Born in China, born to be wild !
  2016-11-24 11:09:14  China.org

Il faut dire aussi que l'once a le regard vif et l'ouïe très fine. Dès lors qu'il détecte une présence au loin, il s'enfuit, se déplaçant, bien que progressivement, dans un rayon de 80 km. Souvent, l'équipe de tournage n'avait qu'une ou deux semaines pour filmer des scènes d'intérêt. À cette fin, les cameramen avaient dû creuser de nombreuses tranchées qui leur servaient de bunker : ils y demeuraient cachés plusieurs jours avec tout leur matériel et prenaient des vidéos promptement à la venue de l'once.

Un jour, profitant de l'absence de l'animal parti chasser, un cameraman, au risque de sa vie, s'est aventuré hors de la tranchée pour se rapprocher de l'abri de la panthère des neiges. Et à sa grande surprise, il y a découvert deux bébés onces. Il s'est empressé d'installer une caméra cachée pointée sur cet abri, qui a permis la prise de vues de scènes très touchantes dans cette famille de trois membres.

L'équipe chargée de filmer le panda géant n'a pas démérité non plus. Pendant l'été caniculaire du Sichuan, les cameramen étaient contraints de revêtir un épais déguisement de panda pour tromper la vigilance des ursidés. Quant aux cameramen filmant l'antilope du Tibet, ils restaient 16 heures par jour cachés au même endroit, attendant de voir passer des antilopes. Un travail sacrément laborieux pour pouvoir présenter aux spectateurs la vie de ces animaux dans leur cadre naturel.

Une histoire chinoise empreinte de philosophie orientale

Le haut plateau majestueux avec son manteau neigeux, une interminable forêt de bambous verdoyants, le désert de Gobi désolé, un magnifique lac salé… On peut dire que Born in China, en présentant l'habitat bien caractéristique de chaque espèce, dévoile au monde entier les plus beaux paysages que renferme la Chine.

Le documentaire est produit par Disneynature. Ce label des studios Walt Disney a réussi à convaincre Lu Chuan avec un argument qui a parlé au cœur du réalisateur : dédier ce film qui serait diffusé dans le monde entier à la Chine. Alors, il s'est mis au travail. Il a composé le scénario en seulement une semaine et l'a intitulé Born in China. À travers son œuvre, il souhaite bien entendu faire découvrir des animaux sauvages présents en Chine, mais surtout, il tient à raconter une « histoire chinoise », c'est-à-dire au reflet de la philosophie enracinée dans le quotidien du peuple chinois selon laquelle la vie est une succession de cycles, un éternel recommencement.

« Ces animaux sauvages aujourd'hui menacés, nous devons les observer, le monde entier doit les observer, notamment parce que leur histoire traduit l'esprit et la philosophie au cœur de la vie des Chinois », assure Lu Chuan.

Le film se sert du cycle des saisons pour décrire la reproduction et la croissance, l'équilibre et l'alternance des êtres dans la nature.

L'été, l'once Dawa, mère robuste, profite de son énergie pour passer des moments de joie intense avec ses petits, ce qui lui vaudrait bien le titre de « reine de la montagne ». Mais bientôt, les premiers flocons de l'hiver commencent à tomber et souffrant d'une blessure à la patte, elle n'a pas pu rapporter de nourriture depuis un certain temps. Elle conduit alors ses petits dans une cachette sous des rochers pour qu'ensemble ils puissent résister au blizzard.

À un moment donné, elle repère un troupeau de yaks, lesquels font bien dix fois son poids. Elle décide, dans un effort ultime, de risquer le tout pour le tout pour nourrir ses petits. Leur dernière chance de survie se joue là. Alors, elle se tapit et descend petit à petit la falaise avec agilité. À l'instant où elle mord le cou d'un petit yak, la mère de ce dernier fonce sur Dawa et lui assène un violent coup de corne dans les flancs… La mère yak et son bébé s'éloignent lentement, tandis que les deux petits de Dawa poussent des cris de désespoir du haut des roches de la montagne. Dawa est morte ; la neige sous son corps n'a pas eu le temps de fondre complètement.

Peu de temps après, le printemps s'installe et la nature reprend vie. Le jeune panda géant Meimei est déjà capable de grimper aux arbres, signe qu'elle est désormais en mesure de lutter contre les attaques des prédateurs carnivores. Il est temps pour elle de quitter sa mère pour vivre en toute indépendance.

« Dans l'esprit des Chinois, la mort ne marque pas la fin d'une vie, mais le début d'une autre. La nature est un cycle d'existences infini », explique Lu Chuan.

Ce film transmet une profonde philosophie orientale : l'« unité du ciel et des êtres vivants ». Les animaux sauvages suivent le cours de la nature et des saisons, maintiennent un équilibre naturel, se reproduisent et se succèdent. Mais chacun d'entre eux représente une vie authentique. Cette philosophie orientale ancestrale fait écho avec une prise de conscience environnementale plus récente.

Le message sur le générique de fin persiste et signe : « La mort n'est pas une fin en soi. Ce n'est qu'une borne dans le cycle de renaissance. Dans cette symphonie que compose le cycle des vies, chaque créature produit sa propre note et suit son propre mouvement. Dans cette mélodie bouleversante, chaque vie bat sa propre mesure. »


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