La Réserve naturelle nationale des terres humides de Lhalu
La Réserve naturelle nationale des terres humides de Lhalu se trouve au nord-ouest de la ville de Lhassa, chef-lieu de la région autonome du Tibet. Les terres humides de Lhalu dont la superficie totale dépasse le 12 km² ont été reconnues comme réserve naturelle nationale en juillet 2005. D'ailleurs après une petite promenade dans la réserve, vous vous sentirez mieux car l'air y est plus frais et la vue élégante. En effet, la verdure s'étend jusqu'au pied de la montagne et toute la faune et la flore semblent s'y mouvoir gracieusement.
C'est dans ce coin à part et qui fait oublier le rythme moderne de la vie ainsi que la chaleur estivale, que Zhang Yongze, directeur du Bureau de protection de l'environnement de la région autonome du Tibet nous a accordé une interview. D'après lui, si le palais du Potala est le symbole culturel de Lhassa, la Réserve naturelle des terres humides de Lhalu représente belle et bien son aspect écologique. On écoute M. Zhang Yongze.
« On trouve rarement une zone de terres humides naturelle si grande proche d'une ville. En Chine, il n'y a pas d'autres villes disposant de terres humides. Par son existence, on a plus d'oxygène. Avec tellement de verdure, c'est évident. D'ailleurs comme la surface humide est grande, cela augmente l'humidité dans l'air. Comme vous le savez, il fait très sec à Lhassa, surtout en hiver. S'il n'y avait pas cette réserve, ce serait vraiment trop dur d'y vivre. »
Zhang Yongze, directeur du Bureau de protection de l'environnement de la région autonome du Tibet
L'apport d'oxygène et la régulation climatique sont les effets directs de l'existence des terres humides. Elles jouent également un rôle important dans l'écosystème, en purifiant l'eau et en stabilisant les rives. D'ailleurs, ce sont les milieux parmi les plus dynamiques au monde : on y observe une grande biodiversité. La réserve de Lhalu abrite plusieurs animaux sauvages rares, la grue à cou gris en particulier. C'est pour ces raisons qu'on considère généralement les terres humides comme les reins de la Terre.
Des enquêtes montrent que la superficie totale des terres humides dépasse 6 millions d'hectares au Tibet, la plupart étant naturelles et représentant environ 4,9% du territoire tibétain, un pourcentage le plaçant au premier rang des provinces chinoises. Pourquoi ? Parce que les glaciers géants, les précipitations abondantes, les lacs qui étoilent le territoire, les nombreux cours d'eau et les larges chenaux engendrent facilement des zones de terres humides sur ce plateau.
Avec une population peu nombreuse et le retard économique, la plupart des terres humides sont peu polluées par l'industrie moderne. Les terres humides et les êtres vivants qu'elles bercent gardent leur aspect vierge et naturel. Au Tibet, on compte actuellement une réserve naturelle nationale, 3 parcs nationaux et 8 réserves régionales.
Cependant, il n'est pas facile de préserver des terres humides, surtout aux alentours des villes. En 1998, presque la moitié de terres humides de la réserve de Lhalu était occupée par des paysans locaux. Ils y plantaient des légumes et proposaient des tours à cheval aux visiteurs. Pour leur faire renoncer aux terres humides, il fallait d'abord leur trouver d'autres moyens de subsistance. Heureusement des indemnisations et les accompagnements du gouvernement ont bien fonctionné. Les paysans locaux ont également commencé à comprendre l'importance des terres humides. En effet, les habitants de Lhassa ont une sensibilité particulière pour la protection de l'environnement. C'est ce que j'ai ressenti lorsque j'étais là-bas.
