Lutte contre le Covid-19 : Quand certains politiciens pensent d’abord « Business »

RCI 2020-03-21 21:58:15
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Des médias publics américains et l’opinion américaine ont dernièrement été scandalisés par les actions du président du Comité du renseignement du Sénat. Richard Burr, c’est de lui qu’il s’agit, a vendu 33 actions détenues par lui et sa femme. La valeur totale de cette opération oscille entre 628 000 et 1,72 million de dollars américains.

Il est bon de rappeler que Richard Burr a participé à la rédaction du plan de réponse aux épidémies américaines et est membre du Comité de la santé du Sénat. A ce titre, il suit de très près le bulletin de santé du Sénat américain sur l’épidémie de Covid-19. Ce suivi régulier, il le fait depuis l’apparition de cette épidémie. A en croire la Radio publique nationale américaine, Richard Rurr, était averti du risque épidémiologique et s’engageait toujours à rassurer le public quant à la réaction du gouvernement face à l’épidémie… Il ne cessait de répéter que tout allait bien. Une semaine avant la liquidation de ses actions, l’homme est passé sur le site de Fox News, pour affirmer que les Etats-Unis étaient « mieux préparés que jamais » à l’épidémie de Covid-19.

Comme lui, trois autres sénateurs américains ont également vendu une quantité importante de leurs actions. Coïncidence ou hasard du calendrier, ces ventes ont été effectuées au même moment. Une succession de faits qui a suscité la colère de l’opinion américaine. Pour elle, ces politiciens cachent de vraies informations sur les risques de l’épidémie. Une manière pour eux de ne pas faire paniquer le milieu boursier, en attendant de vendre leurs actions. Que dire d’autre, puisque cette situation démontre bien que ces politiciens n’ont pas pour priorité la vie des Américains. Ils pensent d’abord et avant tout à leurs petites affaires.

Les hommes politiques américains répètent sans cesse que leur pays « dispose des meilleurs scientifiques et du meilleur personnel soignant », et qu’« aucun pays ne peut mieux résister au nouveau coronavirus que les Etats-Unis ». Rien de tout ça n’est vrai. Il a fallu que le Covid-19 arrive aux Etats-Unis, pour mettre à nu la fragilité des performances tant vantées du système sanitaire américain. Le premier cas confirmé de Covid-19 aux Etats-Unis remonte au 20 janvier, alors que le gouvernement a attendu jusqu’au 13 mars pour déclarer l’« état d’urgence ». Un retard de deux mois, suffisant pour qu’on en arrive à la situation actuelle se traduisant par la difficulté de contrôler l’épidémie.

Si du côté sanitaire, le gouvernement américain peine encore à trouver les meilleures solutions, c’est sur le marché boursier qu’il a su réagir rapidement. En l’espace d’une dizaine de jours qui ont suivi la chute libre des actions américaines, c’était le 20 février, le gouvernement américain a pris des mesures de sauvetage. La réserve fédérale américaine a notamment abaissé, le 3 mars, de 50 points de base le taux d’intérêt des fonds fédéraux. La même Réserve fédérale américaine a encore abaissé, le 15 mars, ce taux de 100 points, à 0-0,25%. Une politique d'assouplissement quantitative d’une valeur de 700 milliards de dollars sera mise en place dans les prochains mois.

Peine perdue, car toutes ces mesures n’ont pas donné les résultats escomptés. La moyenne industrielle du Dow Jones a chuté jusqu’à 19173, 98, toute la hausse réalisée depuis l’arrivée au pouvoir de la nouvelle Administration s’est ainsi évaporée. Au lieu d’aller chercher les solutions ailleurs, des politiciens américains devraient simplement comprendre que la meilleure façon de réagir à la panique sur le marché financier, consistait à engager des efforts conséquents dans la lutte contre l’épidémie. C’est là que se trouve la clé du succès.

En outre, la logique du « Business First » a été malheureusement appliquée dans les tests de coronavirus. Un article du New York Times a récemment souligné que des politiciens, des célébrités, et même des stars de la NBA avaient pu accéder aux tests de coronavirus. On se demande si les autres Américains n’ont pas eux aussi le droit d’être testés ? C’est la question que tout le monde se pose.

A la question de savoir si seules les personnes riches devraient avoir un accès rapide aux tests de Covid-19, Donald Trump avait répondu : « Je ne le pense pas », comme pour dire que tout le monde devrait être traité de la même façon. Il répondait à cette question lors d’un point presse organisé le 18 mars à la Maison Blanche. Mais le choc est arrivé quand il a poursuivi toujours dans sa réponse en disant « mais c'est peut-être l'histoire de la vie, cela peut arriver ». Une tolérance tacite de Donald Trump, qui reflète à nouveau les failles du système américain.

Trois universitaires américains de l'Université Harvard, de l’Institut de technologie du Massachusetts et de l'Université de Californie à San Diego ont averti le 19 mars dans le quotidien britannique « The Guardian » que sans une intervention rapide, le nombre de morts aux Etats-Unis dépassera le nombre de morts enregistrés pendant les deux guerres mondiales. Les chercheurs de l'Université de Columbia prédisent que les Etats-Unis devront faire face à 500 000 nouveaux cas par jour au pic de l’épidémie, si jamais les autorités ne prenaient pas de mesures efficaces.

« C'est peut-être l'histoire de la vie », ce n’est sans doute pas la bonne attitude pour réagir à une épidémie d’une telle ampleur.

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