Commentaire : Le prix négatif du pétrole, une alarme pour tous

RCI 2020-04-21 21:56:50
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Le 20 avril 2020. Cette date restera marquée dans l’histoire de la finance mondiale. C’est le jour où le prix du pétrole est tombé sous les zéro dollar pour la première fois depuis que le New York Mercantile Exchange a ouvert le marché à terme du pétrole brut léger en 1983.

Le prix du pétrole brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) livrable en mai est passé en territoire négatif. Un cours qui signifie littéralement que les détenteurs de WTI sont prêts à payer des acheteurs pour les en débarrasser.

Le spectaculaire prix négatif du pétrole est lié au fait que le contrat de mai expire ce mardi 21 avril. Si les détenteurs continuent à garder le contrat après l’échéance, ils seront confrontés à une livraison. Pourtant les capacités de stockage aux Etats-Unis ont été épuisées. En plus, la chaîne logistique a été compromise pendant cette période épidémique, ce qui rend difficile l’exportation ou le déstockage du pétrole brut. Les dealers ont dû vendre le contrat de mai par crainte, provoquant l’effondrement du prix. Mais la principale cause est que la stagnation de l’économie mondiale pendant l’épidémie, a entraîné une forte baisse de consommation de pétrole brut.

Il y a peu, la bourse de New York a connu quatre « coupe-circuit » en dix jours. Le prix négatif du pétrole nous rappelle encore une fois que l’impact de l’épidémie de COVID-19 sur l’économie devient plus important.

Tout d’abord, les compagnies pétrolières accusent durement le coup. Certains analystes ont déclaré que l’épidémie pourrait entraîner une faillite à grande échelle des petites et moyennes entreprises de l’industrie pétrolière américaine. De quoi paniquer le marché. S’il y a une vague de faillite dans le secteur des PME, toute l’industrie énergétique tombera, ce qui se répercutera sur d’autres secteurs et sur l’ensemble de l’économie américaine, même sur l’économie mondiale.

Il en ressort que l’inquiétude plus profonde sur le marché, vient de l’incertitude de la trajectoire prise par l’épidémie. Comme l’a souligné le FMI dans ses dernières prévisions sur l’économie mondiale, l’urgence est de neutraliser l’impact du COVID-19, notamment en augmentant les dépenses médicales pour renforcer les capacités et les ressources du secteur médical et en prenant des mesures pour réduire la propagation du virus. Ce n’est que lorsque l’épidémie sera efficacement maîtrisée que nous pourrons disposer d’une base pour la reprise économique.  

Pour cette raison, dans le contexte du nombre élevé de cas confirmés, presque 800 000, alors que celui de décès dépasse déjà la barre des 40 000, le gouvernement américain a récemment annoncé un plan graduel de reprise des activités à partir du 1er mai. Ce plan a aussitôt été remis en cause par de nombreuses parties. Dans une interview accordée à l’American Broadcasting Company (ABC) le 20 avril, Anthony Fauci, immunologiste américain de premier ordre, a dit que la reprise des activités économiques serait impossible sans la maîtrise au préalable de l’épidémie. Au cas où l’on agirait avec trop de précipitations, les efforts déployés pour lutter contre l’épidémie n’auraient servi à rien, a-t-il ajouté.  

Il convient de noter que sur fond d’épidémie, certaines économies émergentes sont également confrontées à des difficultés de développement. Le ministre argentin de l’Economie, Martín Guzmán, a récemment déclaré que l’Argentine n’était actuellement plus en mesure de rembourser ses dettes. De son côté, l’Inde craint que les mesures de prévention et de contrôle de l’épidémie ne rendent insupportable la vie des personnes à faible revenu.

Le virus ne connaît pas de frontières. Sa forte capacité destructive en dit long. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré le 20 avril que « le pire moment est devant nous ». Ce qui présage de mauvais jours pour l’économie mondiale. Dans ce contexte, la coopération mondiale pour sauver l’économie mondiale s’avère urgente. L’actuelle pandémie nous offre l’image d’un monde où tous les pays sont confinés dans un « même bateau », le naufrage n’épargnera personne. D’où la nécessité de travailler ensemble.


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