Commentaire : Iran : le recours à la force ne fait que jeter de l’huile sur le feu

RCI 2020-01-03 21:41:06
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Le Pentagone a confirmé dans la soirée du 2 janvier la mort de Qasem Soleimani, commandant des Quds Forces relevant de la Garde révolutionnaire islamique, suite au raid aérien lancé par les Etats-Unis le jour même. La nouvelle a été accueillie avec abasourdissement. Le leader suprême iranien Ali Khamenei a promis d’y répondre avec sévérité. Un événement qui ne manque pas d’empoisonner d’avantage les relations américano-iraniennes et de créer plus d’éléments instables au Moyen-Orient souffrant déjà d’une situation extrêment complexe.

D’autant plus que Soleimani était un personnage très important pour l’Iran mais aussi pour toute la région. Jouissait d’une grande autorité en Iran, l’ancien commandant des Quds Forces était quelqu’un très influent auprès des groupes armés shiite au Moyen-Orient. Les Quds Forces sous sa commande étaient une force importante qui combattait l’extrémisme en Syrie et en Iraq.  

Alors comment expliquer l’action des Etats-Unis? Les motivations sont multiples.

Il s’agissait en premier lieu d’une riposte pour venger l’attaque de l’ambassade américaine en Iraq. Les Etats-Unis ont ainsi lancé un avertissement à l’endroit de l’Iran. A la veille du Nouvel An 2020, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade des Etats-Unis en Iraq et ont tenté d’attaquer les locaux de l’ambassade. Washington a par la suite accusé Téhéran d’être derrière ces manifestants, accusation qui a été rejetée par l’Iran. Les Etats-Unis ont pourtant menacé de faire l’Iran “payer cher”. 

Il faut noter que suite à l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis en Iraq, des hauts responsables américains ont parlé sur des réseaux sociaux du «dénouement de la situation de l’ambassade en Iraq et du désastre de Benghazi»: en 2012, le consulat des Etats-Unis à Benghazi a été attaqué, causant la mort de l’ambassadeur américain. L’affaire a marqué les Etats-Unis comme une humiliation énorme et a eu des retombées négatives sur la carrière politique de Hilary Clinton, la secrétaire d’État de l’époque. En faisant la comparaison entre les deux incidents, les responsables américains voulaient sans doute dire que l’affaire de Benghazi ne se reproduirait pas.

Le recours à la force dans la gestion des relations internationales ne peut que contribuer à la montée des tensions. Réagissant immédiatement à la mort de Soleimani, le ministre iranien des Affaires étrangères a lancé que “les Etats-Unis assumeront toutes les conséquences de leur voyouterie”. Selon Tian Wenlin, chercheur à l’Institut d’études sur le Moyen-Orient à l’Académie chinoise des Etudes sur les relations internationales contemporaines, a rappelé que la nation iranienne est vouée à se venger. Les Etats-Unis se sont attirés de gros ennuis. Les représailles de l’Iran pourraient éventuellement compromettre la sécurité dans le Détroit d’Ormuz qui constitue pourtant un important chemin maritime pour le transport du pétrole. 

L’histoire du Moyen-Orient l’a déjà prouvé: le recours à la force n’aboutira à rien d’autre que l’enchaînement des attaques et contre-attaques. Les parties concernées, les Etats-Unis en particulier, doivent faire appel à la retenue, observer les stipulations de la Charte de l’ONU et les principes régissant les relations internationales, afin d’éviter que les tensions ne continuent à monter et de faire installer la paix et la stabilité au Moyen-Orient.



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