Les résultats de l'inspection du MOF ont épinglé certains gouvernements locaux, comme ceux de la province de l'Anhui (Est de la Chine), de la municipalité de Tianjin (Nord de la Chine), et de la province du Henan (centre de la Chine), soulignant que des fonds spéciaux affectés à la protection de l'environnement ont été utilisés pour couvrir d'autres frais ou même gaspillés.
De son côté, l'Agence de presse Xinhua a rapporté lundi que le gouvernement central a alloué 5 milliards de yuans (0,68 milliards d'euros), 9,8 milliards de yuans (1,33 milliard d'euros) et 10,6 milliards de yuans (1,44 milliard d'euros) en 2013, 2014 et 2015, respectivement, pour la lutte contre la pollution atmosphérique.
Le MOF a effectué une inspection en mai pour savoir comment ces fonds spéciaux avaient été utilisés dans neuf provinces et municipalités, dont Beijing et les provinces de l'Anhui, du Henan et du Shanxi (Nord de la Chine).
Cette inspection a ainsi montré que dans l'Anhui, un total de 219 millions de yuans (29,81 millions d'euros) ont été utilisés par des gouvernements de niveau comté pour des dépenses non liées à l'interdiction du brûlage de la paille, comme des salaires et des primes. 2,57 autres millions de yuans (350 000 euros) ont été dépensés dans cette province pour la rénovation de bâtiments, la réception d'invités et l'achat d'appareils qui n'avaient rien à voir avec la protection de l'environnement.
A Zhengzhou, la capitale de la province du Henan, l'administration urbaine de la ville a acheté 186 véhicules de compactage de déchets en 2015, mais 25 des 186 qui ont été alloués au district de Zhongyuan de la ville ont été jugés incompatibles avec son système existant, ce qui a coûté 7,62 millions de yuans (1,03 million d'euros).
« Les efforts visant à réduire la pollution de l'air ont été compromis après l'utilisation abusive des fonds spéciaux », a déclaré Luo Jianhua, secrétaire général de l'Association chinoise de l'industrie des services environnementaux de la Fédération chinoise de l'Industrie et du Commerce, demandant des mesures de sanction immédiates.
Le MOF a pour sa part souligné qu'il allait faire le nécessaire pour récupérer les fonds, et a exhorté les gouvernements locaux à corriger leurs erreurs.
« Récupérer les fonds détournés ne suffit pas. Les responsables devraient également rendre des comptes, et dans les cas graves, être pénalement responsables », a pour sa part souligné Wang Canfa, professeur à l'Université chinoise de sciences politiques et de droit, dans le Global Times.
« Les gouvernements à tous les niveaux devraient être transparents dans leurs dépenses des fonds spéciaux destinés à la protection de l'environnement, et inviter le public à les contrôler », a-t-il ajouté.
En Chine, les gouvernements locaux doivent constamment faire face à la lutte contre le smog. Le 1er décembre, le Comité permanent de l'Assemblée populaire municipale de Beijing a ainsi publié un projet sur la prévention et le contrôle des catastrophes météorologiques, classant le smog comme catastrophe météorologique.
Le Legal Daily a néanmoins rapporté que de nombreux chercheurs ont exprimé leurs doutes sur le projet, en faisant valoir que, contrairement à d'autres catastrophes météorologiques, le smog est essentiellement une pollution atmosphérique causée par l'activité humaine, et qu'il est probable que ce projet servira d'échappatoire aux pollueurs.
Afin d'éviter d'induire les gens en erreur, le projet devrait isoler le smog qui peut être évité en réduisant les rejets de polluants, a de son côté souligné Wang Gengchen, chercheur à l'Institut de physique atmosphérique de l'Académie des Sciences de Chine.