pour déclarer l’état d’urgence aux Etats-Unis, laissant coulé 40 précieux jours à dater du jour où l’OMS a lancé l’alerte.
Mike Pompeo, ce premier diplomate des Etats-Unis, a totalement «ignoré» le son de l’alarme lancée par l’OMS, ont commenté des médias américains. A défaut de se ressaisir, tandis que la pandémie se repend sur le sol américain, Pompeo ne fait que désorienter l’opinion américaine avec ses préjugés idéologiques extrémistes.
Pompeo a poussé l’administration américaine à suspendre le paiement de ses contributions à l’OMS. Il a même menacé de «constituer un mécanisme alternatif». Il s’agit du pur chantage diplomatique consistant à nuire à la coopération internationale dans ses initiatives de trouver des réponses efficaces à la pandémie.
En même temps, l’OMS ne ménage aucun effort pour mener cette guerre mondiale contre le virus en recourant à plusieurs moyens. Il s’agit, entre autres, de la communication et diffusion des instructions et conseils, de la coordination de l’approvisionnement en fournitures médicales, ainsi que de la mise en œuvre des plans de recherches et d’études en vue de trouver des modes de traitements appropriés.
L’OMS a récemment lancé une initiative pour accélérer la recherche et le développement des vaccins, des outils de diagnostics et de traitement. Cette initiative consiste aussi à assurer la distribution équitable des ressources en question.
Dans ce contexte, le comportement de Pompeo ne peut que faire l’objet de vives condamnations de la communauté internationale. Rien ne peut justifier le comportement de Washington, selon le haut représentant de l’UE pour la diplomatie et la sécurité Josep Borrell Fontelles. Bill Gates y voit un acte «dangereux», au moment où le monde a plus que jamais besoin de l’OMS.
Décider de s’aligner ou pas derrière les règles internationales en ne voyant que ses propres intérêts, est une pratique habituelle de l’actuelle administration américaine, fervente partisane de l’unilatéralisme. Une approche qui l’a poussée à se retirer de l’UNESCO, du Conseil des Droits de l’Homme, de l’Accord de Paris, de l’Accord sur le nucléaire iranien, etc….Depuis qu’il a été nommé secrétaire d’Etat américain, en avril 2018, Mike Pompeo s’est illustré dans la promotion de l’unilatéralisme aux Etats-Unis. Il est devenu un véritable «trouble maker».
On comprend désormais pourquoi l’unique superpuissance du monde a enregistré le plus grand nombre de cas confirmés et de décès dus au COVID-19: ces ignobles politiciens, à l’image de Pompeo, ont en effet empêché les Etats-Unis de faire valoir leurs ressources matérielles et leurs capacités scientifiques. M. Pompeo peut-il avoir la conscience tranquille devant la disparition de tant de vies innocentes?