Claude Lévêque : L'art de la violence sourde
  2017-05-09 10:13:12  cri

De gauche à droite : Liu Cong, responsable des expositions de Yishu 8, Claude Lévêque, artiste

plasticien, et He Jing, curatrice, critique d'art et rédactrice en chef de LEAP Edition française

Dans le cadre du festival Croisements 2017, le rendez-vous culturel franco-chinois, l'ambassade de France en Chine et Yishu 8 (Centre de recherche sino-français sur la culture et l'art) ont initié conjointement un programme de résidence d'art des artistes français de renommée internationale, pour qu'ils puissent élaborer des liens de coopération avec les établissements d'art de Chine. Lorsqu'il est récemment venu s'installer à Yishu 8, l'artiste plasticien français Claude Lévêque a partagé son parcours et ses œuvres avec le public chinois.

Né à Névers en 1953, Claude Lévêque est l'un des plus grands artistes contemporains de France. Depuis plus de vingt ans, ses œuvres sont exposées dans des institutions prestigieuses : PS1 à New York, Hamburger Banhof à Berlin, le Musée d'art moderne de la ville de Paris… Et il a représenté la France à la 53ème Biennale de Venise en 2009. En 2014-2015, il a été invité par le Musée du Louvre pour faire deux interventions sous la pyramide et dans les fossés médiévaux.

Claude Lévêque est étudiant à l'Ecole des Beaux-Arts de Bourges lorsqu'il découvre l'art moderne, mais c'est à Paris, à l'occasion d'une exposition de Christian Boltanski, qu'il découvre l'art contemporain. Il expose pour la première fois en 1982 au sein d'une manifestation collective à la Maison des Arts de Créteil où il présente une installation intitulée Grand Hôtel.

« Je ne suis pas un artiste d'atelier, je suis un artiste du mouvement, du déplacement et d'un croisement. », a-t-il affirmé dans la conférence tenue samedi 6 mai à Yishu 8 basé à Beijing. Claude Lévêque se prend un artiste des années 80 qui l'ont largement influencé par différentes interventions et croisements entre diverses disciplines artistiques. « A cette époque-là, l'artiste n'était pas perçu comme une statue fermée dans l'atelier. », a-t-il souligné.

La nuit, 1984
© ADAGP Claude Lévêque. Courtesy the artist and kamel mennour, Paris

Son travail, original et ingénieux, est basé sur l'utilisation de l'image, du son et de la lumière. L'artiste souhaite à travers ses dispositifs, artistiques, éveiller les expériences, les sentiments et les mémoires des gens. A Beijing, Claude Lévêque montre au public chinois « La Nuit », l'une de ses premières œuvres. Selon lui, cette œuvre « est une célébration de son enfance sur un territoire lié à l'imaginaire de la nuit, c'est un peu un point de départ et une création autobiographique de son travail. »

Claude Lévêque privilégie le travail in situ. Bien qu'il ait souvent travaillé sur le terrain des objets, ses choix se penchent vers la création d'espaces et d'atmosphères. L'outil privilégié de l'artiste reste l'environnement quotidien. Les installations de Claude Lévêque travaillent les lieux pour faire surgir images et sensations. En jouant sur nos représentations collectives, elles créent des espaces poétiques et projettent le spectateur sur la scène du rêve. « J'amène les gens dans un espace de circulation sans qu'ils soient dans une position statique ou contemplative. Ils sont les propres acteurs de la scène proposée. », a-t-il indiqué.