​La partie américaine doit répondre franchement à trois doutes autour de l’incident du Nord Stream
RCI 2023-02-13 15:50:25

Le grand journaliste d’investigation américain Seymour Hersh a affirmé dans un récent article, en citant une source proche du dossier, que l’administration Biden aurait planifié les explosions des gazoducs Nord Stream, qui acheminaient le gaz russe vers l’Europe. De nombreux analystes estiment qu’il est peu probable qu’il s’agisse d’une rumeur infondée.

Cependant, le Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, la CIA, le département d’État et de nombreux autres départements ont démenti ces allégations.  Ils estiment que les révélations de Seymour Hersh sont « complètement fausses et fictives ». Les grands médias occidentaux se sont quant à eux enfermés dans le mutisme.

Il y a plus de quatre mois, quatre fuites sont apparues dans les eaux au large de la Suède et du Danemark au niveau des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2, qui acheminaient le gaz russe vers l’Allemagne. De fortes explosions sous-marines ont été détectées dans les zones concernées. Dans le contexte de l’escalade du conflit entre la Russie et l’Ukraine et de la flambée des prix mondiaux de l’énergie, l’incident a été considéré par beaucoup comme un « sabotage délibéré ». À en croire certains analystes, il s’agit probablement d’un « acte de terrorisme d’État », car une attaque contre un pipeline est difficile à réaliser sans l’approbation, voire la manipulation, des gouvernements et des puissances concernés.

L’attitude de l’administration américaine quant aux révélations de Seymour Hersh a ranimé trois doutes autour de cet incident. Tout d’abord, pourquoi les États-Unis et d’autres pays occidentaux ont-ils initialement réclamé une enquête avant de laisser tomber ?

Le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Jose Borrell, avait déclaré que l’incident des gazoducs Nord Stream n’était pas un accident et que l’UE soutiendrait toute enquête à ce sujet. Le président américain Joe Biden a également déclaré que « lorsque les choses se seront calmées, nous enverrons des plongeurs en temps voulu pour savoir ce qui s’est passé ».

Mais curieusement, ces déclarations sont restées sans suites. L’attitude des États-Unis et de l’Europe a nettement changé. La partie russe a demandé à plusieurs reprises une enquête conjointe, mais toutes ces demandes ont été rejetées par les pays occidentaux.  Aujourd’hui, plus de quatre mois plus tard, avec les moyens techniques et les capacités dont ils disposent, les États-Unis et les pays européens auraient pu au moins trouver des traces. Mais aucune information en la matière n’a été divulguée. Ce « trou noir de l’information », qui défie le bon sens, doit être remis en question.

Deuxièmement, quels sont les arcanes cachés dans des déclarations faites par des politiciens américains et européens ? 

Selon les médias allemands, en février 2022, quelques semaines avant l’éclatement du conflit russo-ukrainien, M. Biden a prévenu que si la Russie déclenchait une guerre contre l’Ukraine, « il n’y aura plus de“Nord Stream 2”, nous y mettrons fin ». Après les explosions au niveau des gazoducs Nord Stream en septembre dernier, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré qu’il s’agissait « en fin de compte d’une formidable opportunité » pour l’Europe de « se débarrasser une fois pour toutes de sa dépendance à l’égard de l’énergie russe ».

Aujourd’hui, les États-Unis tirent d’énormes avantages géopolitiques du conflit entre la Russie et l’Ukraine et les entreprises énergétiques américaines font fortune en Europe. N’est-il pas intéressant de repenser maintenant à ce que certains politiciens américains et européens ont dit ? L’animateur de la chaîne d’information Fox News, Tucker Carlson, a un jour laissé entendre dans son émission que le sabotage des gazoducs Nord Stream était lié aux États-Unis.

Troisièmement, pourquoi les médias occidentaux se sont presque tus après les révélations de Seymour Hersh ?

Les principaux médias occidentaux qui avaient consacré beaucoup de pages au sabotage des gazoducs Nord Stream, ont été inhabituellement silencieux cette fois-ci. CNN, le Washington Post, le New York Times, la BBC et d’autres n’en ont pas parlé. Reuters a mentionné les révélations de Seymour Hersh, mais au lieu de se focaliser sur les révélations elles-mêmes, l’agence de presse a prétendu que Seymour Hersh avait mené des enquêtes « controversées ».

On peut se demander : si les médias occidentaux sont si préoccupés par l’incident du Nord Stream, pourquoi ont-ils ignoré ces révélations ? Où sont passés leur professionnalisme, leur objectivité et leur indépendance tant vantés ? Et qui les manipule pour observer un silence sélectif ?

Les gazoducs Nord Stream constituent une infrastructure transnationale majeure. Leur sabotage a eu un impact négatif important sur les marchés mondiaux de l’énergie et l’environnement écologique mondial, et ceux qui tirent les ficelles dans les coulisses doivent être tenus pour responsables.  

Maintenant que l’enquête de Seymour Hersh a fourni des indices importants pour l’enquête sur l’incident du Nord Stream, toutes les parties devraient suivre la piste et enquêter. Les États-Unis parlent souvent d’un « ordre international fondé sur des règles ». Ils doivent donc répondre franchement aux questions de la communauté internationale et se montrer coopératifs dans une enquête conjointe afin de donner au monde une explication responsable. Le monde a besoin de justice et de vérité.

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