​États-Unis : l’insécurité éclipse le « phare des droits de l’homme »
RCI 2023-04-27 14:45:49

Récemment, Ralph Yarl, un Afro-américain de 16 ans du Missouri, a pris une balle dans la tête après avoir toqué à la mauvaise porte, lorsqu’il allait récupérer ses petits frères. Une énième fusillade qui a fait scandale aux États-Unis.

L’affaire n’est pas unique en son genre. Dans l’État de New York, une jeune femme a été tuée par balle au volant de sa voiture après avoir tourné dans la mauvaise allée. Au Texas, deux pom-pom girls ont été abattues après avoir monté par erreur dans une voiture…

Ces tragédies de la violence armée ne datent pas d’hier. Selon USA Today, depuis des décennies, l’homicide involontaire par balle au « mauvais endroit » a eu des conséquences tragiques aux États-Unis.

Tout le monde prend peur, tout le monde cherche à se protéger et tout le monde se sent encore moins en sécurité. Les Américains sont aujourd’hui saisis d’un profond sentiment de peur. Cette peur n’est pas étrangère à l’augmentation de la criminalité aux États-Unis ces dernières années. Les données de la Commission nationale de la justice pénale des États-Unis montrent que les vols dans les grandes villes américaines ont augmenté de 19 % et les cambriolages de 20 % au cours du premier semestre 2022. USA Today fait état d’une croissance de 50 % des homicides et d’environ 36 % des agressions graves au premier semestre 2022 dans les villes membres de la Major Cities Chiefs Association (MCCA) par rapport à la même période en 2019.

Derrière ces affaires, errent les fantômes du racisme. Mus par des préjugés raciaux profondément ancrés, un grand nombre d’Américains pensent à tort que « les groupes non blancs sont dangereux ». Par conséquent, même s’ils ne sont pas menacés, ils n’hésitent pas à tirer sur les minorités. Les données montrent que les Afro-Américains âgés de 15 à 34 ans représentent la plus grande proportion de victimes de fusillades et qu’ils sont dix fois plus susceptibles de mourir par balle que les Blancs.

Déchirement de l’opinion publique, fracture sociale, polarisation politique…, autant de problèmes sociaux s’ajoutent au racisme ces dernières années dans le pays de l’Oncle Sam. Conséquence : une aggravation des conflits et une hausse constante de l’insécurité. À en croire des enquêtes, au début des années 1970, environ la moitié des Américains pensaient que la plupart des gens étaient dignes de confiance. Cependant, ce chiffre était tombé à moins d’un tiers en 2020.

Dans un contexte de peur et d’anxiété, de plus en plus d’Américains choisissent d’acheter des armes à feu pour se protéger. Une étude de la Northeastern University et de l’Université de Harvard montre qu’entre janvier 2019 et avril 2021, près de 7,5 millions d’adultes américains ont acheté une arme à feu pour la première fois, dont environ la moitié était des femmes, 20 % des Afro-Américains et 20 % des Latino-Américains. Lorsque tout le monde choisit de « posséder une arme », la société américaine est inévitablement prise au piège dans un cercle vicieux « insécurité - achat d’une arme - plus d’insécurité ».

La loi « Stand your ground » en vigueur aux USA a encore aggravé la situation.  Cette loi du Missouri autorise, par exemple, l’utilisation de moyens létaux pour se protéger ou protéger autrui en cas de menace ou de « sentiment » de menace, indépendamment de la possibilité d’une retraite en toute sécurité. Une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) a révélé que la mise en œuvre de la loi « Stand your ground » dans l’ensemble des États-Unis a entraîné une augmentation de 8 à 11 % du taux d’homicide.

Derrière cette loi, la silhouette du lobby des armes à feu se dessine. Les groupes de défense des armes à feu, la National Rifle Association en premier lieu, ont fait pression pour un environnement plus souple en matière de possession d’armes à feu, en faisant tout leur possible pour entraver le processus de contrôle des armes à feu par le biais de la politique de l’argent.

Lors de la récente réunion annuelle de la National Rifle Association, de nombreux politiciens ont défendu la « possession d’armes à feu », et l’ancien président Donald Trump a même « fièrement » affirmé être le président le plus favorable aux armes à feu. Poussés par les votes et l’argent, le parti de l’éléphant et le parti de l’âne ont longtemps instrumentalisé la question du contrôle des armes à feu au service de leur rivalité. En conséquence, la violence armée est devenue un problème insoluble au sein de la société américaine.

D’une part, le sentiment d’insécurité s’accroît et, d’autre part, le coût de la possession d’une arme à feu diminue. Un internaute américain a posté sur les médias sociaux : « La peur conduit à des comportements irrationnels, et les armes à feu perpétuent ces comportements ! » À long terme, sans réforme institutionnelle, il sera difficile de résoudre les conflits sociaux profondément enracinés aux États-Unis, et les armes à feu rendront ces problèmes de plus en plus « inflammables ».

Il est inconcevable que dans la seule superpuissance du monde, qui se targue d’être un « phare des droits de l’homme », « tirer » passe avant « parler ». Qui protégera les droits de l’homme des Américains abattus avant d’avoir pu parler ?

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