Mon carnet de voyage en Chine par Ousmane Mangane, du Sénégal

2018-07-17 14:44:21
Share
Share this with Close
Messenger Messenger Pinterest LinkedIn WeChat

Mon carnet de voyage en Chine par Ousmane Mangane, du Sénégal

Mon premier voyage en Chine est très riche en enseignement. C’est un grand livre ouvert avec beaucoup de pages importantes, qui me font réfléchir à longueur de journée. La Chine est très vaste et multiethnique. La grandeur du pays est visible dès le premier coup d’œil avec ses infrastructures incalculables et impressionnantes. Elle est partie de loin avant d’atteindre ce niveau de développement exceptionnel.

Sous un autre registre, l’accueil qui nous a été réservé est très remarquable et chaleureux. J’ai commencé à me familiariser avec certains Chinois dès les premiers jours. Ma rencontre avec mon ami Yu Chen, technicien à Radio Chine Internationale m’a laissé des souvenirs intarissables. On avait travaillé ensemble à Dakar, il y a de cela cinq ans. Mon arrivée à Beijing coïncide avec les premiers matches de la Coupe du monde de football. Il m’a invité dans un restaurant pour dîner ensemble le jour du premier match du Sénégal. J’ai fait la connaissance de Feifei CAI, journaliste dans la même boîte. Elle est très sympathique. On a discuté d’une future mission de reportages dans le sud-est de la Chine. Les plats du jour sont pimentés et propres à la région sud-est de la Chine. J’ai découvert ultérieurement cette partie.

La même nuit, presque tous les journalistes chinois ayant séjourné à  Dakar durant leur service se sont retrouvés dans un autre endroit pour suivre ensemble le match du Sénégal contre la Pologne. Ils ont tous jubilés après la victoire des lions. C’était aussi une occasion pour plusieurs d’entre eux d’évoquer des souvenirs de Dakar. J’ai retrouvé à cette occasion Tai Xueqing, ancienne représentante de RCI à Dakar.

On a eu à travailler ensemble pendant quatre ans. D’autres visages me sont familiers à savoir celui de Wang, ancien représentant de Xinhua ou Chine Nouvelle, ou de Sisi, ancienne correspondante de CCTV au Sénégal.

Le sport nous a ouvert les portes de la culture. Mon séjour à Beijing m’a permis de visiter des sites historiques, des musées, des places qui retracent l’histoire de ce grand pays.

En marge de la formation organisée par la CRTV, une entreprise spécialisée dans l’audiovisuel, une visite au Musée de Pékin a été organisée par les officiels. J’ai eu un grand débat avec mes amis africains de la délégation, particulièrement les deux autres sénégalais du groupe à savoir Moustapha Cissé et Pathé Thiam, techniciens de la Radio Télédiffusion Sénégalaise (RTS). Le premier constate que certaines facettes de la culture chinoise sont comparables à celle des Djolas au sud du Sénégal. On a beaucoup échangé sur le modèle de développement des pays asiatiques plus particulièrement de la Chine. On ne peut pas se développer en tournant le dos à sa propre culture. C’était la conclusion de la discussion. La visite guidée nous a permis de revisiter d’importantes séquences de l’histoire de la Chine. La richesse et la diversité culturelles de la Chine sont visibles à travers ce musée. L’autre site qui porte l’empreinte totalement chinoise, c’est la Grande Muraille de Chine. « Le symbole de la nation chinoise est la Grande Muraille, ressemblant à un dragon géant, s’envolant de la mer de Bohai vers l’ouest, traversant des monts, d’immenses steppes et de vastes déserts pour atterrir au pied du mont Tianshan aux neiges éternelles. Elle fait partie des huit merveilles du monde. Commencée au 9e siècle avant J.C., sa construction a été effectuée pour lutter contre la pression des peuples venus du nord. La Grande Muraille fait 50 000 km de long. » je cite un extrait d’une communication du professeur Kalidou Diallo l’année dernière lors d’une prestation d’une troupe artistique de la République populaire de Chine à Dakar.

Mon carnet de voyage en Chine par Ousmane Mangane, du Sénégal

Les touristes viennent de tous les coins du monde pour visiter la Grande Muraille. J’ai eu l’occasion de tester mes capacités physiques en escaladant les escaliers de cette œuvre monumentale sur une distance bien déterminée. Je suis arrivé à bon port comme bon nombres de notre délégation. Dans la culture chinoise, on dit que si tu parviens à monter jusqu’au bout, tu es un vrai homme.

L’étape de la province du Henan est aussi riche en enseignement. Notre voyage nous a conduits aux grottes de Longmen, situées à 6 km de Luoyang City. Le site historique est logé sur des montagnes au bord d’un paisible fleuve. En 2000, les grottes sont inscrites à la liste du patrimoine mondial par l’Unesco. La Chine est riche d’une histoire cinq fois millénaire. Toute l’histoire est écrite. Le musée national basé à Anyang City est consacré à l’évolution des écritures chinoises. Selon notre guide, Fu Ping, le musée a été créé en 2007. Et il fonctionne depuis 2009. Le musée d’Anyang nous renseigne aussi sur le système social, les rois, et les formes de gouvernance.