Par exemple, on trouve rarement de sacs plastiques dans la ville de Lhassa. Dans les supermarchés, on vous donne gratuitement un sac en toile. Quant aux petits commerçants, ils vous donnent un sac en tissu quand vous faites un achat important, c'est-à-dire au-delà de 100 yuans, sinon, ils vous conseilleront de mettre vos articles dans votre propre sac. Mme Zhao Yingzhuo, vendeuse d'une boutique de souvenirs dans la rue Yutuo nous a d'ailleurs dit :
« Ça fait plus de dix ans que nous proposons des sacs en tissu aux clients, parce que le sac en tissu est plus pratique pour eux et qu'ils pourront le réutiliser plus tard, lorsqu'ils font des achats au marché. Moi, j'ai l'habitude de préparer un sac comme ça avant d'aller faire mes courses au supermarché. »
Le sac en tissu pour les clients
En 2007, la région autonome du Tibet a mis fin à l'utilisation des sacs plastiques. Une première en Chine. Selon le directeur du Bureau de protection de l'environnement du Tibet M. Zhang Yongze, l'environnement est vital pour cette région en haute altitude, parce qu'une fois polluée, il sera alors cent fois voire mille fois plus difficile de rétablir un environnement sain que cela ne le serait dans le reste de la Chine.
Zhang Yongze se souvenait encore des ravages causés par l'exploitation de l'or au bord du fleuve Bonna Tsangpo. C'était en 2004. Sur une distance de 18,5 km du fleuve Bonna Tsangpo, il y avait plus de 2000 personnes et 100 bateaux. Leur exploitation sauvage avait transforméé et déformé le lit de la rivière.
Au premier janvier 2006, toutes les entreprises d'exploitation de l'or alluvial ont été fermées. En effet, ces dernières années, le Tibet a appliqué un système de normes environnementales strict d'accès en ce qui concerne les entreprises à haute consommation d'énergie et hautement polluantes. Dans le même temps, il a activement généralisé les projets de substitution des chauffages au bois par des fours utilisant l'énergie solaire et le méthane comme combustibles dans les régions agricoles et pastorales.
Malheureusement la production d'électricité reste encore insuffisante au Tibet. Même Lhassa en souffre en hiver. Des entreprises doivent être fermées temporairement à la fin de la saison afin que les habitants puissent s'éclairer et se chauffer. Dans ce domaine, Zhang Yongze a réitéré l'importance de l'exploitation des ressources hydrauliques.
« Certains craignent que le Tibet développe trop les centrales hydrauliques. Ils ne connaissent pas la réalité du Tibet. En effet, la capacité déjà implantée de l'ensemble des centrales représente un million de kilowatt. Mais le potentiel hydraulique dispose d'une capacité de 200 millions de kilowatt. On est loin d'avoir franchi la ligne rouge de la surexploitation. »
Bien sûr, le Tibet ne va pas construire massivement des centrales hydrauliques. Tous les grands travaux doivent être bien étudiés avant d'être lancés. En 2006, le Tibet a fondé un groupe de dirigeants pour le « plan de protection et de construction de l'écran national de sécurité écologique du haut plateau du Tibet » et a invité des experts de la Fondation nationale de la nature et de l'Administration nationale de la météorologie pour mener des études dans la région, ce qui leur a permis d'élaborer un plan écologique.
Selon Zhang Yongze, directeur du Bureau de protection de l'environnement de la région, le gouvernement central accorde une grande importance à la protection de l'environnement au Tibet et investira entre 2006 et 2030, 10 milliards de yuans pour l'application du plan écologique. Que signifie « écran de sécurité écologique de la Chine » ? Pourquoi le statut écologique du Tibet est-il si important ? Zhang Yongze nous répond :
« Grâce à l'Everest et le plateau du Qinghai-Tibet, les courants atmosphériques provenant de l'océan indien et de l'océan pacifique coexistent sur la vaste plaine du delta du Yangtsé, qui se trouve dans l'Est du pays. Cette région, comprenant les provinces du Zhejiang et du Jiangsu abonde en riz et en poissons, grâce aux bonnes conditions climatiques. Mais regardons des régions sur la même latitude en Afrique, c'est le désert. On peut dire que sans le plateau du Qinghai-Tibet, il n'y aurait pas la région du delta du Yangtsé, riche et dynamique.»
Mais le changement climatique globale a une influence négative sur le Tibet. La fonte des glaciers et l'élévation du seuil des neiges éternelles en sont la preuve. Selon Zhang Yongze, la sauvegarde de l'environnement du Tibet est sa principale préoccupation, mais la protection de la Terre, de ce grand environnement est la préoccupation de tous les terriens.