« C'est le meilleur moment pour faire de la recherche scientifique en Chine », a observé M. Ren. « La Chine nous apporte de meilleures opportunités et un plus grand espace de développement. Cela nous permet d'élargir nos capacités et de mener une vie plus riche. »
Les réalisations de Ren Xiaobin en seulement neuf ans sont impressionnantes. Lorsque la deuxième équipe d'experts a été formée pour le Programme national de recrutement d'experts mondiaux, ou Programme des mille talents, il est rentré du Japon pour établir l'Institut frontalier des sciences et technologies à l'Université Jiaotong de Xi'an, où il dirige les recherches de jeunes chercheurs sur les matériaux intelligents.
Il est l'un des nombreux exemples représentatifs de professionnels chinois qui décident de revenir de l'étranger. Depuis le lancement du programme en 2008, plus de 40 000 talents de haut niveau sont revenus en Chine et ont trouvé un emploi.
Le nombre de professeurs d'université de retour est vingt fois supérieur au total enregistré entre 1978 et 2008. On observe aujourd'hui la plus grande vague de retours d'outre-mer depuis la fondation de la République populaire de Chine.
« Nous sommes plus près que jamais de réaliser le rêve de renaissance de la nation chinoise et nous avons une plus grande soif de talents que jamais », a déclaré le président Xi Jinping à l'occasion du 100e anniversaire de la fondation de l'Association des chercheurs de retour d'Occident.
« La plupart des Chinois d'outre-mer souhaitent revenir en Chine », affirme Wang Huiyao, vice-président de l'association.
Au fur et à mesure du développement du pays, le ratio entre le nombre de départs à l'étranger et le nombre de retours est passé de 3,15 à 1 en 2006 à 1,28 à 1 en 2015. Les talents reviennent à un rythme sans précédent.
Selon les statistiques officielles, plus de 70 % des chefs de projet travaillant sur des sujets de recherche clés pour la nation sont des chercheurs de retour de l'étranger. C'est également le cas d'un grand nombre de membres de l'Académie chinoise des sciences et de l'Académie chinoise d'ingénierie.
Les experts estiment que la Chine assiste à un renversement de tendance : autrefois premier pays de la fuite des cerveaux, elle est devenue en l'espace de cinq ans l'un des pays qui attire le plus de retours.
La transformation de l'environnement de recherche est une raison majeure qui explique le désir des professionnels de faire de la recherche en Chine.
Shao Feng est responsable d'un laboratoire qui porte son nom à l'Institut national des sciences biologiques de Beijing. Il y a deux mois, un article de recherche produit par son laboratoire a été publié par le magazine médical de renommée mondiale Nature Microbiology, réalisant une percée majeure dans le domaine des biosciences.
Selon lui, la clé du succès du laboratoire réside dans sa gestion similaire à celle des instituts de recherche scientifique internationaux, brisant les contraintes courantes des rapports budgétaires et des normes d'évaluation.
Les politiques préférentielles, l'explosion de l'industrie des hautes technologies, l'atmosphère d'innovation et les investissements durables contribuent à convaincre les jeunes talents de rentrer en Chine à l'issue de leurs études.
La Chine a déjà établi plus de 300 parcs d'innovation ciblant les talents de retour d'outre-mer, qui comptent 24 000 entreprises employant environ 24 000 professionnels formés à l'étranger.
« Beaucoup me demandent pourquoi je suis revenu. Ma réponse est simple : je suis encore jeune et je veux poursuivre mon rêve », explique Zhu Xiang, un jeune trentenaire qui a décliné l'offre d'un institut de recherche en France pour démarrer sa propre entreprise en Chine.
Avec quelques amis, il a établi une plateforme médicale mobile grâce à un incubateur de l'Université Tsinghua. Son projet compte déjà plusieurs millions d'utilisateurs. Il pense que la Chine, un pays en forte croissance, offre aujourd'hui les moyens aux professionnels de retour pour réaliser leurs ambitions.