Ce qui a attiré mon attention, ce sont les petits volontaires de l’école élémentaire qui font office de guides. Ils interprètent les objets exposés avec finesse. C’est un élément non négligeable, car les plus petits sont initiés dans le but de bien connaître leur histoire.

La ville d’Anyang m’a aussi marquée sous un autre angle. Nous avons assisté à la célébration d’un mariage. Le rituel traditionnel est très proche dans une certaine mesure à un mariage Maure du Sénégal Les « coups de canon fictifs » sont identiques. Sur le plan religieux, nous avons eu l’occasion avec des amis musulmans de notre délégation de prier à la mythique mosquée de Beijing. Il s’agit de Moustapha Cisse, Pathé Thaim du Sénégal, de Kane de la Gambie,d’Emad, et de Zaid de la Palestine. C’était la ferveur religieuse dans ce lieu de culte. J’ai rencontré un Malaisien, un Egyptien et un Australien. Ils sont venus sympathiser avec nous après la prière.

Mon périple en Chine m’a permis de voyager en train à plusieurs reprises. La Chine, c’est aussi une population de moyenne aisance importante, qui se développe de plus en plus même au niveau des villages. L’exemple le plus marquant est le village Jiangcun, dans la ville de Dexing dans la province du Jiangxi. La localité est développée grâce à une coopérative initiée et dirigée par un jeune du village, Mr Wang. Il est aussi le représentant local du PCC. Il a regroupé les habitants autour de la culture du thé. Les revenus ont augmenté. Les bénéficiaires habitent dans des constructions modernes à l’image des citadins. J’ai eu l’occasion de rencontrer le maire de Dexing. Selon lui, c’est ce type de village que la Chine entend construire pour atteindre les objectifs de développement global. On note que depuis cinq ans, près de 70 millions de chinois ont été sortis de la pauvreté avec un modèle de développement basé sur le socialisme à la chinoise. Un autre village qui a aussi attiré mon attention, c’est Huangling, toujours dans la province du Jiangxi.

Mon carnet de voyage en Chine par Ousmane Mangane, du Sénégal

Le site historique a été fondé, il y’a cinq siècles sous la dynastie des ming. Ce village situé sur une montagne était menacée par l’ancienneté des bâtiments. C’est une société de la place qui a récupéré le site historique pour développer le tourisme. Elle a rénové les bâtiments et certains sont transformés en chambres d’hôtel avec une symbiose de style entre le traditionnel et le moderne. Ce qui enchante les plus nostalgiques. Dans l’exécution de son programme, le promoteur a relogé tous les habitants en zone plate. Une centaine de maisons dont vingt pour des retraités ont été construites. La société a fait mieux en employant les jeunes du village au niveau du site touristique. Une manière de lutter contre l’exode rural. Nous avons rencontré Mme Tao. Cette dernière après ses études universitaires en e-commerce est revenue au village pour travailler comme guide touristique. Elle gagne actuellement paisiblement sa vie à côté de sa famille. La particularité du village de Huangling, c’est aussi le transport en téléphérique. La distance entre la montagne et la zone normale est de 1200m avec une hauteur maximale de 500m en altitude. La durée du trajet de 10 minutes. Chaque personne désirant prendre ce moyen de transport lors de sa visite doit débourser 145 yuan (moins de 20 euros). Dans ce village, les produits céréaliers après la récolte sont exposés au soleil sur des toits. Ce qui donne une belle vue aérienne et colore le village à l’image des fleurs de colza au printemps. C’est une des particularités de ce village. Huangling est en or pendant cette période, les touristes aiment venir observer et admirer ce paysage. L’exposition des produits céréaliers me rappelle mon village, Labgar au Sénégal. C’est la même pratique pour conserver longtemps les récoltes champêtres.

Je termine par là où je devrais commencer : les médias. La Chine dispose d’un réseau impressionnant de radio et de télévision. En dehors des médias publics connus sur le plan international à savoir CCTV, CRI, Xinhua, toutes les provinces disposent de radios et de télévisions. La technique de haute pointe utilisée au niveau des médias impressionne beaucoup les visiteurs. Il faut noter que la Chine dispose d’entreprises spécialisées dans la construction d’équipements de radios et de télévisions à savoir Tongfang, Dayang technology, Beijing electronics et autres.

La Chine est inépuisable. Ecrire sur la Chine, c’est de disserter à longueur de journée. C’est un séjour qui m’a beaucoup marqué sur plusieurs plans. J’ai appris beaucoup de choses durant ce périple.

 

Ousmane Mangane

Journaliste

Radio Chine Internationale

Bureau Sénégal

Mon carnet de voyage en Chine par Ousmane Mangane, du Sénégal


Partager

Articles les plus lus