Lutte contre le COVID-19 : les États-Unis n’ont pas su profiter du temps gagné par la Chine

RCI 2020-03-10 22:21:54
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Entre les deux grandes puissances des deux côtés du Pacifique, les performances en matière de lutte contre l’épidémie de Covid-19 sont bien différentes. Dans cette comparaison, la Chine part avec un avantage considérable. C’est en tout cas ce qu’indiquent les dernières statistiques sur l’état de l’évolution de cette épidémie. En effet, la Chine n’a eu que besoin de plus d’un mois pour juguler l’épidémie. Au 9 mars, le nombre de nouveaux cas confirmés à Wuhan était inférieur à 20. Une première depuis le début de l’épidémie. Exceptée Wuhan, ville épicentre de l’épidémie, aucun autre cas confirmé n’a été recensé dans le reste de la province du Hubei durant 5 jours d’affilée. Presque même chose pour le reste de la Chine, où on n’a pas non plus compté de nouvelles contaminations internes en trois jours. Ces chiffres encourageants ont fait dire, le 9 mars, à l’Organisation mondiale de la Santé que la Chine était proche de connaitre la fin de l’épidémie.

Parallèlement à la situation actuellement en Chine, aux Etats-Unis le nombre de malade connait un boom. Jusqu’ à 19 h 00 (heure de l’est des Etats-Unis) de la journée du 9 mars, plus de 30 différents états des Etats-Unis ont signalé des cas d’infection au Covid-19. Dix parmi eux, ont déclaré l'état d'urgence. Les Etats-Unis recensent déjà près de 704 cas confirmés et 26 décès. Impossible d’imaginer que cette situation se passe aux Etats-Unis, l'un des pays les plus avancés en matière de soins de santé.

En effet, le premier cas confirmé aux Etats-Unis a été signalé depuis le 20 janvier, sans que les autorités de ce pays ne prennent des mesures efficaces, considérant "le risque très faible ". Elles ont cru que «les Américains pouvaient aussi facilement gérer l’épidémie de COVID-19 comme s’il s’agissait de la grippe saisonnière». Il n’en sera rien. Il s'agit d'un message transmis le 26 février lors d'une conférence de presse en présence des dirigeants américains. Deux jours plus tard, l'OMS a porté au plus haut niveau, le risque mondial de l’épidémie de Covid-19.

Il est clair que le gouvernement américain est loin d’être prompt quant à la réaction à l’épidémie. «Les mesures drastiques mises en place par la Chine nous ont donné du temps, mais je ne suis pas convaincu que nous n’ayons effectivement utilisé ce temps en bon escient», a regretté Kurt Campbell, l’ex-secrétaire d’Etat adjoint américain pour les affaires asiatiques.

Aux Etats-Unis, la publication des données épidémiques, les fournitures médicales ou la distribution des matériels d’urgences posent problème. Par exemple, le Centre américain de Contrôle et de Prévention des Maladies a fait l’objet de vives contestations pour avoir arrêté de communiquer le nombre de cas suspects et positifs au Covid-19.

Les Démocrates et les Républicains sont pris dans une dispute sans merci à propos du financement de mesures de prévention de l’épidémie. Cette guéguerre entre les camps politiques se fait au mépris des intérêts publics. Le vice-président Mike Pence s’est félicité publiquement le 7 mars des restrictions des liaisons aériennes entre les Etats-Unis et la Chine, imposées depuis l’apparition de l’épidémie en Chine. Pour lui, cette mesure permet de gagner du temps pour le contrôle et la prévention de l’épidémie aux Etats-Unis. Et à Jeremy Konyndyk, un ancien directeur de l’Agence américain pour le développement international, de rétorquer à Mike Pence «Si vous gagnez du temps, vous devez vous y préparer à l'avance. Mais ils n'ont rien fait».

Le «New York Times» a, dans l’un de ses commentaires, tenté de comparer ̶ avec raison d’ailleurs ̶ la réponse américaine à l’épidémie de Covid-19 à un «fourre-tout», dans lequel les informations opaques, la propagande politique et l'inefficacité de l’administration font bon ménage. Certains observateurs occidentaux se demandent : si la Chine peut le faire, pourquoi pas les Etats-Unis?

Bruce Aylward, conseiller supérieur du Directeur général de l’OMS a dit aux médias que «sauver la vie» était l’expression qu’il avait fréquemment entendue pendant son voyage d’inspection en Chine. Il est vrai que chaque pays a son propre système et est libre de mettre en place des mesures de prévention et de contrôle répondant à ses conditions spécifiques. Même si tel est le cas, «Sauver la vie humaine» doit être le leitmotiv de tous les pays. Alors que le nombre de malades dans le monde continue d'augmenter, le Dr Aylward est toujours sollicité pour répondre à des questions du genre "comment la Chine peut-elle y arriver? Que devons-nous faire?" Sa réponse est aussi simple: «Le modèle chinois de la lutte contre l’épidémie peut être reproduit, mais elle nécessite la rapidité, le financement, l’imagination et le courage politique».

Reste à savoir si les Etats-Unis auront cette imagination et ce courage pour faire face au risque de l’expansion de l’épidémie.

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