Un virus, deux réponses

RCI 2020-04-20 18:57:59
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Le combat mondial contre le Covid-19 est en passe de tourner en un drôle de show politique…Le 16 avril, le sénateur Tom Cotton et le député de la Chambre des Représentants Dan Crenshaw ont initié une motion contre la Chine qui devrait, selon eux, rembourser les Etats-Unis pour des dommages qu’ils auraient subi à la suite de la pandémie du Covid-19. Les citoyens américains, ajoutent ces deux représentants américains, doivent saisir la Cour fédérale contre le gouvernement chinois.

Faire porter le chapeau de la crise sanitaire à la Chine, passe pour une solution «politiquement correcte» selon certains politiciens américains. Ceux-ci seraient en train de «trouver un ennemi» afin de résoudre la crise intérieure, comme l’a prédit Samuel Phillips Huntington. Deux armes leur servent d’appui pour répondre à l’éclatement de la pandémieet couvrir leurs propres défaillances dans la gestion de la crise qui en a découlé. Il s’agit de la montée du populisme et de tourner l’attention du public vers la Chine, pays qu’ils accusent d’avoir «dissimulé les faits», et qu’ils jugent «coupable», une culpabilité de façade pour laquelle ils lui exigent de verser des «dommages et intérêts» aux Etats-Unis.

Des accusations qui n’ont aucun fondement. Sur ce point précis, Jeffrey Sachs, le célèbre économiste a, dans un article cité par CNN, tenté de s’interroger sur les raisons profondes à la base du nombre élevé de décès liés au Covid-19 aux Etats-Unis. Pour lui, il est clair que Washington cherche à «distraire l’opinion» en s’attaquant à la Chine et à l’OMS. Jeffrery Sachs s’est montré franc dans ses analyses, indique-t-on.

En février, Trump n’a pas tari d’éloges publiquement sur la façon dont la Chine menait à bien sa lutte contre l’épidémie; Mais tout d’un coup, l’homme a changé de ton, surtout lorsque la situation s’est empirée aux Etats-Unis, a fait remarquer cet économiste de renom.

Selon FAIR, l’organisation pour l’équité et la justesse de la presse, l’accusation du Congrès est «ironique», car, soutient cette organisation, cet organe législatif américain accuse ses adversaires de «défaite politique» juste dans le but de couvrir sa propre défaite politique.

Retour sur les dates-clés pour savoir si l’accusation américaine tient la route : Le 31 décembre, la Chine rapporte plusieurs cas de pneumonie et signale l’apparition du nouveau coronavirus ; Le 1er janvier, l’OMS est en état d’urgence et émet plusieurs avertissements, invitant les pays à prendre des mesures. La Maison Blanche a reçu l’alerte au plus tard à la date du 3 janvier, selon l’enquête de Washington Post; Le premier cas d’infection confirmé aux Etats-Unis a été signalé le 15 janvier; Fin février, des signes de crises sont apparus ; Le gouvernement fédéral a toutefois attendu jusqu’au 16 mars pour émettre le Guide de la distanciation sociale.

Nicholas P. Jewell et Britta L. Jewell, tous deux épidémiologistes, ont publié dernièrement une étude sur New York Times, dans laquelle ils affirment que le gouvernement américain aurait pu réduire de 90% le nombre des décès liés au Covid-19 s’il avait pris des mesures deux semaines plus tôt, soit à partir du 2 mars. En effet, c’est depuis février qu’Anthony S. Fauci avait appelé à la distanciation sociale, fort malheureusement que sa demande n’a été exaucée que près d’un mois après.

Qu’a fait la Chine? Le 23 janvier, le pays a pris des mesures drastiques: le confinement obligé, la fermeture des écoles et des usines, la mise en quarantaine de Wuhan, une ville de 10 millions d’habitants. «Réaction excessive», «violation des droits de l’homme», a cependant lancé New York Times. Alors que les faits ont prouvé que ces mesures drastiques ont permis de casser la chaîne de propagation du virus et de gagner du temps précieux pour les autres parties de la Chine et le reste du monde. Des pays comme Singapour et la Corée du Sud ont ainsi eu le temps de préparation, affirme selon l’OMS.

Malgré ses nombreuses difficultés, la Chine a fait son possible pour aider les autres pays. Elle a, à la date du 10 avril, fait dons de matériels médicaux à 127 pays et à 4 organisations internationales. Encore une fois, ces actes ont été mal perçus par des politiciens américains qui parlent désormais de «diplomatie de masque» ou d’«aide spoliatrice», au moment où leur pays ne s’est pas gêné de faire le bandit en détournant les commandes de masque de ses alliés: l’Italie, la France, l’Allemagne, le Canada.

«Si on ne échoue dans une opération, il faut réfléchir sur ses propres défauts»: l’enseignement est de Mencius. Devant l’ampleur de cette pandémie rarement vécue par l’humanité, le bon sens voudrait que la discrimination et le préjugé soient considérés comme de mauvaises réponses et des pratiques contre-productives. Le plus important serait d’avoir recours au courage et au sens élevé de responsabilité: des valeurs sûres.

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